En Tunisie, comme partout dans le monde, la campagne de vaccination contre la grippe a déjà démarré depuis quelques semaines. Or, d’après des sources proches du ministère de la Santé, les Tunisiens ne semblent pas très chauds pour se faire vacciner malgré les efforts de sensibilisation des parties concernées. Pourquoi l’engouement pour les vaccins a-t-il baissé ? Les raisons sont multiples…
Il y a lieu de rappeler, en premier lieu que la vaccination contre la grippe saisonnière se déroule, généralement, de la mi- octobre jusqu’à la fin du mois de janvier.
Chaque année, l’OMS publie sur son site internet ses recommandations pour la composition des vaccins diffusés dans les hémisphères nord et sud. Les recommandations faites pour la saison grippale suivante (hiver) se basent sur la caractérisation des souches qui circulent dans l’autre hémisphère durant la saison courante : ainsi fin septembre 2023, l’OMS, sur la base des observations au démarrage de la saison grippale de l’hiver 2023-2024 de l’hémisphère nord, a publié ses recommandations pour la saison grippale de l’hiver 2024 de l’hémisphère sud et permettra quant à elle la publication des recommandations pour l’hiver de l’hémisphère nord).
Ce système vise à détecter l’apparition et/ou la propagation de nouvelles souches et variantes, qui seront susceptibles d’infecter un plus grand nombre de personnes (car n’ayant pas encore été en contact avec les nouveaux antigènes), et sur le fait que chacun des deux hémisphères joue le rôle de réservoir infectieux pour l’autre hémisphère, pendant son été (période de quasi absence de circulation du virus dans la population).
En Tunisie, la campagne a débuté au mois d’octobre sans faire trop de bruit, et elle ne semble pas connaître le succès attendu. D’après les hauts responsables de l’ordre des pharmaciens de Tunisie, près de la moitié des vaccins contre la grippe saisonnière a été importée et la quantité est disponible et a été distribuée au niveau des pharmacies dès l’annonce par le ministère de la Santé du démarrage du la campagne de vaccination.
La même source a précisé que la Tunisie a programmé l’importation de près de 300.000 doses de vaccin contre la grippe saisonnière, dont la moitié a été acquise et le reste de la quantité le sera dans les jours qui viennent selon le niveau de la demande.
Le choix de la date de démarrage de la campagne de vaccination est effectué selon des normes scientifiques pour une meilleure efficacité du vaccin lors de l’épidémie de la grippe en hiver, d’autant plus que le froid a mis du temps pour s’installer et le temps hivernal ne s’est pas encore imposé pour voir le niveau des atteintes par la grippe grimper.
Pour cette année, la vaccination anti-grippe s’accompagne par une autre campagne, beaucoup plus timide, celle du vaccin anti-Covid, conseillé surtout pour les personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques.
Or, malgré les efforts de sensibilisation, qui demeurent toutefois limités avec quelques spots qui tardent à passer dans les médias, la saison de vaccination peine à démarrer malgré la disponibilité en grandes quantités, du vaccin dans sa nouvelle version.
D’une part, tout ce qui se dit à propos des vaccins anti-Covid n’encourage pas les gens à se bousculer pour se faire vacciner. La liste des effets secondaires engendrés par le vaccin, même si quelques uns ne sont pas scientifiquement prouvés, rendent les citoyens plus craintifs et plus prudents, s’agissant de la grippe et du Covid, dont les virus se ressemblent à plus d’un titre.
D’autre part, le prix fixé pour le vaccin antigrippe décourage pas mal de gens. Fixé à 47 dinars, il n’est pas à la portée de tout le monde, surtout pour les familles nombreuses. Il y a cinq ans, ce même vaccin se vendait à moins de dix dinars et les Tunisiens n’arrivent pas à comprendre les raisons d’une telle hausse du prix.
De même, le fait que la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) ne rembourse pas les frais de ce vaccin est venu confirmer la faible disposition des citoyens à acquérir ce vaccin sans remboursement alors que certaines compagnies d’assurance maladie tergiversent également sur ce sujet et ne le remboursent qu’en partie.
Malgré ces contraintes, et avec l’imminente arrivée du froid et de l’hiver en ce mois de décembre, le vaccin anti-grippe demeure tout de même le seul moyen d’empêcher une large propagation d’une épidémie qui s’avère, dans certains cas, dangereuse surtout pour les personnes âgées.
De même, un plus grand effort de la part des grandes entreprises publiques et privées pour faire bénéficier leurs fonctionnaires et ouvriers de cette vaccination, même en partie, serait souhaitable pour éviter les longs congés de maladie et pour mieux préserver leur capital humain.
Kamel ZAIEM