Vivre aux côtés de quelqu’un atteint d’Alzheimer est une épreuve des plus difficiles, où la mémoire s’effrite lentement, où les repères temporels se confondent, et où le passé se mêle insidieusement au présent. Mais l’Alzheimer ne se cantonne pas à cette érosion de la mémoire. Il s’insinue dans tous les aspects de la vie, déclenchant des conséquences parfois méconnues, mais tout aussi dévastatrices. Parmi elles, les troubles alimentaires émergent comme des symptômes cruciaux, affectant la santé physique et mentale des personnes touchées.
La spécialiste des maladies liées au vieillissement, Afef Hammami, a indiqué , le 25 février 2024 dans une déclaration accordée a l’agence TSAP, que la plupart des patients atteints d’Alzheimer souffrent, aux stades avancés de la maladie, de troubles alimentaires, se manifestant notamment par une perte d’appétit ou une voracité due à des dysfonctionnements cérébraux.
Troubles Alimentaires chez 60-70 % des patients
Afef Hammami a précisé que les statistiques ou études scientifiques à ce sujet au niveau national ne sont pas disponibles, tandis que des études scientifiques mondiales indiquent que entre 60 et 70 % des patients atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé souffrent de troubles alimentaires. Et d’ajouter que ces troubles sont particulièrement détectés à travers des changements de poids soudains, soit une perte ou un gain de poids, soulignant que les causes résident dans les changements qui surviennent dans le cerveau en relation avec la progression de la maladie. Il existe dans le cerveau une cellule qui contrôle l’appétit, et sa perte ou son dysfonctionnement entraîne des modifications dans l’appétit du patient atteint de la maladie d’Alzheimer.
La spécialiste a affirmé que le patient à un stade avancé de la maladie perd la coordination des mouvements, ce qui lui cause des difficultés à comprendre la manière de manger ou de prendre les médicaments pour les maladies chroniques qui contrôlent l’appétit. Elle a ajouté que d’autres facteurs peuvent être d’ordre psychologique, tels que la dépression, ce qui entraîne une perte d’appétit.
Elle a souligné la nécessité de suivre des mesures préventives, notamment en assurant une bonne qualité de vie et en évitant la perte de poids pour réduire la fonte musculaire, prévenir les inflammations et combattre la déshydratation causée par le manque de sensation de soif. Elle a également ajouté que parmi les mesures préventives figure le fait de vivre dans un environnement calme, loin du bruit et des perturbations, et de contrôler la qualité de la nourriture ainsi que la manière de la présenter.
Symptômes et facteurs
Selon l’Institut de Pasteur les premiers symptômes de la maladie se manifestent par une perte d’autonomie, progressant insidieusement sur les activités quotidiennes au fil de plusieurs années.
Au fur et à mesure que la démence s’installe, des manifestations spécifiques se dessinent :À un stade léger, une portion de la zone cérébrale dédiée à la mémoire à court terme est affectée. Les oublis, en apparence anodins, comme la perte d’objets, prennent de l’ampleur avec le temps.
Au stade modéré, diverses régions cérébrales succombent, entraînant une perte graduelle d’autonomie. Reconnaître les proches et accomplir des tâches simples devient un défi quotidien.
En atteignant le stade sévère, les lésions cérébrales prolifèrent, provoquant une amnésie totale et une quasi-perte d’autonomie pour les gestes de la vie courante. La personne peut se perdre, rencontrer des difficultés pour des gestes élémentaires, et développer des troubles du langage.
L’institut susmentionné a énumère les facteurs de cette maladie. L’âge, en tant que plus grand facteur de risque de démence, ne signifie pas pour autant une inéluctabilité de cette maladie liée au vieillissement. Il est essentiel de souligner que la démence ne se limite pas aux personnes âgées, avec une manifestation précoce représentant jusqu’à 9 % des cas, définie par l’apparition des symptômes avant l’âge de 65 ans.
Du côté génétique, plusieurs gènes, incluant ceux impliqués dans le métabolisme du peptide amyloïde, l’inflammation, et la communication neuronale, sont associés à une sensibilité accrue à la maladie. À l’inverse, certains gènes semblent exercer un rôle protecteur.
Concernant l’environnement, La maladie pourrait être favorisée chez les personnes sédentaires, ayant subi des anesthésies répétées, ou exposées à des facteurs de risque cardiovasculaires non pris en charge (diabète, hypertension…). Il existe une « réserve cognitive », face à l’inéluctable, sur laquelle l’environnement a un impact positif. Ainsi, la fonction des neurones perdus serait compensée en stimulant le cerveau et l’apparition des premiers symptômes et/ou leur sévérité retardés par la poursuite d’études, par une activité professionnelle stimulante, ou encore par une vie sociale active…, lit-on dans le site officiel de l’institut.
Ghada DHAOUADI