Une double soirée musicale a enchanté le public fidèle du Festival international de Hammamet dans la soirée du 23 juillet 2024. L’alternatif, les sonorités recherchées, les répertoires riches ont foisonné d’un artiste à un autre, créant des mélodies d’un autre continent et d’une autre culture. Le Liban était en effet à l’honneur avec le duo Bedouin Burger, suivie de la chanteuse non moins connue de la scène alternative arabe Tania Saleh.
À 22h tapante, un duo de virtuoses formé par la syrienne Lynn Adib, et le libanais Zeid Hamdan s’est emparé de la scène, provoquant la joie du public, tout excité à l’idée de les voir sur scène. Présence magnétique, voix féminine, et musique mélodieuse n’ont pas tardé à foisonner. « Bedouin Burger», tel est leur nom de scène, qui est révélateur d’une musique venue d’un autre espace / temps. Des sonorités d’antan, qui ont traversé guerres, histoire, désert pour se faire entendre dans l’enceinte de l’amphithéâtre de la ville.
Leur répertoire, tantôt engagé tantôt légèrement divertissant et dansant, fait échos chez les mélomanes connaisseurs. Les stars phares de la soirée ont pris part à ce concert, annoncé en deux parties. Pendant presque 1h, Adib et Hamdan, dans une fusion scénique inégalée, ont fait connaître la musique bédouine et l’héritage musical nomade, saupoudré de sonorités modernes, de jazz et de poésie arabe poignante. Une musique qui a comme fond sonore la richesse andalouse, égyptienne, syrienne, libanaise ou encore yéménite. Zeid Hamdan, étant d’origine yéménite, n’a pas hésité à faire un clin d’œil à ces racines et aux affres de l’époque qui heurtent sans cesse les peuples meurtris par les guerres et les affrontements. « Nomad », présentée tout en douceur à leur public tunisien, est sorti très récemment. Elle chante l’universalisme, prône un vivre-ensemble, fait l’éloge de la paix et de l’amour.
De cet album garni ont surgi des morceaux électrisants tels que « Harir », « Taht el Ward ». Une dizaine de chansons qui ont clôturé la première partie. « Bedouin Burger » cède la scène à une artiste hors-pair, très enchantée à l’idée de se produire sur la scène de Hammamet pour la première fois. C’est comme un désir persistant qui s’est concrétisé ce soir pendant plus d’un 1h30 pour la sublimissime Tania Saleh. Vêtue d’une robe noire, tout en sobriété, démarches et mouvements maîtrisés, la chanteuse fait une accolade (pas tactile) à son public. Une générosité qui conquit à l’unanimité et laisse sans voix. Toujours en interagissant et en ponctuant son répertoire de déclarations d’amour et d’anecdotes douces, Tania Saleh touche en profondeur par son talent, sa voix et sa personnalité attachante.
Ayant à son actif une carrière florissante, faite de compositions et de bandes originales de films dont ceux de Nadine Labaki, l’artiste a été reconnaissante à l’égard de l’équipe du FIH, qui a pris la peine de la programmer cet été, faisant de ce moment, une parenthèse magique. L’artiste libanaise revisite l’ancien répertoire, et le traditionnel plus précisément, en le dépoussiérant, et en le rendant accessible à une jeunesse ultra-connectée et ouverte sur le monde. Une jeunesse difficile à satisfaire, mais qui reste sensible à l’engagement et à la création, dans son renouveau.
Tania Saleh, connue pour son tube « Al Ozone », sorti en 1997 lui a ouvert l’univers de la production musicale. La chanteuse était entourée de musiciens connus comme le tunisien Ghassen Fendri à la guitare et machines, Mohamed Najem, ney et clarinettes, Edouard Feuvrier (à la batterie) et Christophe Borilla à L’E – Bass. Dans un rythme qui berce et épouse l’atmosphère unique de l’endroit, quelques chansons ont retenti telles que « Farihan », « Résistance » ou « Fi Balad ». L’interaction était à son comble. Pour la soirée suivante, retour aux fondements du FIH en découvrant une pièce de théâtre intitulée «Toxic Paradise) ou « El Bakhara » de Sadak Trabels.
Photos Berrazagua