Par Slim BEN YOUSSEF
Doit-on craindre ce nouveau variant du virus Mpox, dont la récente propagation commence sérieusement à inquiéter le monde ? Nous avons hérité, après le Covid, de formes de peurs que nous avons perpétuées dans un concentré de traumatismes. Des traumatismes qui régénèrent une terreur ancienne face à une éventuelle nouvelle sombre guerre contre un nouvel ennemi invisible. Cela va de soi. Mais nous avons hérité aussi d’autres tournures de peurs que nous formulons, de manière plus ou moins exagérée, sous forme de visions apocalyptiques. Marche destructrice du progrès, sombres desseins de la science, appétits insatiables des lobbies pharmaceutiques, plan diabolique de tel ou tel pays… les théories de complot, plus ou moins pittoresques, ne manquent pas. N’empêche, nous avons développé, par-dessus tout, une forme de résistance, ou du moins de résilience, face aux nouveaux-anciens « fléaux » de notre monde qui se succèdent mais qui ne se ressemblent pas.
En tout cas, il faut croire sur parole l’OMS si elle nous dit qu’il y a urgence mondiale. Certes, malgré le traumatisme, l’on demeure toujours astreint aux vieux paradoxes : découvrir d’abord ce qu’on voit, agir ensuite en conséquence. Mais on ne va certainement pas badiner avec cette alerte, d’autant plus que la dernière fois que l’agence onusienne avait décrété ce type de branle-bas international, c’était fin janvier 2020. Et il est inutile de rappeler ce qu’il s’était passé au cours des mois suivants.
La bonne nouvelle, c’est que le ministère de la Santé s’est mis, d’ores et déjà, en ordre de bataille. Il prend les devants et nous somme de ne pas nous affoler, pour l’instant. Le cas échéant, il nous donnera ses directives. Il est important de faire confiance à nos autorités sanitaires, parce qu’elles sont parmi les plus compétentes au monde. Voilà qui est dit.
Au reste, il faut veiller à soigner le traitement médiatique de cette menace mondiale naissante, en faisant très attention à la nomenclature. L’OMS a certainement raison lorsqu’elle a changé le nom de ce virus désormais appelé « Mpox » au lieu de « variole du singe ». Triste appellation « stigmatisante » envers ces animaux – horrible manie humaine !– mais qui porte aussi une insinuation infâme de caractère raciste envers l’Afrique subsaharienne, sur qui des personnes abjectes rejettent la « faute » de la propagation du virus. En dehors du racisme ignoble qui ronge notre humanité, les singes, ces créatures, si douces, si amusantes et si intelligentes, et qui nous ressemblent tant – ou est-ce l’inverse ? – méritent aussi tout notre respect. On doit des excuses aux singes.