Les indicateurs économiques affichent des signes de reprise modeste. Le reste de l’année en cours sera marqué par une période électorale qui met l’économie sur pause. Les défis sont de taille. Plusieurs dossiers économiques nécessitent le passage à l’action. A ce propos, l’expert-comptable, Rami Rgaieg a fait part au Temps de son analyse en ce qui concerne le contexte économique national et le taux directeur de la BCT qui demeure inchangé jusqu’à présent.
Comment évaluez-vous le contexte économique national pour le reste de l’année en cours ? qu’est-ce que vous recommandez ?
En 2024, la Tunisie traverse une période économique complexe. Voici un résumé des principales tendances économiques du pays :
Croissance économique faible : La croissance du PIB en volume est faible, avec une augmentation de seulement 1,0 % sur un an au deuxième trimestre 2024, bien que ce chiffre montre une amélioration par rapport au premier trimestre. La croissance trimestrielle est modeste, avec une progression de 0,2 % par rapport au trimestre précédent. Globalement, la croissance pour le premier semestre 2024 est de 0,6 %, et le PIB n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la crise sanitaire de 2019.
Taux de chômage élevé : Le taux de chômage est élevé mais en légère diminution. Au deuxième trimestre 2024, il s’établit à 16,0 %, en baisse par rapport à 16,2 % au trimestre précédent. Le chômage reste stable pour les hommes mais continue de diminuer légèrement pour les femmes, avec un taux de 21,3% contre 22,0 % au trimestre précédent.
Ces éléments montrent des signes de légère amélioration, mais témoignent également des défis persistants pour l’économie tunisienne.
Afin d’améliorer le climat économique de la Tunisie en 2024, voici quelques recommandations concrètes :
Accélérer les réformes économiques :
- Simplifier les procédures administratives : Réduire la bureaucratie et améliorer l’efficacité des services publics pour faciliter la création et le développement des entreprises.
- Renforcer la transparence : Mettre en place des mécanismes pour lutter contre la corruption et améliorer la transparence dans les transactions publiques.
- Améliorer l’environnement des affaires : Mettre en œuvre des réformes pour créer un cadre réglementaire favorable aux investissements, notamment en réduisant les obstacles à l’entrée sur le marché.
Encourager l’innovation et l’entrepreneuriat :
- Incitations fiscales : Offrir des réductions fiscales ou des crédits d’impôt pour les entreprises qui investissent dans la recherche et le développement.
- Faciliter l’accès au crédit : Mettre en place des mécanismes pour aider les start-ups et les PME à obtenir des financements, comme des garanties de prêt ou des subventions.
- Investir dans l’éducation et la formation : Développer des programmes de formation pour améliorer les compétences des travailleurs et favoriser l’émergence de nouveaux entrepreneurs.
Engager les partenaires internationaux :
- Coopération avec les institutions financières internationales : Négocier des accords avec des organisations comme le FMI ou la Banque mondiale pour obtenir des fonds et un soutien technique.
- Renforcer les partenariats bilatéraux : Établir des collaborations avec des pays ayant des intérêts économiques communs pour bénéficier de leur expertise et de leurs investissements.
En mettant en œuvre ces recommandations, la Tunisie pourra espérer stabiliser son économie et créer des conditions propices à une croissance durable à long terme.
Après la baisse du taux directeur de plusieurs banques centrales internationales, la BCT baissera-t-elle son taux directeur dans les semaines prochaines ?
Je pense que la Banque Centrale de Tunisie (BCT) pourrait envisager de baisser son taux directeur pour plusieurs raisons :
Dynamique mondiale des taux directeurs : Certains pays ont commencé à réduire leurs taux directeurs en réponse à diverses dynamiques économiques. Par exemple, le Royaume-Uni a abaissé son taux à 5 %, un niveau record depuis 16 ans, suite à une stabilisation de l’inflation. Par ailleurs, la réserve fédérale des États-Unis a maintenu ses taux stables, tout en laissant la possibilité d’une réduction si les conditions économiques le permettent.
Contexte local en Tunisie : En juillet 2024, le taux d’inflation en Tunisie a diminué pour atteindre 7%, tandis que le taux directeur reste élevé à 8 %. Cette situation crée un décalage qui pourrait justifier une baisse du taux directeur.
Soutien à l’économie : Réduire le taux directeur permettrait de soutenir davantage l’économie en rendant le crédit moins coûteux.
Stimulation de l’investissement : Une réduction des taux d’intérêt encouragerait les entreprises à emprunter et à investir, ce qui stimulerait l’activité économique et favoriserait la création d’emplois.
Quel impact du TMM sur le secteur immobilier en particulier ?
Le secteur immobilier a reculé de 3,5 % au deuxième trimestre 2024, en raison d’une politique monétaire prudente qui a entraîné une hausse significative du taux d’intérêt directeur.
Un TMM élevé rend les emprunts plus coûteux pour les acheteurs, ce qui peut freiner la demande de biens immobiliers, en particulier pour les ménages dépendant du financement bancaire. Cette baisse de la demande pour l’achat peut également rendre l’accès à la propriété plus difficile, augmentant ainsi la demande locative et exerçant une pression à la hausse sur les loyers.
En résumé, le TMM joue un rôle déterminant dans la dynamique du secteur immobilier en Tunisie, influençant l’accessibilité au crédit, les prix de l’immobilier et les décisions d’investissement. Pour stimuler durablement les investissements dans ce secteur, une baisse du TMM serait nécessaire, ce qui permettrait de réactiver le marché immobilier.
Propos recueillis par Khouloud AMRAOUI