Alors qu’on tablait avec beaucoup de d’espoir et un soupçon de présomption sur une année scolaire tranquille nous faisant oublier les violences, voies de faits, agressions au sein et/ou aux environs des institutions éducatives les ayant émaillées pratiquement au quotidien les années précédentes, voilà que la terrible nouvelle-catastrophe de nous parvenir du lycée Taha Hassine de Mégrine.
Une ville réputée par son calme et habitée par une population d’un niveau de vie assez élevé pour ne pas dire huppé. Tous cela pour souligner qu’on est loin des cités et autres quartiers des bas-fonds foisonnant théoriquement de délinquants, de malfrats. Un ado poignardé à mort devant son collège par deux autres élèves du même âge en voulant voler courageusement à la rescousse de sa camarade importunée par ces deux gosses dont un suivant ses études dans une école privée de la place.
Un drame qui mit un terme définitif à sa courte vie alors qu’il s’apprêtait à entamer sa première journée de quête du savoir dans la perspective de réaliser ses rêves, les rêves de ses parents ayant tout mis en œuvre pour lui assurer un avenir radieux : médecin, avocat, pilote, enseignant, diplomate, ingénieur, etc, leur faisant oublier à l’arrivée les durs sacrifices, les amères privations, les lourds et perpétuels endettements consentis de bon cœur sans jamais rechigner à la besogne. Leur unique objectif étant d’être fiers d’avoir accompli avec panache et réussite leur mission une fois le chérubin ayant décroché la grosse timbale et devenu une personnalité respectable, productive au sein d la société.
A l’arrivée, trois camps endeuillés, celui de la victime mais également ceux des agresseurs. Un geste stupide mais aux conséquences tellement graves annihilant les attentes de trois familles et les plongeant irrémédiablement dans le malheur.
Recommandations d’une mère indigne
La mode actuellement est aux réseaux sociaux. Ils sont devenus le moteur essentiel de toutes les actions, de tous les projets, de toutes les initiatives dans tous les domaines. Une néo-technologie de pointe utilisée par tout un chacun ; des pages entières sont à la solde des plus offrants pouvant en un rien de temps propulser les fortunés (aux sens propre et figuré) au firmament, et de descendre en flammes à tort ou à raison certaines gens bien ciblées moyennant finances bien entendu. Mais dans le cas de figure, ils nous « gratifièrent »(?)le jour de la rentrée scolaire de singulières recommandations d’une supposée maman (sic) à ses enfants avant leur premier départ à l’école :
Œil pour œil, dent pour dent !
« Si on vous frappe, ripostez par des coups plus violents, si on vous mord, aiguisez vos dents sans pitié sur leur chair, si on vous vole, dérobez-leur leurs biens auxquels ils tiennent le plus. Et si par inadvertance les rapports de forces sont en votre défaveur avec les dés pipés d’emblée, sautez sur les cheveux et y agrippez-vous car de la sorte même un gabarit plus imposant finirait par plier l’échine et mettre genou à terre ! « Encore heureux que ces conseils n’aient pas inclus les enseignants, le cadre administratif dans l’affaire. Oui mais gonflés à bloc, forts des précieuses (?) Recommandations maternelles, les enfants ont-ils la faculté de faire la part des choses ? Pourquoi s’étonner alors des réactions violentes enregistrées jusque-là par des élèves à l’encontre de leurs instits ?
Violences allant de rebellions aux ordres, de vociférations verbales, aux actes de barbarie à l’endroit de leur voiture voire de passage carrément à l’acte avec une correction en bonne et due forme envoyant le pauvre éducateur à l’hôpital. L’on a tous en mémoire la fameuse bastonnade (parmi tant d’autres) essuyée dans sa classe et devant ses élèves par le malheureux professeur au Lycée Ibn Rachiq à Ezzahra l’ayant contraint à un très long séjour aux soins intensifs.
Les parents de la partie
Dans le temps, une punition (copier 100 fois un texte, une phrase), une mauvaise note, une réprimande, une retenue (variant entre 2h et 8h de colle à passer le dimanche au lycée) étaient synonymes d’un véritable tourment pour nous autres élèves. En aviser le paternel était la cata assurée, même si cette sanction n’était pas méritée. La maman et les grands-parents jouaient aux catalyseurs pour nous éviter les dures représailles d’un père furibond ne comprenant pas que son rejeton manque de respect à ses enseignants et/ou ne s’acquitte pas convenablement de ses obligations scolaires. Revirement de 180° pour l’heure : Même une remarque anodine d’un enseignant jugée déplacée par l’élève et c’est l’Hallali garanti. L’un des parents voire les deux de se ruer dans l’enceinte sacrée de l’institution éducative dans le dessein de laver l’honneur du fiston en corrigeant physiquement le supposé fautif(?).
Les exemples ne manquent pas malheureusement sur tout le territoire avec toujours à la clé, arrêt des cours par solidarités des collègues, arrivée dare-dare du Délégué Régional de l’Enseignement rappliquant pour apaiser les tensions et inciter ses subordonnées à reprendre leur classe avec la sempiternelle promesse que la sécurité serait dorénavant assurée et leurs biens protégés. Paroles souvent en l’air du fait de la reprise des hostilités parfois dans les heures…
Combattre la violence depuis la maison
Eradiquer la violence chez nos jeunes et moins jeunes relèves de la responsabilité primordiale des parents. Leur assurer un milieu familial calme, serein loin des turbulences et autres disputes orageuses allant parfois jusqu’aux prises de bec physiques. Le quotidien n’est pas fait d’amour et d’eau de rose l’on y convient. Mais les différents parentaux doivent être résolus derrière des portes fermées et sans élever la voix. Inculquer aux enfants les notions de base de respect d’autrui, de civisme, de bonne conduite. Les inciter à ne jamais proférer les insanités entendues au quotidien dans la rue. Enraciner chez eux l’amour du prochain, des études, des animaux et même de l’environnement. Ne jamais leur donner raison en écoutant leurs doléances et critiques à l’encontre de leurs ainés (oncles, tantes, voisins, enseignants, etc). Filtrer leurs fréquentations. Surveiller ce qu’ils regardent sur leur ordinateur, tablette, smartphone, surtout avec qui ils correspondent ; Les pédophiles et les délinquants foisonnant sur la toile avec de faux profils profitant de façon machiavélique de leur innocence, de leur ingénuité.
Ce n’est que de la sorte qu’on parviendrait peut-être un jour à éradiquer ce virus de la violence qui s’est insidieusement insinué dans les gênes, dans l’ADN de nos rejetons. Mais encore faudrait-il que les géniteurs en donnent l’exemple, ce qui n’est pas une mince affaire avouons-le par ces singuliers temps qui courent hélas….
Pour des rondes dissuasives
Nous savons que les forces de l’ordre font de leur mieux pour veiller au grain et assurer notre sécurité sans discontinuer. Mais il serait louable qu’elles multiplient les rondes de contrôle dans les environs des institutions éducatives avec des passages-descentes dissuasifs au sein des cafés, gargotes, « Hammas » voire marchands à la sauvettes dont certains commercialisent sous manteau toutes sortes de drogues empoisonnant nos enfants, les transformant en bêtes sauvages, inhibant toute retenue de soi et capables d’effectuer toutes sortes d’atrocités sous l’emprise de ces maudits hallucinogènes.
Mohamed Sahbi RAMMAH