La Tunisie vise à assurer sa sécurité alimentaire et à réduire sa dépendance aux importations de produits alimentaires en se concentrant sur l’autosuffisance alimentaire. Un exemple marquant c’est la tenue du deuxième Salon AGROBUSINESS MEDAFRICA 2024 jeudi à Hammamet. Depuis sa création, cette manifestation a gagné en notoriété, augmentant le nombre de sociétés exposantes en même temps que le nombre de visiteurs .Ce rendez-vous, comme le précise Ali Miaoui, directeur du salon, permet aux entreprises de l’industrie alimentaire de présenter leurs produits, d’échanger des idées et d’explorer de nouvelles opportunités commerciales. L’événement réunira tous les acteurs du secteur de l’industrie agroalimentaire tels que les producteurs, les distributeurs, les importateurs, les grossistes, …. et bien d’autres.
Cette deuxième édition , ajoute Férid Tounsi, co-organisateur du salon, constitue une plateforme physique de rencontres entre les opérateurs économiques du secteur agroalimentaire, tunisiens et étrangers, pour le « développement du partenariat gagnant-gagnant dans une logique d’autosuffisance alimentaire tunisienne, africaine et internationale. Ce salon est de retour avec une impulsion renouvelée pour sa deuxième édition, offrant une opportunité inégalée de réunir les leaders du secteur agroalimentaire, tant au niveau national qu’international.. Plus de 200 visiteurs professionnels étrangers sont déjà annoncés venant notamment de l’Europe Méditerranéenne (La France, l’Italie et l’Allemagne) et de l’Afrique (le Nigéria, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Gabon) , du Maghreb notamment l’Algérie et la Libye. Ce salon s’inscrit dans le cadre de l’activation du partenariat entre les secteurs public et privé et du soutien des partenariats internationaux dans les domaines de la production et de l’exportation. Et ce, afin de faire face aux conséquences des changements climatiques sur la souveraineté alimentaire et d’assurer la sécurité alimentaire des populations. Les startups bénéficieront d’une importance particulière lors des activités du Salon, avec un pavillon dédié où elles pourront présenter les dernières solutions technologiques pour accroître la capacité de production dans les conditions climatiques actuelles.
La souveraineté et la sécurité alimentaire en Tunisie
Pour identifier les pistes qui permettront à la Tunisie d’asseoir sa souveraineté alimentaire et de dessiner son propre modèle de développement, une dizaine d’experts se sont succédé à la tribune du congrès .. Le premier forum a abordé le thème de « La souveraineté et la sécurité alimentaire en Afrique : réalité et perspectives ».La Tunisie démontré sa résilience dans le secteur agroalimentaire face aux chocs systémiques et successifs qui ont frappé l’économie du pays de lors de la pandémie, de la guerre en Ukraine et du conflit au Moyen Orient..Mehdi Abid sous directeur chargé de la filière laitière à la direction générale de la production agricole au ministère de l’agriculture des ressources hydraulique et de la pêche a souligné que la balance commerciale alimentaire de la Tunisie a enregistré un excédent de 1.529,7 millions de dinars à fin septembre 2024, comparé à un déficit l’année précédente. Les exportations alimentaires ont augmenté de 31 %, avec des hausses notables pour l’huile d’olive (56 %) et les dattes (25 %).Cependant, il a souligné que les défis en matière de sécurité alimentaire sont principalement dus à une faible productivité, une dépendance aux importations et des variations climatiques. La stratégie nationale se concentre sur l’adoption de techniques agricoles adaptées aux conditions climatiques et sur le renforcement de la recherche et de l’innovation.
Le Président de la chambre de commerce et d’industrie algérienne d’El Tarf a précisé que l’Algérie vise à renforcer sa souveraineté alimentaire, en améliorant ses capacités de production et en encourageant les filières stratégiques agricoles. La crise sanitaire mondiale a montré la nécessité de compter davantage sur les ressources internes du pays et de promouvoir l’autosuffisance alimentaire « Face au stress hydrique endémique qui a frappé tous les pays du Maghreb ces dernières années, en raison du changement climatique, l’Algérie a entrepris plusieurs initiatives pour optimiser l’utilisation de l’eau et améliorer l’efficacité de l’irrigation. Avec la construction de barrages, le développement de techniques d’irrigation goutte-à-goutte et la mise en œuvre de projets de dessalement de l’eau de mer.»
Aslan Berjeb, Président de la CONECT, a précisé que l’innovation peut transformer les défis en opportunités dans le domaine agricole. La Tunisie a de grands atouts malgré les aléas climatiques « La Tunisie doit adopter une agriculture pérenne et intelligente pour assurer sa sécurité alimentaire avec l’utilisation des nouvelles technologies pour l’agriculture de demain : agri-tech, hydroponie, start-up, autant d’axes porteurs pour une agriculture moderne et durable. » Le Président de la CONECT a mis en lumière les avancées de l’agriculture intelligente en Tunisie et de sensibiliser les agriculteurs aux opportunités offertes par ces nouvelles méthodes. « L’adoption de pratiques durables et l’utilisation de technologies vertes sont essentielles pour améliorer l’efficacité et la rentabilité de l’agriculture dans le pays. L’agriculture intelligente offre un potentiel considérable pour la Tunisie. En combinant les technologies avancées et les bonnes pratiques agricoles, elle peut contribuer à améliorer l’efficacité, la productivité et la durabilité du secteur agricole du pays. L’un des principaux avantages de l’agriculture intelligente réside dans son impact sur l’irrigation.. Cela est particulièrement important dans un pays comme la Tunisie, où les ressources en eau sont limitées » .
Aslan Berjeb a mis l’accent sur l’importance de soutenir les jeunes porteurs d’idées, notamment pour réaliser des investissements. Les banques doivent appuyer les idées et ne pas chercher à avoir des garanties réelles. L ’optimisation de l’agriculture est aussi financière et peut aider à maximiser les bénéfices, à minimiser les risques et à garantir la durabilité et la résilience du secteur agricole. La sécurité alimentaire représente un objectif stratégique qui va de pair avec la prospérité de l’agriculteur. Elle devra mobiliser et mettre à disposition toutes les ressources et tous les moyens pour pérenniser l’activité des agriculteurs. Il n’est plus acceptable de produire, à tout-va, n’importe où et n’importe comment.
Kamel BOUAOUINA
Photos Berrazagua