Les taxis clandestins sont partout en Tunisie. Prendre un taxi ou un transporteur clandestin est devenu quasiment pareil pour bien des usagers. Ils stationnent à longueur de journée en attendant d’éventuels clients. Ces taxis improvisés « clandestins » sont partout : dans les différents quartiers, surtout aux abords des stations de transport agréées, des hôpitaux, des marchés, des institutions administratives, etc. Ainsi, dans chaque station de taxis réglementaire s’est greffée une autre « clandestine ». Ce sont carrément des stations parallèles. Là, les clandestins pullulent, proposent à la criée leurs services aux citoyens sans gêne. Plusieurs facteurs expliquent le développement de ce transport informel des passagers.
En premier lieu, l’insuffisance, voire l’absence de moyens de locomotion en commun dans certaines zones de la ville. Certains taxistes refusent de desservir certaines zones de la ville sous prétexte que ces lignes ne sont pas rentables.
Au contraire, les clandestins sont disponibles à toute heure de la journée ou de la nuit. Ces taxis fraudeurs se révèlent d’un grand secours et constituent véritablement une bouée de sauvetage pour certains usagers. Plus que jamais, ce type de transport informel a pris une dimension importante. Les « fraudeurs » forment, aujourd’hui, une activité parallèle, qui ne cesse de croître. Les « clandestins » ne sont plus seulement des chômeurs qui se rabattent sur cette « profession » mais il y a également des salariés et des retraités. C’est pour arrondir les fins de mois, la vie étant très chère.
Et puis, cette activité est bénéfique. Il vous faut juste une moto ou une voiture qui roule et c’est bon pour ces chauffeurs « clandestins » qui attirent une clientèle composée de toutes les catégories sociales. Le président de la Commission du transport auprès de l’Organisation de défense du consommateur (ODC), Montassar Hammi, a annoncé qu’entre 2000 et 2500 faux taxis opéraient en toute illégalité en Tunisie en 2024. Lors de son passage sur Mosaïque fm, il a indiqué que certains citoyens se sont plaints de taximen pour divers problèmes, dont des disputes, des arnaques ou même des braquages. Il s’avérait ensuite que ces conducteurs exploitent des véhicules retirés de la flotte de transport régulier et qu’ils circulent avec de faux permis et, parfois, sans compteurs.
Taxis clandestins : illégaux… mais utiles pour certains usagers !
Postés dans les ronds-points, les carrefours et les grandes places, ces clandestins fixent les prix à leur guise. Certains voyageurs tentent de négocier. D’autres, venus se renseigner, réservent leur place ou repartent avec les numéros de téléphone d’un chauffeur. Un taxiste dénonce l’anarchie qui règne. Non seulement les clandestins fixent leur propre prix mais en plus, ils sont accompagnés des jeunes qui jouent les rabatteurs en ramenant des clients qui devront payer une marge supplémentaire. En ville, ces taxis clandestins sillonnent les rues à la recherche de clients potentiels et dès qu’ils aperçoivent quelqu’un debout sur le trottoir en faisant signe à un taxi qui ne s’arrête pas, ils proposent leurs services immédiatement et se disent prêts à vous conduire là où vous voulez, l’essentiel pour eux étant d’être payés.
Ce « foisonnement » de fraudeurs est dû surtout à l’indisponibilité des taxis aux heures de pointe où la demande explose et le soir, quand ceux-ci disparaissent dans la nature laissant des centaines de citoyens dans les stations. Les habitants des cités périphériques et surtout les retardataires pressés, ne trouvent plus de taxis pour rejoindre leur domicile alors, ils se rabattent sur les clandestins.
D’autres voyageurs préfèrent les fraudeurs pour une simple raison : ils payent moins, en plus, nous ne faisons pas la queue comme c’est le cas pour les chauffeurs travaillant dans la légalité qui sont obligés d’attendre leur tour pour quitter la station, ce qui n’est pas le cas pour un fraudeur. Hédi, ouvrier dans le bâtiment, précise que ces taxistes illégaux prolifèrent parce que certains taxistes refusent de transporter les gens aux heures de pointe. Chose qui a amené les habitants de la capitale à se tourner vers des alternatives moins coûteuses et moins stressantes, en l’occurrence les motos. Le soir, il y a très peu de taxis, et ce sont les clandestins qui opèrent. Le tarif est négociable pour les clients. De nombreuses pétitions ont été adressées aux autorités pour chasser ces intrus mais aucune n’a abouti. Le secrétaire général de l’Union tunisienne des taxis individuels, Faouzi Kharbouchi, a précisé que ce fléau prend de l’ampleur.
« Ceux qui l’exercent n’ont ni charges ni assurances à payer. Il leur suffit juste d’avoir quelque chose qui roule par rapport aux chauffeurs de taxi qui, eux, nous dit-on, payent leurs impôts, l’assurance, les charges quotidiennes. Cette situation est plus qu’inquiétante. Elle contribue à la faillite des professionnels, d’où la nécessité d’assainir le secteur ». Il a souligné que les taxis individuels s’étaient déjà plaints à plusieurs reprises de ce phénomène et ont appelé à davantage de contrôle pour endiguer cette pratique dangereuse. Le président de la Commission du transport auprès de l’Organisation de défense du consommateur (ODC), Montassar Hammi, a appelé le ministère du Transport à promulguer des législations qui imposent le changement de couleur des voitures à la vente et ce, avant le contrôle technique obligatoire pour que ces véhicules ne soient pas exploités illicitement.
Kamel BOUAOUINA