Beaucoup d’efforts aussi bien institutionnels, financiers, fonciers, juridiques et réglementaires aux niveaux public et privé ont été déployés pour ramener le déficit en logements urbains. Cette forte demande en logements urbains qui s’accompagne d’une dynamique de production formelle et informelle nécessite des réserves foncières importantes . Ceci est d’autant plus pressant que l’urbanisation s’accompagne d’un autre phénomène spectaculaire celui du recul des espaces ouverts (forestiers, agricoles, dunaires, environnementaux) entre autres par le fait des changements climatiques et l’avancée des fronts urbain et périurbain.
Surdensité, fragmentation, désordre urbain, exode rural, explosion urbaine…, un lexique assez riche consacré à la ville contemporaine pour qualifier les transformations qu’elle subit à l’ère du 21ème siècle. Les villes nouvelles représentent toujours un sujet d’actualité à l’échelle internationale tout comme nationale. La pénurie généralisée de m² et l’épuisement du stock financier incitent –ils à créer de nouvelles villes en Tunisie ? Comment y répondre ? Plusieurs possibilités peuvent être envisagées, distinctement ou conjointement : réaménagement des tissus urbains existants, réorganisation des périphéries, réhabilitation des villes anciennes ou urbanisation des villages ruraux, ou encore création de villes nouvelles. Face à la forte croissance démographique et à l’urbanisation accélérée, la création de villes nouvelles pourrait être la solution pour atténuer la pression sur les villes, résorber l’habitat insalubre et offrir sur le marché un habitat correspondant aux besoins des différentes couches sociales.
Quelles solutions pour repenser la ville de demain ?
Les villes nouvelles sont souvent représentées comme une solution miracle pour faire face à l’étalement démesuré des villes, absorber une part significative de la croissance démographique urbaine, créer des zones d’activités économiques avec des bassins de recrutement tout en assurant un cadre de vie harmonieux, attractif et favorisant la mixité sociale. Mais cet idéal des discours est-il réalisable et atteint? Le Président directeur général de la société nationale immobilière de Tunisie (SNIT), Fehmi Kamoun, a indiqué que la stock financier disponible a été largement épuisé et qu’il est désormais crucial d’envisager l’aménagement de nouvelles villes à l’extérieur des zones urbaines existantes.. Il a insisté sur la nécessité de doter ces nouvelles villes de toutes les infrastructures essentielles, telles que des établissements sanitaires, des écoles, et des moyens de transport afin de soulager les citoyens et de résoudre la problématique du logement . Cela contribuerait à alléger les charges des habitants, tout en résolvant une partie du déficit en logements
Ainsi la création de nouvelles villes constitue une réponse aux défis posés par l’urbanisation croissante et la nécessité de promouvoir un développement durable et responsable. Les défis et perspectives dans la création de nouvelles villes peuvent être abordés sous différents angles. Cette création implique la mise en place d’une planification urbaine qui intègre les principes du développement durable, tels que la densification, la mixité fonctionnelle, la mobilité durable et l’efficacité énergétique. Ceci permet de minimiser l’empreinte écologique des villes et d’améliorer la qualité de vie des habitants notamment en matière d’approvisionnement en eau potable, de traitement des eaux usées, de gestion des déchets et de préservation de la biodiversité. Des solutions innovantes et respectueuses de l’environnement doivent être mises en place pour répondre à ces enjeux.
Ces nouvelles villes doivent disposer d’infrastructures et d’équipements publics adaptés aux besoins des habitants et des entreprises. Ceci inclut des systèmes de transport en commun efficaces, des écoles, des hôpitaux, des espaces verts et des installations sportives et culturelles. Elles doivent promouvoir l’inclusion sociale et la cohésion territoriale en offrant des opportunités d’emploi, de logement et d’accès aux services publics pour tous les habitants, indépendamment de leur origine ou de leur niveau de revenu tout en mettant en place des zones d’activités économiques et des pôles de compétitivité pour développer leur attractivité économique en attirant des investissements et en d’entreprises, ainsi qu’en favorisant la formation et l’innovation.
Ces nouvelles villes doivent encourager la participation citoyenne et renforcer la gouvernance locale en impliquant les habitants dans les processus de planification et de prise de décision. Des mécanismes de consultation et de co-construction doivent être mis en place pour favoriser l’engagement des citoyens et garantir la transparence et la responsabilité des autorités locales. En France , les projets de villes nouvelles se multiplient aujourd’hui .Ils offrent un double visage: d’un côté, des éco-cités vertes et intelligentes qui ciblent une classe moyenne urbaine émergente largement idéalisée et cherchent à attirer activités économiques à forte valeur ajoutée et investissements internationaux. En Egypte, plusieurs villes nouvelles ont été créées autour du Caire pour décongestionner la capitale. Au Maroc, tout un programme national de villes nouvelles a été lancé en 2004 .
Ainsi la création de nouvelles villes implique de relever de nombreux défis et offre des perspectives prometteuses pour une urbanisation durable et responsable. Mais réinventer la ville en 2030 suppose de mettre tout le monde autour de la table : architectes, habitants, élus mais aussi sociologues et anthropologues.
Kamel BOUAOUINA