Le mois sacré de Ramadan approche à grands pas, les ménages tunisiens affichent toutefois des préoccupations quant à la flambée des prix qui les afflige. En effet, à l’approche du mois saint, les prix des fruits et légumes commencent déjà à flamber sur le marché. Les citoyens expriment d’emblée leurs inquiétudes de revivre le scénario de la flambée des prix qui se reproduit chaque année durant le mois sacré.
Depuis quelques jours, les prix des fruits et légumes enregistrent une forte augmentation.
Cette flambée pénalise les petites et moyennes bourses surtout à l’approche du mois de Ramadan, durant lequel la consommation augmente considérablement. Entre les charges et l’augmentation des prix, il est impossible pour un citoyen moyen de tenir dix jours avec son modeste salaire, obligé souvent de s’abstenir d’acheter de la viande, du poisson ou des fruits, vivant avec le strict minimum. C’est que cette flambée en cette période pré-ramadan semble inexplicable pour certains. A quoi faut-il s’attendre au mois de ramadan pendant lequel les prix s’envolent, ce qui continuera d’épuiser le porte-monnaie du citoyen tunisien.
Une petite virée au marché
Dès maintenant, à deux semaines du Ramadan, les prix des fruits et légumes sur le marché se sont envolés, passant parfois du simple au double pour certains produits de base, tels que pomme de terre (2,300), tomate (2,300), laitue (1,180), petit-pois (4,600), artichaut (4,600), oignon (1,725) sans parler des piments doux (3,450) et forts (2,850), persil et céleri qui se vendent à 750 millimes la botte, concombre (6,900), épinard (2, 725), fève (2,815), aubergines (4,600), radis (1,750), courgette (4,600) et citron (1,380)… Ces prix ont été relevés dans une grande surface de la banlieue de Tunis.
Les produits saisonniers sont aussi concernés par cette hausse, malgré leur disponibilité. Les agrumes, notamment les oranges, se vendent plus cher que d’ordinaire et ne sont pas parfois à la portée de toutes les bourses. Les prix des viandes rouges ont également connu des augmentations soudaines, enregistrant au moins 30 % du prix, selon qu’il s’agit de viande ovine ou bovine. L’importation récente des viandes bovines pourrait être au secours des ménages, se vendant à 32 dinars le kilo ! Quant au prix du mouton, il a déjà atteint le pic, se vendant jusqu’à 52 dinars le kilo !
Allez demander la cause, on vous répondra que les prix de certains légumes ont augmenté à cause du mauvais temps qu’a connu le pays ces derniers jours causant des perturbations dans les récoltes et le transport. Quant à la viande, on vous dira que cette hausse est causée par des perturbations de la chaîne de production, induite par les effets de la sécheresse et du manque de pâturage, ce qui a impacté l’approvisionnement des marchés en quantités suffisantes. Quant au marché de poissons, n’en parlons pas : dans presque tous les marchés, on ne voit que quelques consommateurs circuler entre les étals et qui sont souvent choqués par des prix inabordables. Bref, presque tous les produits alimentaires n’ont pas échappé à cette tendance haussière des prix.
Pratiquement tous les marchés des différents quartiers de la capitale et de ses banlieues (même les souks hebdomadaires) sont touchés par cette hausse. Dès lors, on craint que les mêmes prix soient doublés ou triplés pendant le mois de ramadan, dans les prochains jours.
Quant aux commerçants de ces produits (légumes, fruits, viandes, poissons), ils avouent qu’ils n’ont pas d’explication de ces augmentations, ce qui les met souvent dans l’embarras devant leurs clients. A vrai dire, ils se rangent du côté du client vous disant souvent : « Ce n’est pas facile pour nous de travailler avec des prix pareils, mais quand on achète la pomme de terre à tel prix au gros, on ne peut pas la vendre au prix d’achat ! »
Quelles réponses officielles face à la flambée ?
Au lieu de régler, contrôler les marchés et freiner ainsi cette flambée, les autorités compétentes affirment souvent que ces augmentations à répétition sont dues à la spéculation et qu’elles font de leur mieux pour combattre ces spéculateurs. On ne cesse d’entendre dire depuis des années que face à cette situation sociale déprimante à cause de la hausse des prix, le gouvernement a affiché sa détermination à renforcer les filets de protection sociale, à travers les mécanismes de soutien au pouvoir d’achat des citoyens, et ceux de contrôle et de suivi pour traquer les spéculateurs. Mais il paraît que toutes les mesures prises n’ont pas atteint les objectifs escomptés, à savoir soulager les citoyens, confrontés à la cherté des produits alimentaires.
En l’absence de mainmise des autorités sur les prix au niveau des marchés de gros des fruits et des légumes, seul le citoyen, qui voit son niveau de vie s’effondrer de jour en jour, paye la facture de ces pratiques impunies. L’autre langage tenu par nos officiels, c’est qu’une augmentation des prix n’est pas à écarter, surtout pendant le mois de Ramadan, signalant que les prix devraient augmenter, comme à l’accoutumée, en raison d’un excès de la demande des ménages, tout en appelant à une modération dans la consommation. Tout cela est bon à entendre. Mais les autorités compétentes doivent agir vite dès maintenant pour freiner la spirale actuelle avant de se trouver face à une autre vague de hausse des prix, sachant que la demande sur les différents produits va se multiplier avant et durant le mois de Ramadan.
Hechmi KHALLADI