Par Raouf KHALSI
Ils ne représentent pas un boulet pour l’Etat, mais ce sont des victimes d’un certain système qui leur a fait faire fausse route. Les docteurs au chômage ont accédé au plus haut palier de l’enseignement supérieur, mais ils sont là à se morfondre à galérer comme par une condamnation de l’histoire.
Aujourd’hui, sur instruction du Président, le gouvernement entend agir par paliers : intégration initiale de cinq mille parmi eux et cela revient à leur inventer des débouchés. A un certain moment, on a parlé d’impliquer les universités privées, mais il y a eu des réticences de toutes parts.
Nous sommes dans la configuration de l’Etat providence et dans cette logique les docteurs au chômage ambitionnent d’être enrôlés dans le système public. Ce n’est pas une mince affaire. Le gouvernement aura du pain sur la planche.
Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? C’est-à-dire plus de sept mille docteurs au chômage depuis longtemps avec l’âge qui court et la précarité sociale faite aussi de lutte au quotidien pour la survie ?
Le Chef de l’Etat a bien résumé la situation : « Ils sont victimes d’un certain système ».
Système ? Oui, un système de près de trente ans en arrière (depuis les années 1990), la période où l’enseignement supérieur est devenu un champ d’expérimentation et les étudiants des cobayes. Une prolifération de sections ( au nom de l’excellence utopique) et, surtout, surtout, aucune introspection , ni d’évaluation du système académique en corrélation avec les réalités du marché de l’emploi. Pire : c’était le décalage pur et simple. Un enseignement nullement ciblé finit par provoquer la stérilisation des diplômes dont les signes avant-coureurs se manifestent déjà avec le système LMD, déjà, avant même de penser au doctorat.
Aujourd’hui, le mal est fait. Et il est certain que le Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement se penchera sur la question. Parce que tout, depuis l’école primaire jusqu’à l’université est à revoir de fond en comble.
Une lueur d’espoir pour les docteurs au chômage vient de l’Etat. Il s’agit aussi du droit au travail, socle fondateur de l’Etat social dans sa quête de lutte contre la marginalisation et le chômage.