La biodiversité est un terme utilisé pour désigner toutes les formes de vie sur Terre et leurs attributs naturels. Afin de préserver les ressources biologiques et de les utiliser de manière rationnelle, lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, les dirigeants mondiaux se sont mis d’accord sur une stratégie mondiale de « développement durable ». L’un des accords clés adoptés fut la Convention sur la diversité biologique, qui s’engageait à maintenir les fondements écologiques de la planète tout en visant le développement économique.
Depuis lors, le 22 mai de chaque année est célébré comme la Journée internationale de la diversité biologique. La Tunisie, à l’instar de l’ensemble de la communauté internationale, a célébré hier la Journée internationale de la diversité biologique. Afin de sensibiliser le public au rôle essentiel de la biodiversité pour la vie et le développement durable, le thème de la Journée a été choisi : « Vivre en harmonie avec la nature et le développement durable ».
La biodiversité s’effondre : un monde vivant en péril
Le thème de cette année appelle à un équilibre entre le développement économique et la conservation de la nature, soulignant que les objectifs de développement durable ne peuvent être atteints que lorsque nous vivons en harmonie avec la nature. Cela nécessite un changement dans les approches de développement, passant de l’exploitation non durable des ressources naturelles à l’intégration de solutions fondées sur la nature dans les stratégies de développement nationales et mondiales.
À cette occasion, plusieurs initiatives ont vu le jour pour protéger la biodiversité, renforcer la communication, l’éducation et la sensibilisation du public à la conservation de la nature et de la biodiversité.
Partout dans le monde, la biodiversité est de plus en plus menacée. Selon plusieurs études, le vivant traverse une crise sans précédent. Les espèces s’éteignent à un rythme accéléré, leur renouvellement se fait rare. Les activités humaines sont en grande partie responsables de cette érosion significative de la biodiversité. Quatre grands facteurs alimentent cette dégradation : l’artificialisation des sols, la surexploitation des ressources, le changement climatique et les pollutions multiples.
Aujourd’hui, le constat est sans appel : la biodiversité est en chute libre. De nombreux animaux et plantes disparaissent, à un rythme encore jamais égalé. La disparition de la biodiversité est en train de provoquer des effets graves sur les moyens de subsistance, l’économie et la qualité de vie des populations.
“Le vivant disparaît sous nos yeux”
Dr Salem Sahli, président de l’Association d’éducation relative à l’environnement, estime que la biodiversité englobe la variété infinie de formes de vie, des plus petites créatures aux majestueuses espèces animales. Malheureusement, aujourd’hui, notre précieuse biodiversité est confrontée à des menaces sans précédent.
« La biodiversité est très menacée en Tunisie. La Tunisie est l’un des pays les moins boisés d’Afrique. L’exploitation incontrôlée des forêts pour l’agriculture, l’exploitation forestière et l’expansion urbaine entraîne la destruction des habitats naturels de nombreuses espèces animales et végétales. Ce qui est nouveau et qui inquiète, c’est que le rythme de disparition des espèces s’est considérablement accéléré du fait des activités humaines, soit directement, par le biais de la chasse alimentaire ou de loisirs, soit indirectement, par la destruction ou l’empoisonnement des milieux où vivent animaux et végétaux ».
Selon un rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF), publié le 30 octobre 2018, la Terre a vu sa population de vertébrés sauvages décliner de 60 % entre 1970 et 2014.
Savez-vous qu’en Tunisie, plusieurs espèces ont définitivement disparu ? Le lion de l’Atlas est empaillé à Montpellier, en France. La dernière autruche à cou rouge a été tuée à Gabès en 1902. Les dernières antilopes (addax) ont disparu en 1930. Le dernier guépard a été écrasé par un camion près d’El Borma en 1968… Et la liste est longue.
Le réchauffement climatique perturbe aussi les cycles saisonniers, mettant en péril les migrations animales et perturbant les écosystèmes. La pollution de l’air, de l’eau et des sols affecte directement la santé des espèces et peut conduire à l’extinction de certaines d’entre elles.
La surpêche, la chasse excessive et l’exploitation irresponsable des ressources naturelles menacent de nombreuses espèces animales et végétales. L’urbanisation phagocyte chaque année des milliers d’hectares de notre espace agricole, et ce malgré l’existence du code d’urbanisme et d’aménagement du territoire.
Les parcs nationaux de Tunisie sont dans un état déplorable. Au total, la protection de la diversité biologique doit être soutenue. Le changement climatique, en détruisant les écosystèmes, accélère le rythme de disparition des espèces et contribue à l’essoufflement de la biodiversité.
Sauvegarder la nature est, tout simplement, pour l’humanité, une question de survie. Sans les plantes et les animaux, sans les écosystèmes dans leur ensemble, la Terre ne serait plus vivable pour l’homme. Notre planète nous fournit de l’air respirable, de l’eau potable, des animaux, des champignons et des plantes comestibles, toutes sortes de matières premières, etc.
Si, par exemple, les grandes forêts des régions tropicales — appelées « les poumons de la planète » — étaient entièrement détruites, il y aurait beaucoup moins d’oxygène dans l’air. Dans les mers, les poissons se raréfient à cause de la pêche intensive : il n’y aura un jour plus rien à pêcher, et plus de poissons dans nos assiettes, car même les poissons d’élevage sont, pour la plupart, nourris avec des poissons pêchés dans les mers. »
“L’éducation environnementale est une urgence vitale”
Face à ces menaces, il est urgent d’agir pour protéger notre biodiversité.
« Chacun de nous, en tant que citoyens de cette planète, a un rôle essentiel à jouer, précise Dr Sahli. Nous devons soutenir les initiatives locales et régionales, nous impliquer dans des projets de préservation de la nature, participer à des activités de reboisement et de nettoyage des écosystèmes, et encourager l’engagement des communautés.
L’éducation environnementale est primordiale. Nous devons informer sur les enjeux liés à la biodiversité, sensibiliser notre entourage et soutenir les organisations œuvrant pour sa protection.La question environnementale ne se résume pas uniquement aux problèmes d’hygiène et de salubrité publique. La protection de la biodiversité, tout comme le réchauffement climatique ou encore le développement durable, sont des thématiques qui doivent être inscrites dans les programmes scolaires et universitaires.
La biodiversité est le pivot de notre existence sur Terre. Protéger cette richesse incroyable est une responsabilité qui incombe à chacun de nous.
Face aux menaces qui pèsent sur notre biodiversité, nous devons agir ensemble et de manière déterminée. En adoptant des pratiques responsables, en soutenant les initiatives locales et en faisant preuve de solidarité envers notre environnement, nous pouvons inverser le déclin de la biodiversité et préserver la splendeur et l’abondance de la vie sur Terre. »
L’Association d’Éducation Relative à l’Environnement de Hammamet a mené plusieurs projets sur la thématique de la protection de la biodiversité. Quelques exemples : le projet « Sauvons la Méditerranée », la création d’une réserve naturelle à El Faouara, un jardin pédagogique de plantes grasses dans l’espace Yasmina, un parcours écologique au Centre culturel international de Hammamet, le Festival des agrumes de Hammamet (qui sensibilise à la biodiversité agrumicole de la région du Cap Bon), la publication « El Faouara, forêt vivante », sans oublier le projet sur la protection des tortues marines en Tunisie.
Toutes ces actions ont pour objectif d’éveiller les consciences et de sensibiliser à l’importance de la protection de la biodiversité. Car sauvegarder le monde vivant et sa diversité, c’est assurer la sauvegarde de notre propre espèce.
« Le rôle de l’école est central dans l’éducation à l’environnement. Car qui mieux que l’école, avec l’appui des associations, peut amener les enfants à découvrir l’environnement, à le comprendre et à participer de façon responsable et citoyenne à sa protection ? », conclut-il.
Kamel BOUAOUINA