Il y a trois jours, deux incendies ont ravagé un total de 27 hectares de cultures céréalières dans la délégation d’El Battan au gouvernorat de La Manouba. Selon les déclarations de Karim Saâd, chef de la circonscription des forêts à La Manouba, à l’agence TAP , « les incendies ont détruit d’importantes surfaces de blé, d’orge et de résidus de récolte, menaçant de s’étendre à d’autres exploitations voisines. » Heureusement que l’intervention a été décisive, ce qui a permis de maîtriser la situation avant que le feu ne gagne les grandes étendues de céréales avoisinantes.
Cet incendie n’est pas la seule ou la dernière. La saison estivale chez nous a toujours été marquée par le déclenchement d’incendies dans toutes les régions du pays, occasionnant des pertes considérables dans les récoltes céréalières ou dans la végétation forestière. En effet, en pareille saison, nos champs et nos forêts sont menacés d’incendies qu’ils soient involontaires ou criminels. Aussi faut-il redoubler de vigilance et adopter toutes les précautions nécessaires pour éviter ces incendies, notamment dans les zones de culture de céréales et de fourrage ou dans les zones forestières qui sont particulièrement exposées à la chaleur de cette période estivale
Nos champs et forêts menacés d’incendies
Nos agriculteurs ont toujours la peur au ventre, surtout en cette période où les champs de céréales sont prêts à la moisson. Leurs champs de blé sont toujours sous la menace des feux d’été. Les champs en Tunisie sont effectivement menacés par les incendies pendant l’été, une période où les risques sont exacerbés par la sécheresse et la chaleur. Les feux de forêt et de végétation sont fréquents en cette période, entraînant des dommages importants aux récoltes de céréales, à l’environnement et aux infrastructures. Par ces temps de chaleur où le blé et les autres céréales sont prêts pour la moisson, il serait urgent de prévenir ces incendies en mettant en place des mécanismes de protection d’autant plus que la température ne cesse de grimper au mois de juin et les mois qui suivent, ce qui ferait aggraver la situation.
Les agriculteurs tunisiens craignent la destruction de leurs récoltes par les incendies et ils ont raison, ayant toujours en mémoire les années précédentes où des centaines d’hectares ont été ravagés par le feu, notamment en 2019, 2021 et 2022, affectant directement les revenus des agriculteurs et, partant, la sécurité alimentaire. De plus, le manque d’assurance pour protéger les exploitations agricoles peut aggraver la situation. En Tunisie, moins de 8% des agriculteurs sont assurés, selon des informations publiées en 2023. C’est l’absence d’assurance-récolte qui expose les agriculteurs à des risques financiers importants, notamment en cas de destruction de récoltes par le feu.
Et les feux de forêts ?
Voilà que depuis toujours, la saison estivale est marquée par ses incendies qui ravagent champs et forêts occasionnant des dégâts importants. Il est vrai que la plupart des incendies sont soudains, mais les causes des feux en forêt sont généralement connues et attendues, surtout lorsque la température est élevée et que la pluie vient à manquer. C’est le moment propice pour que la moindre étincelle puisse enflammer des brindilles, puis des herbes sèches, des buissons, des arbres et enfin, la forêt tout entière. Des causes naturelles sont certes à l’origine des feux en forêt, mais aussi les causes humaines sont importantes dont la malveillance et l’incivisme : un mégot de cigarette mal éteint jeté au sol, un barbecue mal maîtrisé peuvent provoquer un incendie.
De plus, il y a une autre cause liée à des actes criminels puisque les feux de forêt sont souvent allumés volontairement par des pyromanes. En effet, la cadence avec laquelle les incendies se déclenchent de façon répétitive et le fait qu’elles se soient toutes déclenchées dans des champs de blé, ne poussent-ils pas à croire qu’il y a quelque chose de suspect ?
Le nombre d’incendie enregistrés en 2023 était très important, selon un rapport de la Direction Générale des Forêts. Il s’élève à 78 (dont 56 concernent les forêts et 22 les garrigues arborés), contre 156 incendies en 2022 (dont 59 sont des forêts et 97 sont des garrigues arborés).
Au cas où les incendies, causés par des facteurs naturels ou humains, seraient évidentes, compte tenu des fortes chaleurs attendues cet été, notre devoir serait d’éviter la propagation des feux que ce soit dans les champs ou dans les forêts. Aussi faut-il prendre les mesures préventives nécessaires afin d’éviter de grandes pertes. Nous avons certes une stratégie nationale pour la protection des forêts contre les incendies qui se base principalement sur un programme d’action pour coordonner avec toutes les parties intervenantes.
Hechmi KHALLADI