Par Raouf KHALSI
Si elle avait dit oui au FMI et répondu à ses injonctions, entre autres, la privatisation des entreprises publiques, la Tunisie se serait auto-spoliée de ses propres leviers de croissance et se serait résignée à une recolonisation déguisée.
Et si la décennie noire avait continué à sévir, on aurait vécu un bradage dans les règles de ces entreprises, tant le plan était solidement fignolé dès le 2011, depuis l’arrivée des tribuns récupérateurs et ceux qui ont volé leur rêve aux jeunes, eux seuls, qui s’étaient insurgés contre la dictature jusqu’à la déboulonner. Qu’auront proposé ces tribuns, en dehors d’un parlementarisme marron et une démocratie fantasmée ?
L’enjeu, le véritable enjeu pour eux était ailleurs, exclusivement motivé par un enrichissement sans cause, quitte à appauvrir le pays, ce qui s’est quand même fait en un rien de temps.
Puisque nous sommes dans l’actualité et qu’on parle d’El-Fouladh, on sait ce qu’il en est advenu du fleuron de la sidérurgie du pays. A la télévision, Youssef Chahed a même dit ouvertement « à quoi elle servait encore ? ». C’est que dans les coulisses, un mystérieux investisseur italien se proposait de la racheter avec des crédits contractés auprès des banques tunisiennes. Le sommet de l’effronterie et de l’ignominie.
Dans leurs plans, il y avait une sorte d’arrangement : à toi, telle entreprise, à moi telle autre, et c’est ainsi que tel un château de cartes, les entreprises publiques allaient tomber l’une après l’autre, non sans les avoir au préalable ruinées !
Maintenant que faire ?
Il faudrait d’abord une mise à niveau pour les renflouer et alléger les déficits accumulés durant toute une décennie. Cette mise à niveau exige des fonds du potentiel humain et un sang neuf.
Parce que, non seulement elles ont été méthodiquement ruinées, mais elles ont été mitraillées par des recrutements massifs dépassant de loin les normes des masses salariales, et c’est là aussi un procédé bien connu pour rajouter aux déficits des entreprises.
Les dossiers sont là et les prédateurs paieront pour leurs crimes et la manière dont ils ont cherché à appauvrir le peuple et à s’enrichir à ses dépens.
Ce n’est toujours qu’une question de temps. Et nolens volens, ils n’échapperont pas à la reddition des comptes. Parce qu’entre temps, ces déficits sont devenus structurels. Et c’est compliqué.