Le Bureau exécutif de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annoncé, dans un communiqué, avoir adressé une nouvelle correspondance officielle au gouvernement appelant au lancement d’un nouveau round de négociations sociales dans la fonction publique et le secteur public (entreprises et établissements publics).
La centrale syndicale avait appelé, dans un communiqué publié début décembre 2024 à l’occasion de la commémoration du 72e anniversaire de l’assassinat du leader national et syndical Farhat Hached, au lancement d’un nouveau round de négociations sociales dans les secteurs public et privé pour limiter la détérioration du pouvoir d’achat des fonctionnaires, des employés des entreprises publiques et des salariés des entreprises privées.
Trois mois plus tard, elle a adressé une première correspondance appelant l’Exécutif à respecter ses engagements en matière de négociation collective.
L’organisation ouvrière a également exprimé son attachement à la mise en œuvre de tous les accords conclus ces dernières années avec la partie syndicale aussi bien au niveau central qu’au plan sectoriel, citant notamment l’accord du 6 février 2021. Celui-ci porte sur la mise en œuvre d’une quarantaine de procès-verbaux sectoriels qui concernent, entre autres, les domaines de l’éducation, de la santé, des finances et de l’enseignement supérieur.
Elle a réclamé d’autre part l’abrogation des circulaires 20 et 21, qui ont durci les négociations avec les syndicats. Ces circulaires obligent les ministres, PDG et directeurs généraux dans le secteur public, d’obtenir l’autorisation de la présidence du gouvernement avant d’entamer des négociations avec les syndicats.
Contrairement au gouvernement qui ignore encore les demandes de l’UGTT, l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) a accepté de lancer un nouveau round de négociations sociales dans le secteur privé en mai dernier.
L’absence de réponses aux sollicitations répétées de l’organisation ouvrière intervient alors que la centrale syndicale a perdu sa capacité de mobilisation sous l’effet d’une crise interne opposant une aile dissidente conduite par cinq membres du Bureau exécutif (Anouar Ben Gaddour, Slaheddine Selmi, Taher Berbari, Monêm Amira et Othmen Jallouli) qui réclame la tenue d’un congrès extraordinaire pour mettre fin au « manque de légitimité » de la direction issue du congrès de février 2022 et une aile rivale conduite par le secrétaire général, Noureddine Taboubi.
Cette crise interne est apparue au grand jour lors d’une réunion houleuse du conseil national qui s’est tenue à Monastir début septembre 2024. L’écrasante majorité des membres du conseil national, qui représente la plus haute autorité décisionnelle après le congrès, avait alors appelé à « corriger l’erreur historique » de l’amendement de l’article 20 des statuts de l’UGTT lors d’un congrès non électif tenu en juillet 2021. Cet amendement a annulé la limitation du nombre de mandats consécutifs au Bureau exécutif à deux seulement, ouvrant ainsi la porte à la reconduction de plusieurs dirigeants, dont Noureddine Taboubi, Sami Tahri et Samir Cheffi, pour un troisième mandat consécutif lors d’un congrès électif qui s’est tenu en février 2022.
Les deux ailes rivales de l’organisation sont cependant convenues tout récemment de tenir un congrès anticipé du 25 au 27 mars 2026, soit environ onze mois avant les délais initialement prévus (février 2027), pour mettre fin à la crise interne.
Déjà privée de tout rôle politique depuis le 25 juillet 2021, l’UGTT a été par ailleurs exclue des discussions relatives à l’amendement du Code de travail visant à mettre fin à la sous-traitance et des processus de régularisation de la situation des ouvriers des chantiers et des enseignants suppléants du secondaire et du primaire.
Walid KHEFIFI