En ces temps où les réserves énergétiques se font précieuses et de plus en plus rares, l’usage de l’énergie nucléaire est devenu une nécessité. La Tunisie, qui a de très bons rapports avec l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), fait de son mieux pour développer les usages pacifiques de cette énergie afin d’assurer les besoins du pays et entrevoir son avenir énergétique avec optimisme.
La Tunisie est consciente de l’importance de se doter de ressources énergétiques diverses pour survivre et pour pallier les éventuelles difficultés ou défaillances dans un environnement mondial imprévisible. C’est pour cette raison que le gouvernement tunisien s’est dit, à travers les propos de la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, résolu à développer les usages pacifiques de l’énergie nucléaire dans tous les secteurs et à soutenir toute initiative qui est de nature à renforcer la recherche dans ce secteur dynamique. Ces propos ont été tenus il y a quelques mois lors de la participation tunisienne, à Rome, à la réunion ministérielle inaugurale du Groupe mondial pour l’énergie de fusion (WFEG) relevant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Parmi ces initiatives, la ministre a cité, en particulier, celle proposée par l’Agence arabe de l’énergie nucléaire en mai 2024, laquelle s’inscrit dans le cadre de la volonté de répondre aux défis auxquels sont confrontés les pays arabes, en matière de sécurité énergétique. Cette initiative pourrait rendre plus efficace l’innovation scientifique et technologique dans la région. Elle a également mis l’accent sur l’importance des partenariats internationaux afin de garantir la sécurité énergétique et a surtout appelé l’Agence Internationale de l’énergie atomique et l’ensemble des pays membres à soutenir l’initiative tunisienne afin qu’elle soit une plateforme de formation et de recherche dans le secteur de l’énergie de fusion.
Sur la même longueur d’onde
C’est que la Tunisie a toujours exprimé son attachement aux principes de la sûreté, de la sécurité, de la non-prolifération nucléaire et de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Faut-il encore rappeler que la Tunisie était parmi les premiers pays africains à bénéficier des utilisations pacifiques de l’énergie et des technologies nucléaires depuis son indépendance, et qu’elle a adhéré à l’Agence internationale de l’énergie atomique dès sa création ?
D’ailleurs, le niveau très appréciable de la coopération entre la Tunisie et l’Agence internationale de l’énergie atomique, en particulier dans le cadre de la stratégie nationale visant à développer les sciences et les technologies nucléaires, prouve que la coopération entre les deux parties repose sur le renforcement de l’infrastructure nucléaire et le développement des cadres réglementaires et juridiques, l’amélioration des normes de sécurité nucléaire et l’échange d’expériences dans divers domaines, y compris la recherche scientifique et le développement technologique.
Loin des craintes exprimées à chaque fois que des tensions montent dans certaines régions du monde à cause de la manière d’utilisation de l’énergie nucléaire, la politique tunisienne en la matière tient compte des soucis de la communauté internationale pour protéger les matières radioactives contre les menaces croissantes, notamment parce que la question de la sécurité nucléaire suscite une préoccupation mondiale et qu’il existe une conscience des effets potentiels de l’utilisation nocive des matières radioactives.
Dans ce même registre, l’Agence internationale de l’énergie atomique a récemment lancé des sessions de formation sur la sécurité nucléaire et sur plusieurs projets sous le titre « Projets de développement de l’infrastructure réglementaire », dont la session en cours, et la Tunisie s’y est engagée.
Il importe de souligner que la stratégie nationale tunisienne pour l’utilisation de l’énergie à des fins pacifiques intègre la solution de l’électronucléaire dans son bouquet énergétique national, ce qui implique un engagement à long terme et une législation adéquate qui tienne compte de l’importance de l’entière adhésion au principe de la sécurité et de la sûreté.
Dans le domaine de l’électricité, la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG) a élaboré en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le plan opérationnel global pour l’installation d’une première centrale nucléaire tunisienne. Ce projet présente un intérêt non seulement énergétique mais il contribuera à la résolution du stress hydrique dont pourrait souffrir le pays.
Des ambitions légitimes
Par ailleurs, il est utile de rappeler que des centaines d’experts tunisiens ont pris part activement aux diverses activités organisées par l’Agence dans ses laboratoires ou par ses pays membres. L’un des enjeux de la démarche tunisienne consiste à mettre en évidence des sciences et technologies nucléaires dans l’ensemble des applications dans les domaines tels que la santé, l’environnement, l’agriculture ou l’industrie, et à promouvoir une coordination renforcée entre les programmes des différents départements de l’AIEA tels que les centres collaboratifs et les projets de coopération technique.
C’est dire que la Tunisie est soucieuse de développer cette énergie nucléaire pour des raisons purement économiques, environnementales et sociales, et qu’elle tient aux principes de l’utilisation pacifique de cette énergie et aux orientations de l’AEIA. Les ambitions tunisiennes, très légitimes et conformes à ces principes, n’a rien à voir avec ce qui se passe sur la scène mondiale à propos de l’utilisation de cette énergie pour des raisons d’armement et des politiques des puissances mondiales qui permettent à certains pays de développer des armes nucléaires et en privent d’autres selon les intérêts de ceux qui imposent leur loi.
En Tunisie, nous sommes très loin de ces ambitions extrêmes car notre seul souci concerne l’octroi de l’énergie nécessaire pour développer l’économie et satisfaire nos demandes énergétiques internes.
Kamel ZAIEM