La Tunisie est riche en potentiels et innovations et sa diaspora en est un relais aussi dynamique que légitime. Des idées et des rêves, les entrepreneurs de la diaspora n’en manquent pas. Pour les réaliser au mieux, ils ont encore bien souvent besoin de réseaux d’orientation et d’accompagnement interconnectés, de financements. La mobilisation des talents et des ressources de la diaspora tunisienne, l’animation des écosystèmes entrepreneuriaux et l’accompagnement sur mesure des entrepreneurs ont des impacts directs sur le développement socio-économique du pays. La mobilisation des entrepreneurs à travers les réseaux de la diaspora permet le renforcement de savoir-faire et les investissements nécessaires à l’entrepreneuriat en Tunisie. Au-delà des transferts financiers, la diaspora peut apporter une expertise précieuse, un réseau international et un dynamisme entrepreneurial. Pour que ces contributions soient pleinement exploitées, il est essentiel de renforcer les synergies avec les structures économiques locales et d’encourager des initiatives innovantes qui permettent aux talents de la diaspora de s’intégrer dans des projets à forte valeur ajoutée.
Ce n’est pas seulement une question de transferts de fonds, mais aussi de partage de compétences, d’échanges de connaissances et de mise en réseau. La société civile, pour sa part, pourrait jouer un rôle clé en facilitant ces échanges et en créant des ponts entre la diaspora et les initiatives économiques locales. Les villes, en tant qu’entités proches des réalités locales, ont un rôle déterminant à jouer dans la mise en place d’environnements favorables à l’innovation. En soutenant des projets portés par la diaspora et en développant des initiatives locales à fort potentiel, elles contribuent à renforcer les liens économiques et sociaux entre le pays d’origine et ses citoyens à l’étranger. Les jeunes, tant dans le pays d’origine qu’à l’étranger, sont au cœur de cette dynamique. Leur engagement dans l’entrepreneuriat, la création de nouvelles opportunités et la collaboration avec les acteurs internationaux devraient être encouragés pour ouvrir de nouvelles voies de développement. Les jeunes de la diaspora, en particulier, pourraient jouer un rôle de catalyseur dans des secteurs d’avenir. Afin de faciliter cet élan, un cadre réglementaire simplifié, des mécanismes de financement adaptés et un accompagnement entrepreneurial renforcé seraient essentiels. En structurant mieux ces mécanismes et en favorisant leur coordination, la Tunisie pourrait maximiser les contributions de sa diaspora pour un développement économique et social plus inclusif et durable.
La Tunisie bénéficie d’une diaspora significative, représentant 15,4% de sa population dont la majorité réside en Europe. Cette communauté participe activement au développement national à travers les transferts de fonds, les investissements et le transfert de compétences. En 2023, les envois de fonds ont atteint 7 515 millions TND (2,4 milliards USD), soit 5,6% du PIB, illustrant un engagement financier constant.
Valoriser le potentiel unique des entrepreneurs de la diaspora
Les entrepreneurs de la diaspora sont avant tout des initiateurs de projets. Alors, qu’est-ce qui les distingue des autres ? L’entrepreneuriat est avant tout un mouvement, une dynamique, une volonté de créer ses propres opportunités et solutions face aux défis rencontrés. Être entrepreneur, c’est être un bâtisseur et un rassembleur d’énergies. Des rencontres et interactions avec les entrepreneurs de la diaspora révèlent des besoins similaires : réseau, conseils, solutions, accompagnement, financement, partenariats. De nombreux pays ont compris ces besoins et ont déployé des actions pour soutenir le développement du secteur privé, qui contribue activement au développement économique et social. Les gouvernements perçoivent de plus en plus le potentiel de cette force issue de leur pays, bien que difficilement mesurable. Les chiffres sur le potentiel financier de la diaspora font rêver les acteurs publics. C’est une force et une énergie avec un potentiel encore largement inexploité, qui va au-delà de l’aspect financier et contribue aux enjeux sociaux et environnementaux.
Il est vrai que l’entrepreneuriat de la diaspora se distingue par une double appartenance culturelle et socio-économique, celle du pays d’accueil et celle du pays d’origine. Cette dualité façonne une expérience entrepreneuriale distincte, permettant aux entrepreneurs issus des diasporas de naviguer et d’innover à travers plusieurs univers. Vivant dans leur pays d’accueil, ils en assimilent ses codes et y détectent des opportunités à transposer dans leur pays d’origine ou celui de leur famille, là où ils envisagent de lancer leur entreprise. Au fil de l’évolution de leurs projets, ces entrepreneurs exploitent et intègrent des ressources des deux pays. Ils doivent alors gérer les distances géographique et culturelle, faisant face à des défis similaires à ceux d’une entreprise internationale s’étendant sur plusieurs territoires dès sa création. La diaspora tunisienne représente ainsi une formidable opportunité économique. Être « entrepreneur de la diaspora » implique une volonté de mouvement et de co-construction entre deux géographies. Derrière la réussite de chaque entreprise fondée par un membre de la diaspora, il y a cette envie et cette volonté de mettre des compétences, des énergies et des moyens au service du pays d’origine.
C’est pourquoi cette diaspora est si importante. À une époque où les relations se reconstruisent et les histoires se réécrivent, qui mieux que ces bâtisseurs, ancrés à la fois ici et là, pour le faire ? En les écoutant raconter avec passion leur aventure entrepreneuriale, nous comprenons immédiatement ce qu’ils ont à apporter et à apprendre. Ils possèdent la force de leur formation, de leur double culture, de leur envie. Ils disposent de réseaux souvent inaccessibles à leurs homologues du Sud, à des dispositifs de financement ou à des fonds propres plus importants.
Pour ce faire, il est essentiel de mettre en place des programmes spécifiques et adaptés des deux côtés, qu’il s’agisse de programmes de soft landing, d’investissement ou de networking. La diaspora détient un potentiel unique pour introduire des innovations, transférer des compétences ou encore stimuler des investissements productifs au service de l’économie tunisienne. Comment s’adresser à sa diaspora pour la convaincre de s’engager dans des actions entrepreneuriales dans son pays d’origine ? Les entrepreneurs issus de la diaspora bénéficient du soutien de nombreux programmes, réseaux, clubs, associations professionnelles et agences publiques, à l’échelle internationale et locale. Afin de faciliter l’accès à ces ressources d’accompagnement et de financement, comment structurer l’écosystème de manière cohérente et intuitive ? C’est dans ce cadre que Yasmine Hammamet accueillera demain le Ellevate Summit, un événement phare dédié à l’innovation et à l’entrepreneuriat portés par la diaspora tunisienne.
La journée débutera par un accueil chaleureux avec de la musique live interprétée par Tunisia 88, suivi d’une conférence inaugurale axée sur la « Résilience et connexion globale : histoires de leadership au-delà des frontières ». Le programme matinal comprendra également un panel sur le thème « Fail Forward : apprendre, échouer et avancer », ainsi qu’une session de pitch live où les entrepreneurs de diaspora active présenteront leurs projets innovants destinés à façonner l’avenir de la Tunisie et au-delà. La seconde partie de la journée mettra l’accent sur les voix de la diaspora avec des témoignages inspirants intitulés « Rêves tunisiens, construits à l’étranger ». Une expo communautaire permettra de découvrir les initiatives locales, startups et projets menés par des femmes qui créent un impact positif. Un second panel explorera « Le parcours de l’influence au profit du créateur de contenu à l’entrepreneur », tandis que des ateliers technologiques émergents offriront une immersion dans l’innovation IA.
Kamel BOUAOUINA