En Tunisie, le tabagisme reste un problème de santé publique majeur, malgré les efforts de lutte déployés. Les mesures prises auparavant incluent des interdictions de fumer dans les lieux publics, des campagnes de sensibilisation et des augmentations effectuées sur les prix du tabac. Le Tunisien consacre plus du 1/5 de son budget à l’achat de cigarettes. Dès lors, le tabagisme est responsable d’un nombre important de décès et de maladies en Tunisie, avec des coûts sanitaires et économiques considérables. Des défis persistent encore, notamment le respect de la législation et la lutte contre le commerce illicite.
Il est à noter que chaque année, pourtant, à l’occasion de la Journée Sans Tabac, célébrée le 31 mai, les responsables de la santé en Tunisie ne cessent de mettre en garde contre les dangers du tabac pour la santé. Mais, il semble que le nombre de fumeurs ne cesse de s’élever, gagnant de nouvelles catégories de gens, comme les jeunes collégiens et lycéens (filles et garçons) dont un bon nombre sont devenus dépendants de leur paquet de cigarettes.
Dépendance croissante
Les campagnes anti-tabac, la hausse des prix des cigarettes, l’interdiction de vente aux mineurs, le taux croissant des maladies dues au tabagisme, tout cela ne semble pas avoir d’effets notables sur les fumeurs. Au contraire, la situation devient de plus en plus alarmante, sachant que le nombre des fumeurs est en croissance continue selon les dernières statistiques qui révèlent que 55% des fumeurs sont des adultes (hommes et femmes) et 12,8% sont des adolescents (5,8% appartiennent à la tranche d’âge allant de 12 à 14 ans). Un constat on ne peut plus alarmant !
Inutile d’énumérer les maladies graves dues au tabagisme et les répercussions familiales et sociales que peut engendrer cette dépendance au tabac. Tout le monde en est conscient. Ce ne sont pas les campagnes de sensibilisation qui manquent non plus : les organisations, les associations et les médias n’épargnent aucun effort pour attirer l’attention des gens sur les méfaits du tabac sur la santé physique et psychologique de l’individu et sur son budget familial. Que faire donc pour endiguer cette dépendance à la fumée ?
De gros efforts, des résultats moindres
Que d’émissions Radio ou TV ont été diffusées, que de journées d’information et de sensibilisation et que de débats scientifiques ont été organisés autour du tabagisme ! Rien n’y fait ! Le nombre de fumeurs augmente et celui des malades atteints de cancers bronchiques, de bronchites chroniques, d’insuffisance respiratoire chronique ou de maladies cardio-vasculaires ne cessent d’augmenter dans notre pays, sans compter le danger du tabac passif qui tue également de plus en plus des non-fumeurs.
Des consignes comme celles qu’on trouve dans les lieux publics ou privés «Interdit de fumer» ou «Coin pour non-fumeurs» semblent ne plus avoir d’effets sur certaines gens qui ne trouvent aucun souci à allumer leur cigarette en toute effronterie et au grand dam des autres qui n’osent malheureusement pas leur rappeler qu’ils sont en train de déroger à la loi en fumant malgré les consignes l’interdisant. C’est que parmi nous, il existe des gens indifférents qui ne veulent pas réagir en cas d’incorrection ou d’anomalie observée sur la voie publique, dans le transport public ou dans l’entourage, quoique certains actes déplacés ou dégradants puissent leur porter préjudice personnellement.
La loi interdisant la consommation du tabac dans les lieux publics existe pourtant depuis le 23 février 1998 en Tunisie (loi n°98-17 du 23 février 1998 relative à la prévention des méfaits du tabagisme visant à protéger les fumeurs passifs et interdire toute publicité du tabac) ; c’est son application qui est sujette à controverses. Le décret n°98-2248 du 16 novembre 1998 fixant les lieux publics dans lesquels il est interdit de fumer reste aussi lettre morte. Il ne suffit pas qu’un propriétaire de café ou de restaurant réserve un espace pour non-fumeurs, mais encore faut-il veiller à ce que le règlement soit appliqué ! Il n’est pas rare chez nous de voir un garçon de café servir des clients avec une cigarette collée aux lèvres ou entre les doigts !
Le ministère de la Santé publique n’aura certainement pas l’effectif nécessaire d’agents ni les moyens suffisants pour contrôler régulièrement ces lieux ; ce sont plutôt les propriétaires et les gérants de ces lieux qui devraient appliquer la loi anti-tabac dans leurs commerces. Les efforts doivent se conjuguer entre les différents organismes pour établir un véritable programme pour la lutte contre le tabagisme et faire en sorte que la campagne anti-tabac ne s’arrête pas au stade du lancement de slogans qui n’auraient peut-être aucun effet auprès des fumeurs. Il faut surtout prendre les mesures nécessaires susceptibles de mettre en application la réglementation en vigueur. L’ampleur de ce phénomène tabagique a pris des proportions telles qu’il faut passer à la vitesse supérieure afin d’éradiquer le mal, du moins l’endiguer. C’est une réalité alarmante qui implique tout le monde, fumeurs et non-fumeurs, et qui doit inciter tout un chacun à réagir.
Hechmi KHALLADI
