«La Tunisie a obtenu la première place mondiale en ce qui concerne la proportion d’étudiantes dans nombre de disciplines, avec un taux de 43,3%, ainsi que la deuxième place mondiale pour la proportion de femmes titulaires de diplômes supérieurs dans ces spécialités», a déclaré la ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées, Asma Jabri.
Ces résultats, tant sur le plan national qu’international, confirment le leadership et l’excellence de la femme tunisienne. «Les statistiques nationales dans le domaine de l’éducation révèlent que les femmes représentent 70,4% dans le domaine médical, 56,3% dans le domaine de l’ingénierie, 70% parmi les diplômés et 62% parmi les titulaires d’un doctorat», a-t-elle précisé.
Toutefois, si ces succès académiques témoignent du potentiel considérable des Tunisiennes, il reste un défi majeur, celui de transformer cette réussite en véritables opportunités économiques. En effet, au-delà des bancs de l’université, c’est l’ensemble des femmes, qu’elles soient chercheuses, ingénieures, entrepreneures, agricultrices, artisanes ou travailleuses du secteur informel, qui aspirent à une pleine reconnaissance de leur rôle dans l’économie nationale.
Malgré leurs compétences, leur créativité et leur résilience, nombreuses sont celles qui se heurtent encore à des barrières structurelles, telles que des inégalités d’accès à l’emploi, des difficultés de financement, une absence de protection sociale ou des obstacles à l’entrepreneuriat.
Face à ces défis, l’inclusion économique des femmes s’impose comme une priorité stratégique pour garantir l’égalité des chances, stimuler la croissance, réduire la pauvreté et renforcer la cohésion sociale. L’autonomisation économique des femmes dépasse désormais le simple impératif moral, elle est un facteur essentiel de développement durable, équitable et résilient.
Programme «Raidet» : un levier puissant pour l’entrepreneuriat féminin
Conscient de ces enjeux, l’État tunisien a lancé plusieurs programmes structurants, dont l’initiative «Raidet», destinée à promouvoir l’entrepreneuriat féminin. Ce programme révolutionne l’investissement féminin en facilitant l’accès des femmes aux filières économiques porteuses et compétitives, notamment dans les secteurs à forte valeur ajoutée.
«Raidet» cible particulièrement les femmes issues des zones prioritaires, des quartiers populaires à forte densité et des groupes vulnérables, tout en soutenant des projets portés par des femmes innovantes dans des secteurs stratégiques.
Prévu jusqu’en 2026, ce programme ambitieux vise la création de 3 000 projets féminins, à raison de 600 projets par an, avec un financement global estimé à 50 millions de dinars, mobilisés par l’État.
La création d’environ 6 000 entreprises féminines
À l’occasion de la Fête nationale de la femme tunisienne, la ministre Asma Jabri a réaffirmé son engagement en faveur de l’inclusion économique des femmes. Elle a souligné la nécessité de promouvoir la culture de l’initiative individuelle, de soutenir l’entrepreneuriat féminin et de renforcer l’investissement destiné aux femmes.
Dans ce cadre, elle a annoncé la création d’environ 6 000 entreprises féminines, générant plus de 12 000 emplois, grâce au programme national «Raidet» dédié à l’entrepreneuriat et à l’investissement féminin.
Réformes législatives au service de la justice sociale
Cette dynamique s’accompagne aussi de réformes législatives et sociales majeures, conçues pour garantir aux Tunisiennes des droits économiques équitables et préserver leur dignité professionnelle. Dans cette optique, la ministre a présenté plusieurs mesures phares.
Parmi elles, le décret présidentiel n°4 de 2024 relatif à la protection sociale des ouvrières agricoles, qui consolide leurs droits économiques et sociaux, favorise leur intégration et renforce leur accès à des conditions de vie dignes.
S’y ajoutent la loi n°9 de 2025, qui révise le Code du travail pour mieux encadrer les contrats et prévenir toute forme d’exploitation, ainsi que le décret n°327 de 2025, interdisant la sous-traitance dans le secteur public afin de consolider la justice professionnelle et lutter contre la précarité.
Ainsi, la promulgation de la loi n°44 de 2024 organise les congés de maternité et de paternité dans la fonction publique, le secteur public et privé, marquant une avancée sociale majeure.
Lancement des conférences régionales : vers un horizon 2030 inclusif
Pour renforcer ces actions, la ministre a donné le coup d’envoi, à l’occasion de la Fête nationale de la femme tunisienne, d’une série de conférences régionales sur «L’inclusion économique des femmes et la réalisation du développement à l’horizon 2030».
Organisées du 4 au 8 août 2025, ces rencontres visent à mettre en lumière le rôle central des femmes tunisiennes dans le développement local et régional, tout en affinant les orientations du prochain plan de développement 2026-2030. L’objectif est de valoriser le capital humain féminin, de renforcer l’économie régionale et de favoriser un modèle de croissance inclusif et participatif axé sur la création de valeur.
Des recommandations concrètes pour un développement inclusif
La ministre a souligné l’importance que les conclusions des cinq conférences régionales aboutissent à des recommandations concrètes, notamment en matière d’investissement dans les chaînes de valeur. Elle a insisté sur la mise en place d’une base de données et d’une cartographie des chaînes de valeur permettant aux femmes et jeunes filles d’identifier des opportunités d’investissement et de développer des projets durables dans les secteurs porteurs.
Un programme d’action exécutif est en cours d’élaboration pour définir un parcours clair de soutien à l’entrepreneuriat féminin, de l’idée à la concrétisation, mobilisant l’ensemble des structures d’accompagnement, de financement et de commercialisation.
Valoriser les réussites et renforcer l’écosystème entrepreneurial féminin
Le programme des conférences met également à l’honneur les réussites inspirantes de femmes et de jeunes filles qui ont su relever avec brio les défis de l’entrepreneuriat. Ces témoignages sont complétés par des interventions thématiques approfondies portant sur les acquis législatifs, sociaux et économiques des femmes tunisiennes, ainsi que sur la carte de développement, véritable levier pour orienter et renforcer l’investissement féminin. Par ailleurs, l’accent est mis sur les dispositifs d’accompagnement existants, essentiels pour promouvoir l’initiative privée et soutenir le développement des entreprises communautaires portées par les femmes.
Nouha MAINSI
