Comme chaque année, le mois d’août marque le coup d’envoi des préparatifs pour l’achat des fournitures scolaires, un rituel incontournable mobilisant parents, élèves et commerçants. Cette période, synonyme de dépenses conséquentes pour de nombreux ménages, pèse particulièrement sur ceux ayant plusieurs enfants à charge. D’ailleurs, le ministère de l’Éducation a publié, sur sa page Facebook officielle, la liste actualisée des livres scolaires et des cahiers requis pour les différents niveaux du cycle primaire, en prévision de la rentrée scolaire 2025-2026. Il invite les parents à consulter directement cette publication sur ses canaux officiels afin d’éviter toute confusion liée à des informations non vérifiées circulant sur les réseaux sociaux ou dans les points de vente.
Avec la cherté de la vie et un pouvoir d’achat rogné par l’inflation et la hausse généralisée des prix, cette rentrée est devenue un casse-tête et une source de stress pour les parents aux revenus modestes. Une grande partie des professionnels ont démarré tôt les préparatifs pour être au rendez-vous et répondre ainsi à la demande des clients. Les professionnels parlent d’un bon approvisionnement du marché en livres scolaires et se disent optimistes quant au bon déroulement de cette rentrée qui représente la période la plus attendue, du fait qu’elle permet de compenser le marasme du marché durant les autres mois de l’année. D’ailleurs, pour être au rendez-vous, certains libraires ont déjà passé leurs commandes. Mais peu d’acheteurs se bousculent devant les boutiques afin d’acquérir le nécessaire. Beaucoup de parents tardent à acquérir les fournitures scolaires pour leurs enfants. Avec l’inflation et la hausse continue des prix, le coût moyen d’un trousseau scolaire ne cesse d’augmenter. C’est ce qui explique encore le calme dans plusieurs librairies. Même si cela ne grouille pas encore de monde, l’on sent déjà que le retour aux pupitres pointe à l’horizon.
Des frais de scolarité toujours aussi lourds pour les bourses des parents
Lors d’une tournée à travers des points de vente des manuels scolaires, on a constaté que tous les manuels scolaires étaient disponibles. Selon Mahmoud, père de trois enfants, rencontré hier au niveau d’une librairie, c’est le meilleur moment pour faire ses achats et fuir la foule durant la rentrée. «Je préfère acheter les fournitures scolaires et les livres avant de reprendre le travail et courir d’un lieu à un autre pour tout acheter». Une mère de famille venue acheter quelques livres seulement nous dira : «J’ai quatre enfants et mon salaire à moi seule ne suffit pas pour acheter tous les livres. Je vais donc demander à mes collègues de travail et mes sœurs de me donner les livres de leurs enfants et acheter ceux qui manquent seulement». Interrogé sur ce calme annonciateur de la cohue en perspective, le propriétaire d’une librairie, Noureddine, passant en revue quelques factures, nous répond : «Les parents sont encore en vacances. Ils viennent pour acheter les billets des festivals mais ça va vite arriver !», tout en ajoutant que certains parents, en vue d’éviter le tohu-bohu du début de septembre, préfèrent se procurer les fournitures de leurs enfants à l’avance. Hédi, libraire, met les bouchées doubles en vue de réussir la rentrée. «Plus de 50% de notre chiffre d’affaires sont réalisés au cours de la rentrée scolaire. Nous essayons d’assurer en disponibilité le maximum de manuels demandés pour toucher une clientèle élargie. Certes, il faut attendre encore une semaine pour voir les librairies animées de monde et surtout après le versement des salaires».
Lotfi Riahi, président de l’Organisation tunisienne pour l’orientation du consommateur (OTOC), a annoncé, mardi 12 août, que les prix des fournitures scolaires connaîtront une hausse de 10 à 12% à l’occasion de la rentrée scolaire 2025-2026. Riahi a précisé que le coût moyen de la rentrée pour un élève du primaire s’élevait, l’an dernier, entre 600 et 700 dinars, un montant qui devrait être revu à la hausse cette année en raison de l’augmentation des prix de plusieurs articles scolaires. Toutefois, il a tenu à rassurer les parents d’élèves : «Le manuel scolaire ne subira aucune hausse de prix, et les cahiers subventionnés seront disponibles très prochainement», a-t-il affirmé.
Concernant la disponibilité des manuels, qui préoccupe chaque année les parents, un grossiste affirme que le marché est bien approvisionné et que les parents n’ont, aujourd’hui, que l’embarras du choix. Il est vrai que les frais de scolarité sont toujours aussi lourds pour les bourses des parents, que les enfants soient inscrits dans l’enseignement public ou privé. Pour les familles dont les revenus ne permettent pas de dépenser des sommes élevées dans des fournitures scolaires, elles auront recours aux bouquinistes, qui mettront à la disposition des acheteurs des livres d’occasion à des prix plus ou moins abordables. Pour faire face à cette pression, certains se tournent vers les marchés informels, plus accessibles financièrement, mais parfois au détriment de la qualité.
Kamel Bouaouina
