À l’approche de la rentrée scolaire, une effervescence palpable s’installe dans les foyers tunisiens. Comme chaque année, le mois d’août marque le coup d’envoi des préparatifs pour l’achat des fournitures scolaires, un rituel incontournable mobilisant parents, élèves et commerçants, surtout que la date officielle de la rentrée scolaire vient d’être annoncée. Et si on faisait attention à la qualité des articles ? Même si l’exercice est fastidieux, c’est la santé de nos enfants qui est en jeu. En ces journées de fin d’été, les librairies, papeteries et grandes surfaces de la capitale voient affluer des familles venues se procurer cahiers, stylos, cartables et autres articles exigés par les établissements scolaires. Cette période, synonyme de dépenses conséquentes pour de nombreux ménages, pèse particulièrement sur ceux ayant plusieurs enfants à charge.
Quels que soient leurs marques et leurs visuels, les fournitures scolaires sont susceptibles de contenir des substances néfastes. Certaines fournitures nécessaires à l’école dégagent des substances nocives : feutres parfumés, stylos billes, crayons de papier et de couleur, cartouches d’encre, effaceurs, colles… Plusieurs produits présentent un florilège de substances indésirables, composés cancérogènes, toxiques ou allergisants. Sans grosse surprise, ce qui pose problème est souvent le plastique, ou plutôt les plastiques. Des plastiques, les phtalates, peuvent migrer ou s’évaporer dans l’air, en un laps de temps plus ou moins long. Cela entraîne des risques pour les enfants, plus sensibles à l’exposition du fait de leur masse plus légère. Ils ont également tendance à porter plus facilement les objets à la bouche et ainsi, à ingérer des choses non comestibles, rendant plus forte encore l’exposition. Le temps d’exposition, lui, reste assez fort puisque ces objets sont utilisés de manière régulière à l’école.
Les ministères de la Santé, du Commerce et du Développement des exportations ont appelé, dans un communiqué commun, les parents à acheter les fournitures scolaires auprès des circuits organisés et contrôlés, afin de préserver la santé et la sécurité des élèves. Les deux ministères ont mis en garde contre certains produits commercialisés avec des couleurs, des formes et des odeurs attrayantes pour les enfants, qui pourraient contenir des substances chimiques dangereuses, pouvant provoquer des effets immédiats tels que des allergies et des irritations de la peau et des yeux, ainsi que des effets à long terme tels que des maladies rénales, des troubles hormonaux et d’autres problèmes de santé pouvant apparaître avec une utilisation répétée. Le communiqué a également souligné la nécessité d’éviter l’achat de fournitures scolaires qui ressemblent par leur forme, leur odeur ou leur couleur à des aliments (comme une gomme en forme de fruit ou de bonbon, ou un adhésif conditionné en forme de biberon ou de bouteille de boisson), en raison des risques d’étouffement, d’intoxication ou d’obstruction du système digestif qu’elles peuvent engendrer.
Les deux ministères ont également averti de la nécessité d’éviter les fournitures scolaires qui ne portent pas les informations nécessaires pour identifier le produit, l’identité du fabricant ou du fournisseur, la composition, les précautions d’utilisation, la date de fabrication et le numéro de lot, ainsi que les colles scolaires qui ne contiennent pas la mention «sans substances organiques volatiles». Ils ont également appelé à sensibiliser les enfants aux risques potentiels résultant d’une mauvaise utilisation de certaines fournitures scolaires, en confirmant la poursuite des opérations de contrôle dans les différents circuits de distribution et la prise de mesures légales pour saisir les produits qui présentent un danger pour la santé et la sécurité des enfants, afin de garantir un retour scolaire en toute sécurité.
Nécessité de vérifier l’étiquetage et la provenance des fournitures scolaires
L’Organisation tunisienne d’orientation du consommateur a appelé les parents et les élèves à acheter les fournitures scolaires dans les points de vente organisés qui affichent les prix et offrent des produits de qualité et sans risques sur la santé. Elle a appelé les parents à éviter les marchés parallèles dont les produits sont d’origine inconnue et peuvent avoir des répercussions graves sur la santé des élèves. Elle a aussi incité les parents à se limiter à la liste des fournitures demandées par l’établissement scolaire et à vérifier la qualité des manuels scolaires et la conformité des titres avec la liste. Dans ce contexte, l’association a souligné la nécessité de boycotter tout commerçant qui enfreint la loi, appelant les consommateurs à dénoncer tout genre d’arnaque en contactant les services de contrôle économique. Salwa Fatnassi, directrice de la Qualité et de la Protection du consommateur au ministère du Commerce et du Développement des exportations, a rappelé que cette surveillance constitue une démarche permanente inscrite dans le programme de contrôle.
La majorité des fournitures scolaires importées provenant de l’étranger est soumise à un contrôle technique, avec prélèvement d’échantillons pour vérifier la conformité des produits. Au cours des huit premiers mois de l’année 2025, 180 dossiers d’importation ont été traités et 400 échantillons analysés. Des anomalies ont été relevées, entraînant le retrait de 6 428 gommes pour non-conformité microbiologique et de 15 240 stylos à encre sèche contenant un taux excessif de substances volatiles. Ce contrôle se poursuit le long des circuits de distribution, en gros comme au détail, dans toutes les régions. Les agents du ministère veillent notamment à vérifier l’étiquetage et la provenance des fournitures, mais aussi à retirer de la vente les articles susceptibles de présenter un danger pour la santé des enfants. Ces opérations ont conduit à la saisie de 7 060 craies non conformes et de 20 880 crayons de cire contenant des taux élevés de métaux lourds.
Kamel Bouaouina