La journée internationale des personnes âgées est un événement annuel visant à sensibiliser le public aux enjeux liés au vieillissement et à la place des séniors dans la société. Elle met en lumière les défis auxquels sont confrontées les personnes âgées, notamment en matière de santé, d’inclusion sociale et de respect de leurs droits. Cette journée est également l’occasion de promouvoir des actions en faveur du bien-être et de l’autonomie des aînés à travers le monde. Il est à rappeler que cette Journée a été instaurée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1990.
L’un des objectifs principaux de cette journée est de promouvoir une meilleure compréhension des défis liés au vieillissement et de lutter contre les discriminations envers les personnes âgées. Elle vise également à encourager les États et les organisations à adopter des politiques et des initiatives en faveur du bien-être des séniors. Parmi les axes prioritaires figurent l’accès aux soins de santé, la lutte contre l’isolement social, la valorisation du rôle des personnes âgées dans la société et la protection de leurs droits.
En cette Journée mondiale pour les personnes âgées, il ne serait pas inutile de faire un rapide tour d’horizon sur le mode de vie en Tunisie de cette tranche de la société. Actuellement, plus de 10% de la population tunisienne sont des personnes âgées, c’est-à-dire celles qui ont 60 ans et plus, soit un million deux cent environ. Mais, vu l’amélioration de l’espérance de vie, ce chiffre a tendance à augmenter dans les années à venir. On peut dire qu’il y a deux catégories de personnes vivant dans la vieillesse : la vieille génération ou le quatrième âge (à partir de 75 ans), la moins vieille ou le 3e âge (entre 60 et 75 ans). Il est pourtant difficile de savoir comment vivent ces catégories de personnes âgées, faute d’études scientifiques pointues. Mais leur vie quotidienne diffère d’une personne à une autre en fonction du vécu familial, du milieu social, des moyens financiers, du niveau culturel, des caractères, des habitudes et de l’état de santé de chacun.
Comment vivent nos retraités au quotidien ?
En Tunisie, où le vieillissement de la population commence à se faire sentir selon le dernier recensement de 2024, on remarque que parmi ces personnes âgées, la plupart sont des retraités ou veuves de retraités vivant de la pension mensuelle de leurs conjoints décédés. C’est donc le budget familial qui détermine le mode de vie de ces vieilles personnes. Un ouvrier retraité ne peut mener la même vie que celle d’un technicien supérieur ; de même, la veuve d’un instituteur ne peut vivre au même rythme que celui d’une veuve de directeur de banque. Si les uns profitent de la retraite pour s’occuper davantage de leur domicile et de leurs proches, les autres pensent plutôt à se reposer, à prendre leur temps dans la pratique de leurs passions.
A la question posée à des retraités de la fonction publique pour savoir comment ils passent leur journée après la retraite, les réponses recueillies varient, mais parlent des mêmes occupations : «A la maison, au marché, au café, devant la télévision…» Certains passent davantage de temps chez eux dès qu’ils ont quitté la vie professionnelle, et rompent définitivement avec le monde extérieur, préférant finir leurs jours dans le calme du foyer et loin des problèmes de la rue. C’est que la famille pour ces retraités est ce qu’il y a de plus important dans leur vie. On les voit ainsi prendre du plaisir à s’occuper de leurs petits-enfants et arrières-petits-enfants ou s’adonner à toutes sortes de bricolages. D’autres préfèrent aller goûter quelques heures de détente dans la pêche ; on les voit chaque jour au bord de la mer tuant le temps derrière leur canne à pêche ; ceux-là, habitués au grand air et à la vie en dehors du foyer, ne supportent pas rester longtemps enfermés chez eux, se sentant ainsi soulagés des petits maux laissés par les longues années de vie professionnelle. D’autres encore, étant membres d’une association ou d’un club de personnes âgées de leur ville ou quartier, s’y rendent quotidiennement pour rencontrer d’autres retraités avec lesquels ils peuvent discuter, faire une partie de «dames» ou de dominos ou jouer aux cartes et à d’autres jeux pour meubler leur temps libre en se rappelant le bon vieux temps. Ils peuvent également participer à des excursions ou des voyages organisés à leur attention par ces mêmes associations. Cependant, il y a d’autres qui ne font presque rien, faute de moyens, et passent la plupart de leur temps dans le café du village.
Au secours des personnes âgées
Mais il faut aussi penser aux autres personnes âgées, malades ou invalides et sans ressources suffisantes. L’assistance de ces parents ou grands-parents, fatigués par l’âge et la maladie, incombe à leurs enfants. Ces derniers doivent leur apporter l’aide et le soutien nécessaires (nourriture, habillement, médicaments, paiements de factures…), surtout les vieilles femmes, veuves et vivant seules, qui ont vraiment besoin d’être toujours en contact avec leurs enfants, ne serait-ce que pour s’enquérir de leur santé et des conditions de leur vie et égayer leur solitude de temps en temps par leur présence. Surtout que, chez nous, les vieilles femmes n’ont pas l’habitude de fréquenter les clubs pour les personnes âgées comme les hommes qui peuvent s’y rendre volontiers, à tout moment.
D’après ce qui précède, on peut distinguer deux catégories de retraités : d’une part, ceux qui, gardant encore une bonne santé, sont impliqués fortement dans la vie associative et continuent à vivre au rythme de leur vie antérieure à la retraite en s’adonnant à maintes activités sans se soucier de leur grand âge. D’autre part, ceux qui, suite à des maladies ou faute de moyens, préfèrent se retirer du monde en prescrivant un mode de vie compatible avec leurs capacités physiques et budgétaires et en accordant le maximum de leur temps à la vie familiale. Cependant, quelles que soient les conditions de vie de la personne âgée, la bonne santé reste le souci de chacun pour garantir une fin de vie heureuse. Ces personnes âgées, qui constituent les doyens et les vétérans de la société, ont chacune dans son domaine contribué au développement du pays, et de ce fait, elles sont dignes de plus de respect, de soin et de protection.
En Tunisie, un projet de loi n°30/2025, déjà déposé à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) en avril 2025, proposait la création d’un fonds d’aide pour les personnes âgées, visant à garantir une vie digne aux séniors de 65 ans et plus. Ce fonds sera financé par une subvention annuelle de l’État, des prélèvements sur les pensions de retraite et des dons. Il permettrait la mise en place d’une carte du sénior pour des avantages (transports, tourisme) et le développement d’un service d’accompagnement des séniors.
Hechmi KHALLADI
