Par Samia HARRAR
Un accord historique. Et rien moins que les premiers pas, prémices d’une paix qui devrait être solide et durable, dans ce Moyen-Orient à reconfigurer, pour le meilleur, promet Trump, à qui pour un peu, en y regardant de très près, on pourrait voir pousser des ailes. Et même une auréole s’il continue sur sa lancée, et que son plan pour la paix, aussi claudicant soit-il, s’il advenait qu’il soit respecté dans sa première phase, avec la libération des otages et le cessez-le feu dans Gaza dévastée, venait à être respecté. Au moment de l’annonce de la signature par le Hamas et Israël, de la première phase de cet accord, discuté à Charm-el Cheikh en Egypte, avec la médiation du Qatar, de l’Egypte et de la Turquie, que le président américain ne manquera pas de remercier, et propose le 29 septembre par un Trump, soudainement inspiré et plus motivé que jamais par cette cessation du génocide, qu’il ne nommera pas en revanche, la liesse a éclaté des deux côtés: à Gaza et en Israël, avec une joie mesurée, à l’aune des déceptions passées, l’entité sioniste ayant, à chaque fois, choisi de rompre l’espoir fugace d’une paix très fragile, qui n’advenait toujours pas tandis que les Palestiniens continuaient à tomber sous les bombes, ou à mourir d’inanition tandis que les otages, aussi bien israéliens que palestiniens, perdaient, chaque jour un peu plus, le mince espoir qui les tenait encore «debout», à attendre le jour qui sonnera leur libération. Ce jour est-il enfin venu?
Pour Marwane Barghouthi en tout cas, dont le Hamas avait pourtant exigé la libération, parmi les prisonniers, et non moins otages palestiniens, qui croupissent dans les prisons israéliennes, il semble que l’heure ne viendra jamais, Israël ayant signifié son refus de libérer celui qui est considéré comme le symbole de l’unité palestinienne, appelé à prendre le relais de Abbas, parce que jouissant du respect de toutes les factions palestiniennes, ce qui n’est pas de nature à plaire au gouvernement Netanyahu, qui a toujours misé sur la division du peuple palestinien, et qui s’est toujours mieux arrangé d’une version des faits, et d’un narratif, qui viendrait, au cas où, et peu importe le moment ou l’heure, corroborer ses choix et vision de l’avenir, pour un peuple, et un Etat, dont il n’a jamais accepté ou convenu, même à cette idée d’une reconnaissance, dont il a clairement signifié le refus ad.vitaeaternam. Trump, qui attend son Nobel de la paix, n’aura pas à lui tordre le bras sur la question, puisqu’ils se sont mis d’accord sur l’essentiel. Et cet essentiel se soucie fort peu, en réalité, d’un quelconque droit, pour les Palestiniens, en tant que peuple, à disposer de lui-même sur sa terre qui lui a été volée. Il n’empêche : la joie, fut-elle tristement prudente à Gaza, depuis l’annonce de la signature de la première phase de l’accord de paix de Trump, invite à espérer très fort, que cette fois-ci, les armes vont se taire à jamais dans Gaza martyrisée. Celle des familles des otages israéliens, encore en vie, aussi. Mais ça aussi, c’est la faute d’Israël…
Au mois d’octobre 2024, pour la commémoration du 7 octobre 2024, «Lire Magazine» avait consacré un article à Amir Tibon, journaliste israélien, pour la sortie de son livre «Les portes de Gaza». Où il rapportait, entre autres faits, la déclaration du chef d’état-major alors, Moshe Dayan, un certain 29 avril 1956, alors que le cheval du chargé de la sécurité du kibboutz qu’il visitait, revenait sans ce dernier. Il dira simplement : « Ne blâmons pas ces meurtriers. Pourquoi s’insurger de la haine viscérale qu’ils nous portent? Depuis maintenant huit ans, ils languissent dans les camps de réfugiés de Gaza, et sous leurs yeux, nous avons fait nôtres les terres et les villages où leurs pères et eux résident. De la suite, on attendrait une ode à la paix. Que nenni, tel est le choix de nos vies, poursuivit Dayan : être prêts et armés, forts et déterminés, sans quoi l’épée nous glissera des mains et nos vies seront tranchées net.» Fin de citation. Histoire de rappeler, si besoin est, que le 7 octobre n’est pas né du néant…