Le thermalisme tunisien hérite de traditions anciennes qui remontent à l’époque romaine, remodelées et adaptées par l’introduction des hammams traditionnels. Aujourd’hui, le secteur accueille une clientèle dont seulement la moitié vient pour des raisons de santé, les autres sont motivés par la «remise en forme», «la relaxation» et «la prévention». Par ailleurs, face à la nouvelle demande en tourisme de santé, la Tunisie est assez bien pourvue par son climat ensoleillé, la qualité de ses eaux, la richesse de ses sites touristiques et notamment, sa proximité des pays émetteurs.
La Tunisie dispose d’une importante et bonne eau thermale avec 150 sources thermales recensées, comme la zone de Korbous dans le gouvernorat de Nabeul, Hammam Bourguiba dans le gouvernorat de Jendouba, Djebel Oust dans celui de Zaghouan, Djerba, sans oublier d’autres sources de moindre importance telles que Hammam Zriba, Hammam Bent Jedidi, Hammam Mellègue, Hammam Sayala, Hammam Chefia, etc. Pratiquement, on trouve de l’eau thermale dans tous les gouvernorats de Tunisie. Près de cinq millions de Tunisiens, soit plus de 40% de la population tunisienne, se dirigent chaque année vers les stations thermales ou les bains à base d’eau thermale. C’est pour cette raison, et dans le cadre du développement du tourisme intérieur en Tunisie qui est devenu très diversifié, que l’Office du thermalisme se donne pour objectif de développer le thermalisme dans tous ses aspects au niveau des sources existantes, enrichissant ainsi le tourisme de santé dans le pays. Le thermalisme est un pilier du tourisme intérieur et constitue une priorité compte tenu de l’augmentation d’une demande stimulée par les vertus curatives des eaux thermales qui sont connues dans le monde entier pour leur minéralisation, température et débit.
Les vertus du thermalisme
Les cures thermales ont le vent en poupe en Tunisie. Si elles sont efficaces pour lutter contre le stress, elles peuvent également s’avérer très positives pour la santé. D’ailleurs, il a été décidé d’intégrer la médecine thermale dans les spécialités de rhumatologie, dermatologie, réhabilitation physique et certaines maladies psychologiques, ainsi que le lancement d’un programme national pour la qualification des centres thermaux et des centres de thalassothérapie en collaboration avec la santé et le tourisme. L’enjeu de la cure est de réussir à faire reculer, voire reporter, la maladie sans utiliser d’anti-inflammatoires ou d’antidépressifs. L’objectif final est de se sentir mieux, de ne plus avoir besoin de ce médicament. Les cures thermales sont très fréquentées par les personnes qui souffrent de problèmes musculaires et ostéo-articulaires, de maladies inflammatoires de la peau, de troubles respiratoires et qui sont perçus comme autant d’affections qui peuvent être soignées grâce à la médecine thermale.
A tout âge, on peut tirer profit des bienfaits du bien-être thermal, des nourrissons (à partir de 3 mois) aux femmes enceintes (sur avis médical), en passant par les enfants et les adolescents. Les stations thermales sont d’ailleurs équipées pour de larges publics, 95% disposent d’espaces thermoludiques où se délasser en famille entre parcours hydromassants et soins spécifiques. La détente n’attend pas les années… On peut plonger dans l’univers thermal sous toutes ses formes avec des soins de bien-être (bain hydromassant, application de boue thermale, modelage sous eau thermale) et de longues pauses-détente dans les vapeurs des eaux de source. Les bienfaits des bains prolongés dans les eaux thermales se ressentent immédiatement, un vrai coup de fouet dont les effets perdurent avec le temps. Le remboursement des cures thermales par la sécurité sociale apparaît comme un enjeu majeur, et ce, d’autant plus que les établissements thermaux sont perçus comme des structures pouvant proposer des solutions innovantes aux problèmes de santé de demain et notamment, au vieillissement de la population.
Investir pour relancer
Face à de nouvelles attentes de la clientèle, les stations thermales se réinventent. Investissements massifs et diversification de l’offre visent à construire un modèle plus durable. Si les cures médicales sont majoritaires, le bien-être et la montée en gamme hôtelière deviennent ainsi des leviers essentiels de croissance. Plusieurs stations investissent pour rester compétitives et faire face à cette augmentation des charges. Le thermalisme se cherche un nouvel horizon. Les entreprises gérant ces stations continuent d’investir dans de nouveaux équipements. Elles trouvent leur voie pour innover et attirer de nouveaux publics. D’ailleurs, plusieurs mesures ont été prises, visant notamment, à impulser l’investissement. Il existe d’importants avantages pour les promoteurs, notamment la réalisation des études de faisabilité qui sont prises en charge en grande partie par l’Etat. Mais le grand avantage pour les promoteurs, c’est qu’ils trouvent toutes les facilités, d’autant plus que l’Office se charge de présenter l’étude achevée dans l’ordre de 95% au niveau de la faisabilité, de la rentabilité, des autorisations, etc., ce qui constitue un énorme temps gagné pour le promoteur ; il ne lui reste plus qu’à exécuter son projet tout en respectant un cahier de charges élaboré et mis en place par l’autorité de tutelle.
On recense plus de 30 projets d’investissements sous forme de hammams, station thermale et ville d’eau dans les 20 gouvernorats sauf à l’Ariana, Manouba, Monastir et Tunis. L’investissement pourrait atteindre 680 MD, ce qui permettra de créer 2500 emplois. Plusieurs projets également sont en cours de réalisation à l’instar de la rénovation de la station Hammam Bourguiba (19 MD), la création de stations thermales à Sanchou (13,6 MD), à El Khabayat à Gabès (3,6MD) à Ain Oktor (60MD), à Sidi Ahmed Zarouk (13,5MD), à Hammam Siala (5MD), la création d’un hammam à Sidi Boulaaba (1.12 MD), la rénovation de Hammam Bent Djedidi (5MD), l’extension de Hammam Zriba (0,600MD), le projet écologique Beni M’tir, en utilisant les énergies renouvelables avec une technologie avancée (14.5MD), sans oublier des études en cours pour lancer des projets à Zaghouan, Gabès, Tozeur et Douz. L’Office du thermalisme ne se limite pas à encourager l’investissement mais il s’emploiera à réaliser des études architecturales, à améliorer le captage de l’eau, servir aussi de conseil, d’assistance technique, d’interface et de tiers de confiance dans les partenariats public-privé.
Kamel BOUAOUINA
