Aujourd’hui, sur Internet, les enfants et les adolescents ont accès à des images de conflits armés et de fusillades de masse . Les médias qui retransmettent ces informations violentes sur la guerre à Gaza, en audiovisuelle ou via des vidéos peuvent être consultés à tout moment.Les enfants et les adolescents sont des consommateurs actifs ou passifs des réseaux sociaux ou des chaînes d’information et sont donc particulièrement confrontés à ce type de contenus comme l’explique le coach en relation, Lilia Besbes
Le Temps.news :La guerre, par sa violence répétée, celle des bombardements notamment, serait beaucoup plus traumatisante pour les enfants qu’une catastrophe naturelle ou qu’une grave agression ponctuelle ?
Lilia Besbes : Depuis sa naissance, l’enfant voit et ressent la sécurité à travers ses parents. Aux alentours de 4 ans l’enfant commence à développer des peurs et a besoin d’avoir des personnes rassurantes autour de lui. Lorsque ses parents sont anxieux, l’enfant y est très sensible et cela cause de la peur et un sentiment d’insécurité à l’intérieur de lui. Cette situation aura des conséquences sur l’enfant si les parents le laissent regarder ces images heurtantes pour son âge, elles pourront tourner le soir dans sa tête, empêcher le sommeil et déséquilibrer son rythme.
Au-delà de l’effroi, de la panique, du stress et de la détresse que cela provoque en eux, quelles sont les conséquences de ces images à court et à long terme sur leur santé physique et mentale?
Quand nous regardons des images, des films ou écoutons un dialogue, nous nous construisons une représentation mentale, c’est ce qui va devenir notre réalité subjective. Quand ces images sont liées à des émotions de peur et d’insécurité très fortes, elles vont faire partie de notre réalité subjective et créer un syndrome de stress post-traumatique. .
Il est très probable qu’un enfant qui a vu à la télévision des séquences d’horreur de guerre puisse développer un traumatisme. Il ne faudra pas s’étonner, de voir des enfants qui reprennent à faire pipi au lit ou à se réveiller la nuit suite à un cauchemar
L’enfant risque-t-il de répéter les violences des écrans ou au contraire a tendance à les reproduire sur lui?
L’enfant a tendance à répéter les scènes de violences de son héros afin de lui ressembler. Les scènes de violence de guerre vont l’amener à avoir peur de perdre ses parents, peur d’en être privé, peur que cette guerre ne l’atteigne. Il peut développer de l’anxiété et même une dépression.
Est-il possible de préserver les enfants ? Faut-il éteindre leur ordinateur ou leur téléphone dès qu’ils voient un soupçon de violence ?
Protéger les enfants ne veut pas dire leur cacher la vérité. Les enfants sont très intelligents, on ne peut pas les duper, il vaut mieux en discuter avec eux. En premier les questionner pour découvrir leur représentation personnelle de la situation et en second leur expliquer avec leur propre niveau de langage.
La violence du monde est entre les mains des enfants et des adolescents. Les adultes doivent –ils les guider vers une compréhension nuancée du monde, tout en leur assurant une sécurité psychologique.
En effet, il est nécessaire d’en parler avec eux s’ils posent des questions, répondre à leurs inquiétudes, Il n’y a pas pire situation pour un enfant que de voir ses parents inquiets et anxieux, cela le déroute alors qu’ils sont censés représenter ses repères.
Comment pouvons-nous assurer leur sécurité si la peur et le désespoir nous envahissent également et gérer leurs traumatismes causés par ces images violentes de la guerre ?
Il est urgent que les parents travaillent sur la gestion de leur propre stress avant de chercher à rassurer un enfant, autrement ils lui communiquent inconsciemment le leur. Pour rassurer son enfant: En premier, prendre le temps de montrer à son enfant une carte géographique, lui montrer ou se trouve la guerre et le rassurer sur le fait que son pays est très loin de ce lieu. Ensuite, lui expliquer que son pays n’est pas convoité et donc ne risque pas d’être un jour en guerre. Cela pourra être déjà très rassurant pour lui. Il faudra veiller à continuer à faire des sorties en famille, faire ensemble des exercices de respiration et de relaxation, ce sera bon aussi bien pour l’enfant que pour les parents.
Kamel Bouaouina