Les enseignants suppléants du primaire et du secondaire n’en démordent pas. Les coordinations nationales de ces enseignants temporaires, dont certains exercent depuis plus d’une quinzaine d’années dans des conditions très précaires, ont annoncé, hier, le rejet des contrats d’une durée de neuf mois proposés mercredi par le ministère de l’Education et la poursuite de leur mouvement de boycott des cours.
« Les contrats proposés par le ministère de tutelle sont largement en deçà de nos attentes. Ces contrats de neuf mois ne permettent en aucun cas de rompre avec la précarité de l’emploi dont nous souffrons depuis de longues années », explique le porte-parole de la coordination des instituteurs suppléants Chiheb Mosbah.
« Ce contrat représente d’ailleurs une violation du Code du travail et des lois en vigueur. Ils ne comportent ni une clause relative à l’intégration à leur expiration, ni une couverture sociale aux enseignants », a-t-il ajouté, indiquant que le boycott des cours se poursuivra jusqu’à la régularisation définitive de la situation des enseignants suppléants, déplorant « l’absence de dialogue entre le ministère de l’Education et la fédération générale de l’enseignement de base qui reste l’unique représentant légitime des suppléants ».
Les instituteurs suppléants, dont le nombre s’élève à environ 4500, sont soutenus par la fédération générale de l’enseignement de base, qui exige « la suppression des diverses formes d’emplois précaires, dont le recrutement sous contrat proposé par le ministère », et plaide pour l’intégration de l’ensemble de ces enseignants temporaires. Ils brandissent désormais la menace de boycotter les examens d premier trimestre au cas où les autorités de tutelle continueraient à faire la sourde oreille
De leur côté, les enseignants suppléants du secondaire ont rejeté les contrats d’une durée de neuf mois et réaffirmé la poursuite du boycott des cours. Ils se montrent cependant plus souples que les instituteurs suppléants dans la mesure où ils acceptent le mode de recrutement sur contrat à condition que la durée de celui-ci soit d’une année et non de neuf mois seulement.
« Nous poursuivrons le boycott des cours, mais nous sommes prêts à reprendre le travail, si le ministère allonge la durée des contrats à douze mois et annonce des délais précis pour la titularisation », a indiqué le président de la Coordination nationale des professeurs suppléants, Malek Ayari.
Une majoration salariale de 500 dinars
Le responsable syndical plaide aussi pour la création d’une deuxième base de données regroupant les suppléants ayant exercé entre septembre 2016 et juin 2023, en plus de celle couvrant la période allant de septembre 2008 à juin 2016.
« La galère des enseignants suppléants des enseignants du secondaire dure depuis 2008. Alors que l’inflation a atteint des sommets, ces enseignants ne touchent qu’une indemnité mensuelle de 750 dinars, dont 150 dinars sont prélevés chaque mois à titre de cotisations sociales », a révélé le président de la Coordination nationale des professeurs suppléants.
Il a fait savoir d’autre part qu’environ 14% de ces enseignants sont aujourd’hui âgés de plus de 50 ans, notant que ces derniers se trouvent encore obligés d’emprunter de l’argent à des proches pour subvenir aux besoins de leurs familles ou se faire soigner. Raison pour laquelle la coordination souligne la nécessité de l’adoption du critère de la bonification en fonction de l’âge en ce qui concerne la régularisation de la situation des enseignants suppléants, la généralisation de la couverture sociale à l’ensemble des enseignants temporaires et le versement des salaires échus et non payés.
Le nombre des professeurs suppléants s’élève aujourd’hui à environ 10.000 enseignants, dont un grand nombre a bouclé plus de dix ans d’exercice dans différents établissements d’enseignement secondaire du pays. Outre la précarité de l’emploi, une bonne partie de ces enseignants sont privés de couverture sociale malgré les prélèvements effectués sur leurs émoluments au profit de la Caisse nationale de retraite de prévoyance sociale (CNRPS).
Le ministère de l’Education a appelé, mercredi les instituteurs et les professeurs suppléants à rejoindre les délégations régionales dont ils relèvent, pour signer des contrats dans leur nouvelle formule, qui prévoient une majoration de leur salaire de 500 dinars à compter de septembre 2023 (de 750 dinars à 1250 dinars).
Les autorités de tutelle ont jusque-là motivé la non-application des accords conclus avec les
Syndicats de l’enseignement sur le recrutement des enseignants suppléants par les fortes pressions qui pèsent sur les finances publiques et l’engagement du gouvernement à réduire les effectifs de la fonction publique et à geler les recrutements pour répondre aux exigences des bailleurs des fonds relatifs à la réduction de la masse salariale du secteur public.
Walid KHEFIFI