La Conférence sur l’Alternance en Tunisie a dévoilé les résultats clés de l’étude approfondie menée par EFE-Tunisie sur l’alternance en informatique. Organisée dans le cadre du projet Digital Works et soutenue par l’Initiative Spéciale « Emploi décent pour une transition juste » du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), cette conférence a constitué une plateforme unifiée rassemblant des représentants gouvernementaux, des entreprises, des universités et des étudiants alternants bénéficiaires du projet. L’événement a mis en lumière le potentiel révolutionnaire de l’intégration de l’alternance en IT dans la collaboration entre le secteur privé et public, explorant les avantages concrets pour toutes les parties prenantes.
La présentation des résultats, basée sur des enquêtes semi-structurées auprès de 15 entreprises, 100 alternants et 11 établissements universitaires privés, met en évidence l’impact significatif de l’alternance sur le secteur. Cette analyse détaillée offre une perspective approfondie, révélant une croissance impressionnante du nombre d’alternants, avec un taux moyen de 97 % d’achèvement des études. Les avantages de l’alternance, tant du côté des alternants que des entreprises et des établissements universitaires privés, sont clairement définis dans cette étude, tout en soulignant la nécessité d’améliorations spécifiques pour renforcer ce modèle.
Les évaluations positives de l’efficacité et de la satisfaction des trois parties prenantes soulignent une perception globalement favorable du modèle d’alternance en informatique. Cependant, des recommandations ont été émises, mettant en lumière la nécessité d’améliorations, notamment en termes de flexibilité dans la planification, d’intégration de certifications, de rémunération compétitive, de communication renforcée, et de services d’accompagnement psychologique pour les alternants.
Lors de la conférence, Lamia Chafai, CEO de la Fondation EFE-Tunisie, a souligné l’importance de la compétitivité des talents dans le secteur des TIC, plaidant pour positionner la Tunisie en tant que leader. Ahmed Bouden, expert en transformation digitale chez GIZ Tunisie, a partagé le succès du programme Digital Works, initié en réponse aux retours positifs d’entreprises allemandes partenaires.
Kais Sellami, Président de la Fédération des TIC de l’UTICA, a mis en avant l’importance cruciale de l’alternance dans le secteur du numérique en réponse à la fuite des compétences accentuée par la pandémie. Il a plaidé pour l’anticipation et la recherche précoce de talents numériques, affirmant que l’alternance est un levier essentiel pour détecter et retenir les compétences, procurant un bénéfice mutuel à l’étudiant, à l’entreprise, et à l’université.
Les avantages de l’alternance pour l’étudiant, tels que l’immersion dans la vie professionnelle, la mise en pratique des compétences réelles et la rémunération, ont été soulignés. Du côté des entreprises, l’alternance est présentée comme une opportunité de dénicher et de fidéliser des talents tout en contribuant à la stabilité des ressources humaines. Pour l’université, cette approche favorise un contact direct avec le marché du travail et permet d’adapter les programmes d’enseignement aux besoins du marché.
Le premier panel « L’Alternance comme Solution pour la Formation et le Recrutement de Talents dans le Secteur IT en Tunisie » a mis en lumière l’importance cruciale de l’alternance dans la formation et le recrutement des talents du secteur IT. Les intervenants ont souligné l’opportunité d’investir dans la formation des alternants tout en les maintenant au sein de l’organisation sur le long terme.
Néanmoins, le panel a reconnu les défis associés à l’alternance, notamment la nécessité d’un encadrement approfondi des alternants, mettant particulièrement l’accent sur le développement des compétences « soft skills ». La question du cadre juridique a également été abordée, soulignant le besoin d’améliorations pour favoriser une rétention efficace des alternants. Les participants ont mis en avant l’impact positif de l’alternance sur l’innovation, soulignant que les équipes mixtes, intégrant des alternants, favorisent l’exploration de nouvelles technologies avec un investissement moindre.
Le second panel, « L’Offre de Formation par Alternance et son Adaptation au Besoin du Marché IT en Tunisie », a rassemblé des intervenants éminents du secteur IT, partageant des perspectives cruciales sur l’évolution des programmes de formation par alternance. L’expérience réussie d’Esprit avec des partenaires tels que Vermeg et Sagemcom a été mise en avant, soulignant l’opérationnalité des alternants dès la première année.
Lors du dernier tour de table, un consensus s’est dégagé sur plusieurs points cruciaux. L’alignement des programmes de formation a été mis en avant comme une priorité essentielle, avec une attention particulière à l’augmentation du capacitaire en enseignants. L’exode des élites tunisiennes a été perçu comme un défi à relever, mais également comme une opportunité d’ouvrir des chances à des profils diversifiés.
La conclusion de la conférence a mis en avant plusieurs recommandations essentielles, proposant notamment la création d’une task force impliquant la DGRU (Direction Générale de la Rénovation Universitaire) et la DGET (Direction Generale des Etudes Technologiques) pour réfléchir à un cadre optimal d’ouverture des structures publiques à l’alternance, avec un accent particulier sur l’alignement des contenus de formation pour orienter efficacement les jeunes vers des opportunités d’emploi. L’objectif serait de faciliter l’expérience d’alternance tant pour les entreprises que pour les jeunes.
Lamia Chafai a souligné l’importance d’un rapprochement étroit entre les différentes parties prenantes, notamment les entreprises, les structures publiques et les établissements d’enseignement supérieur. Elle a pris note des préoccupations exprimées par les entreprises concernant le marché, soulignant que la résolution de ces inquiétudes passe par une collaboration étroite.
Enfin, une proposition concrète a été avancée : créer une association qui s’engage directement avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et du Ministère des Technologies de la Communication. Cette association aurait pour mission de concrétiser les suggestions discutées lors de la conférence. Mme Chafai a exprimé sa volonté d’aller au-delà des paroles et de concrétiser ces idées pour contribuer au développement du secteur des TIC en Tunisie.