« C’est un endroit tellement beau et inspirant. Mais il y a des décharges d’égouts à la plage de Yasmina et je ne peux pas m’empêcher de me demander si on y est en sécurité », se désole Moncef, un habitant d’Hammamet. Pour les habitants, le problème de la pollution devient pesant : les canalisations des eaux usées qui courent le long du littoral (quelle idée de les aménager à proximité de la mer !) sont à découvert depuis plusieurs mois du fait de l’avancée de la mer.
La plage de Yasmina est plus que menacée. Une canalisation avec un diamètre pareil ne peut être qu’un égout, disent-ils. Au vu de tous les déchets qui ont infecté la plage, les habitants ont saisi les autorités compétentes pour stopper cette atteinte à l’environnement. Associations, députés, et citoyens se sont mobilisés pour sauver ce littoral et pour que cette côte d’Azur ne disparaisse pas. La pollution menace la plage de Yasmina depuis quelques mois comme en témoigne les débordements des canalisations, ceux des eaux de ruissellement, les rejets des débordements d’égouts et des débordements d’eaux usées sanitaires. Ces canalisations des eaux usées sont endommagées et se déversent directement dans l’eau tandis que d’autres menacent de se rompre entraînant une pollution marine avec des conséquences environnementales et surtout sanitaires. En effet, l’eau s’écoule sur la terre, ramassant sur son passage de nombreux produits toxiques, tels que les produits chimiques, les sédiments et les polluants, et le tout se retrouve dans les collecteurs d’eaux pluviales, les rivières, les ruisseaux et finalement sur la plage.
Depuis quelques années, diverses études locales menées sur des sites littoraux variés ont tenté de dresser un bilan écologique précis de ces espaces, de déterminer la nature des menaces ainsi que les défaillances dans les modes de gestion appliqués. Accumulation de détritus et de déchets, notamment de déchets plastiques, de microplastiques, de bouteilles, de canettes, de mégots, de bouchons et de couvercles. Ces déchets peuvent atteindre la plage
Et comme l’atteste Dr .Salem Sahli , président de l’Association d’éducation relative à l’environnement « La santé de la population est désormais en danger et l’on risque la réapparition d’un cortège de maladies oro-fécales que l’on croyait disparues : poliomyélite, fièvre typhoïde, infections intestinales diverses, hépatite A, etc.. Mais pour combien de temps ? Et l’on continue d’ignorer les appels de la société civile locale qui, depuis des années et à maintes reprises, a tiré la sonnette d’alarme sur ce sujet, organisé nombre de tables rondes et séminaires et alerté les autorités en charge de la gestion du littoral. Mais rien n’y a fait. Le médecin a alerté contre une contamination des eaux littorales et des poissons pêchés dans les zones environnantes. « Tout ça se retrouve ensuite sur les tables des Tunisiens ! », a-t-il dénoncé. Il a appelé à prendre des mesures urgentes et a souligné la nécessité de passer à l’action en orientant le déversement des eaux polluées ailleurs que dans le milieu naturel.
Dans l’urgence, il faut colmater les fuites d’eaux usées et veiller à ce qu’aucune goutte d’eau polluée ne se déverse dans la mer. Il y va de la santé de la population a insisté le député Yacine Mami qui a pris les choses au sérieux. Il a multiplié les contacts auprès de la municipalité, l’APAL et l’Office national de l’assainissement (Onas) . Finalement son dernier entretien avec le PDG de l’ONAS s’est concrétisé par déplacement des canalisations .Le projet a été confié à un bureau d’études qui a entamé son travail depuis mercredi 24 janvier sur le terrain. L ’étude évaluera le projet et estimera le coût des travaux. «Nous espérons que cette étude permettra de faire avancer les choses et aboutira au lancement du projet final» a souligné le député d’Hammamet qui a appelé accélérer la concrétisation du projet pour que la plage d’Hammamet retrouve sa splendeur
Kamel BOUAOUINA