Les prêts bancaires sont monnaie courante du côté de chez nous surtout en ces temps de marasme et de crise économique où pratiquement tous les ménages y ont recours pour diverses raisons : cours particuliers à assurer à la ribambelle, études à l’étranger pour la petite dernière, mariage de l’un des rejetons, achat d’une voiture « populaire »(?), octroi d’un vétuste deux pièces haut perché là-bas au quatrième étage, s’acquitter de la lourde ardoise contractée et alourdie au fil des jours auprès des fournisseurs tels l’épicier, le boulanger, le marchand de légumes, le libraire, le pharmacien du coin ; etc. Les montants variant de quelques malheureux 500 dinars à une poignée de millions.
Bien entendu, nous ne parlons pas de certaines grosses pointures se contentant de passer un simple coup de fil au PDG de tel ou tel organisme bancaire étatique ou pas pour décrocher une allonge faramineuse sans la moindre garantie, sans le moindre engagement se rapportant aux modalités et autres délais de remboursement. Très lourd dossier évoqué du reste par le Président de la République Kaïs Saïed qui a mis le doigt en personne sur l’étendue monstrueuse de ces frauduleuses opérations mettant à genou l’Economie Nationale.
Lourdes garanties à présenter
Donc pour le commun des mortels appartenant au bon petit peuple, il doit présenter une masse de paperasses et patienter une éternité pour parvenir à décrocher la grosse timbale : attestation de travail, aval de son patron, hypothèque d’un bien familial, et une visite médicale. L’organisme remet au postulant un formulaire fourni par l’une des assurances de la place avec plusieurs pages à remplir auprès d’un médecin de son choix ou accrédité auprès de la banque.
Le montant de cette assurance étant prélevé directement du crédit alloué par la banque. Une batterie d’analyses aussi longue, variée que fatalement onéreuse pur commencer. Un examen cardiaque, Electrocardiogramme (ECG) l’appui.
Les questions y figurant se rapportant à tous les organes du corps voire à toutes ses cellules ! L’âge des ascendants, de la fratrie, cause de décès de chacun d’entre eux, antécédents médico-chirurgicaux du client, habitudes culinaires, tabac, alcool, pratique du sport, service militaire… tout est passé au peigne fin histoire d’assurer ses arrières à la compagnie d’assurance. Car faut-il le souligner, en cas d’un décès ou d’une incapacité de rembourser le prêt suite à une invalidité dument certifiée, c’est l’assurance qui se charge d’indemniser intégralement la banque.
Le comble du burlesque
Ce formulaire est clôturé par deux questions adressées au médecin examinateur d’une aberration aussi abracadabrante qu’incongrue, jugez-en par vous-même :
» Faites-vous des réserves
- a) Sur la longévité du proposant ?*
- b) Sur les risques d’invalidité partielle ou totale ? »*
En d’autres termes, pensez-vous que la proposant risque de mourir incessamment ou de contracter une maladie lui imposant une invalidité partielle ou totale contraignant dans pareils cas de figure l’assurance à y aller de sa propre poche pour couvrir le prêt auprès de la banque ! Comble de l’ignorance, de l’amour du lucre, de l’appât du gain facile. Seul Dieu tout puissant étant en mesure de répondre à une pareille interrogation. Sachant que médicalement parlant, un sujet jeune bien portant, bien constitué, pourrait passer de vie à trépas en un clin d’œil et qu’un malade chronique souffrant de pathologies aussi multiples que graves pourrait continuer à survivre en dépit de la condamnation définitive et irrévocable par son corps soignant.
L’étrange audace d’une banquière
Une histoire véridique rapportée par un médecin de libre pratique : » Il a rempli de fameux formulaire pour l’un de ses patients une fois le bilan clinique, biologique, électrique (ECG) avéré positif et ne souffrant la moindre anomalie. Six mois plus tard, il fut contacté par une responsable de l’assurance ayant couvert le crédit de son patient en ces termes : » Vous avez répondu aux deux dernières questions* par la négative ; Et sa banque vient de nous informer de son décès sans la moindre maladie, sans le moindre signe précurseur !
La réponse du praticien fut un cinglant camouflet à sa correspondante à la hauteur de son insolite et non moins indélicate doléance : Je me suis référé à son bilan parfait pour délivrer pareille affirmation ; et que je sache je ne suis pas Dieu tout puissant pour prévoir sa mort subite six mois après. Par ricochet, comment osez-vous rechigner à couvrir un malheureux crédit de 900 dinars alors que vous amassez des sommes colossales annuellement sans vous fouler en assurant les clients. Une fois, ce n’est pas coutume, vous êtes dans l’obligation de casquer, ce ne sera sûrement pas ruineux pour votre solide compte bancaire !
Il serait souhaitable que toutes les compagnies d’assurance de la place planchent sur cette déraisonnable question en s’entendant à l’unisson à supprimer une bonne fois pour toutes ces deux ultimes interrogations n’ayant ni tête ni queue et les couvrant de ridicule pour ne pas dire plus …
Mohamed Sahbi RAMMAH