La cause palestinienne à l’honneur, et… du « vidéasme » à volonté. Pour sa sixième édition qui se tient du 27 avril au 1er mai, Gabès Cinéma Fen fait la part belle, cette année, à la Palestine, sur fond de génocide perpétré par l’entité sioniste à Gaza depuis le 7 octobre dernier. L’art vidéo, la réalité virtuelle et les installations d’arts visuels, constantes caractéristiques de ce festival, accaparent une grande partie de la programmation. Le festival propose des rencontres-débats aux festivaliers et des projections de films aux enfants. Programme à découvrir, la beauté de Gabès fera le reste.
D’après les organisateurs, la cause palestinienne est placée cette année au cœur du festival, à travers une programmation qui tentera de braquer un gros plan sur l’identité palestinienne dans un contexte de génocide. Au programme : des classiques du cinéma palestinien et arabe pro-palestinien à revisiter, des films plus récents de la diaspora palestinienne à (re)découvrir, mais aussi des essais de vidéastes plutôt axés sur l’expérimentation à explorer. Le festival rend hommage par ailleurs à des figures militantes comme Ghassan Kanafani et Hani Jawharia.
Parmi les dizaines de longs-métrages au programme : La Mémoire fertile (1980) et Cantique des pierres (1990) de Michel Khleifi, Introduction à la fin d’un argument (1991) d’Elia Suleiman, Les Dupes (1972) de Tawfik Saleh, Kafr kasem (1975) de Borhen Alaouié, Cent visages pour un seul jour (1971) de Christian Ghazi, Terre de paix (1957) de Kamal Cheikh, et L’heure de la libération a sonné (1974) de Heiny Srour pour ne citer que ceux-là.
Des longs-métrages plus récents, entre documentaires et fictions, sont programmés alors que plusieurs courts-métrages, dont quelques chefs-d’œuvre du cinéaste palestinien Mustapha Abu Ali, sont également proposés. Les essais filmiques prennent aussi une belle part de la programmation avec notamment une ou deux œuvres de la talentueuse et non moins intrigante Palestinienne Basma al Shérif, pour ne citer qu’elle. D’autres films ont été programmés pour mettre en évidence les luttes du Sud-Global (Amérique du Sud, Ais et Afrique), tandis qu’une section a été dédiée aux « urgences environnementales locales ». Des projections de films, dont le très beau long-métrage d’animation Wardy (2019) du Norvégien Mats Grorud et des ateliers créatifs sont proposés aux enfants, alors qu’un programme itinérant (Cinéma Tdour) complète le volet cinéma.
Les arts visuels et l’art vidéo, constantes de la programmation lors des dernières éditions, sont encore mis en évidence cette année avec au moins trois installations collectives et plusieurs essais de vidéastes à découvrir. D’abord, EL KASMA, une exposition internationale d’arts numériques, dont le vernissage aura lieu le premier jour du festival, et qui est organisée chaque année sur la corniche de Gabès, à quelques mètres du bunker de la Seconde Guerre mondiale qui a donné son nom à EL KASMA.
L’exposition est intitulée « Autres Soleils : vers une cosmopolitique des non-alignés », dirigée par Ana Vaz, sa curatrice, qui est une réalisatrice brésilienne originaire du Midwest et imprégnée par les ombres fantomatiques de Brasilia. Sous la direction de Fatma Kilani et Melek Gnaoui, cette exposition explore des thèmes allant de l’Amazonie brésilienne à la Palestine occupée, en passant par Tehuacán et les frontières contestées autour d’Amman.
Ensuite, une section dédiée à la réalité virtuelle, qui vise, d’après les organisateurs, à « mettre en lumière les œuvres d’art utilisant les techniques de réalité virtuelle pour offrir des expériences cinématographiques uniques, explorant de nouvelles frontières de narration ». Enfin, une sélection de vidéastes tunisiens qui présenteront leurs expérimentations dans une section nommée « K-Off ».
Des rencontres-débats sont, par ailleurs, au programme, notamment avec la militante algérienne Wassila Tamazli qui présentera son livre « Omar Gatlatou : Sauvegarde », et avec la journaliste et réalisatrice allemande Monica Maurer, qui partagera son expérience au sein de l’Unité du Cinéma Palestinien de l’OLP à partir de 1977. Durant de cette période, elle a réalisé une dizaine de documentaires en 16 mm dont deux seront projetés avant la rencontre.
Slim BEN YOUSSEF