Le mouton de l’Aïd fait face, ces jours-ci, à une invasion massive du marché par les intermédiaires, autrement dit les « gachara » comme on aime les qualifier en Tunisie. Des « gachara » qui ne se contentent pas de faire envoler les prix, mais qui provoquent décidément une pénurie notable dans les points de vente, dits « contrôlés », à quelques semaines de l’Aïd.
A en croire Naceur Amdouni, membre de l’UTAP (Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche), seulement 150 mille moutons de l’Aïd seront vendus vivants à la pesée, sur un total de 800 à 900 mille proposés à travers les points de vente contrôlés. Les intermédiaires (« gachara ») commencent à maîtriser véritablement le marché, souligne le responsable.
Quelle différence entre « Errahba » et les points de vente « contrôlés » ?
Évoquant la position de l’UTAP concernant plusieurs dossiers relatifs aux moutons de l’Aïd, Amdouni a fait remarquer auprès de l’agence TAP que le nombre des moutons de sacrifice proposé au niveau des points de vente est faible. Il a, à ce propos, appelé les consommateurs à s’orienter vers les points de vente qui sont au nombre de deux au niveau de chaque gouvernorat, afin de voir la différence des prix de vente entre les points de vente ordinaires (Errahba) et ceux (points de vente) contrôlés. Ces derniers présentent plusieurs avantages dont le contrôle sanitaire de bétail et la proposition de la valeur réelle du mouton de sacrifice, a-t-il noté.
L’UTAP est ouverte aux différentes propositions, a ajouté Amdouni affirmant que le dossier est encore en phase de négociations avec les ministères de l’agriculture et du commerce, rappelant que l’organisation revendique une augmentation de près de 6 dinars en comparaison avec les prix de l’année précédente. L’UTAP a, en effet, proposé un prix, de vente le kg vif de viande de mouton, entre 24 et 25 dt, a-t-il dit. Ce prix a été fixé selon le coût de production sans prendre en considération la marge bénéficiaire, a encore expliqué la même source.
Les propositions de l’UTAP et les parties gouvernementales se rapprochent, a noté Amdouni, estimant qu’un accord sera certainement conclu prochainement sachant que la proposition faite par la partie gouvernementale est estimée à 22dt/kg. L’Union souligne son attachement à préserver l’intérêt du producteur afin de ne pas porter atteinte au processus d’élevage des moutons de l’Aïd, a-t-il soutenu.
Bénéfices de 400 dinars par mouton !
Amdouni a souligné, par la même occasion, l’importance des efforts déployés par l’Etat afin d’aider les éleveurs de bétail de sacrifice et contrôler le coût de production en mettant en place une politique permettant de favoriser les fourrages et limiter l’intervention des intermédiaires notamment concernant l’approvisionnement en fourrage grossier. Les intermédiaires achètent, en près de deux mois, des moutons de l’Aïd des éleveurs, étant donné que ces derniers n’ont pas les moyens nécessaires pour achever le cercle d’engraissement de bétail, a expliqué Amdouni.
Ainsi, le prix du mouton de l’Aïd s’envole de 600 à mille dinars en une courte période, permettant d’encaisser des bénéfices estimés à près de 400 dt par mouton, a fait savoir Amdouni.
Le commerce du mouton de sacrifice nécessite une intervention de l’Etat notamment concernant le dossier de liquidité financière, à savoir, les sommes qui dépassent 5 mille dinars, lors de la vente des moutons conformément à la loi en vigueur, a conclu le responsable de l’UTAP.
En effet, les paiements par cash sont plafonnés à 5.000 dinars. L’objectif est de préserver les liquidités auprès des banques. Cette mesure fait suite à l’approbation par l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) de l’article 42 de la Loi de finances 2019 lors de la plénière tenue le 8 décembre 2018. En vertu de cet article, tous les paiements en espèces des montants dépassant les 5.000 dinars ne seront pas autorisés.
(avec TAP)