Bady Chouchène, l’illustre peintre, originaire de Mahdia expose à un rythme régulier chez son ami Mohamed Ayeb à la galerie Ain des Jardins de Salammbô. C’est un habitué fidèle à son rendez-vous annuel où il nous propose chaque fois ses toutes dernières créations. Cette fois-ci, il est présent du 18 mai au 07 juin 2024 avec environ 30 tableaux de différents formats qui font la gaité de la somptueuse galerie. A vrai dire le thème et les techniques sont les mêmes, mais à chaque fois, notre artiste sait exercer de nouvelles émotions chez le visiteur, grâce à son expressionnisme, son style et sa gamme chromatique très variée.
Dans cette exposition, l’artiste nous propose 27 œuvres à l’huile où le patrimoine et la tradition sont valorisés. Allant des formes figuratives aux formes abstraites, l’artiste recourt aux couleurs tantôt chaudes, tantôt froides, parmi lesquelles s’infiltrent des rayons de lumière rendant la scène plus gaie et plus vivante. Son pinceau va où le mènent les couleurs. Dynamiques et fluides, ces couleurs sont habitées d’ombres en mouvance et nous offrent de vraies scènes quotidiennes.
L’on remarque également, quasi dans toutes les œuvres, cette foule omniprésente des gens qui circulent ou s’amassent dans les ruelles de l’ancienne Médina, au point qu’on imagine un mouvement perpétuel qui rend la scène plus animée. Parfois même, le visiteur tend l’oreille devant chacune des toiles, comme pour écouter les sons et les bruits qui se dégagent de la scène, en se mettant dans l’ambiance chaleureuse et mouvementée de la Médina. Bercée dans un monde à la fois réel et imaginaire, l’œuvre de Chouchène se distingue par la vivacité de la palette, la spontanéité du geste et la puissance du trait.
En effet, pour Bady, les couleurs signifient rythme et mouvement : tout semble actif et dynamique, tout donne une expression d’animation, d’énergie et de vivacité. Parmi les couleurs chaudes intervient toujours cette tache blanche qui attribue à l’œuvre son aspect d’optimiste et d’espoir. Sa force réside dans le fait de créer une impression d’ensemble et toujours des sensations nouvelles chez le visiteur. Aussi faut-il prêter une grande attention à ses compositions et à son élaboration de l’espace qu’il manipule à sa guise et qu’il couvre de ses belles taches de peinture colorées.
La Médina, ses ruelles, ses maisons, ses portes, les habitants, leurs costumes et leurs métiers artisanaux sont traités d’une manière profonde, correcte et raffinée qui dénote d’une certaine nostalgie des années d’antan et donne envie de retourner aux us et coutumes des années du bon vieux temps ! Aussi a-t-on l’impression, lors de notre visite, que Bady Chouchène est en train de nous raconter une histoire patrimoniale à travers ses toiles qui ont l’air de former une continuité et un enchainement des scènes et des vues, où l’expression picturale nous rappelle celle d’un véritable poète. Si ce dernier joue avec les mots, notre artiste s’adonne au jeu du pinceau qui s’emmêlent et font naitre de véritables œuvres d’art.
Hechmi KHALLADI