Par Raouf KHALSI
Une véritable razzia induisant un large plébiscite : sans surprise, Kaïs Saïed est élu Président pour un deuxième mandat successif.
Pourquoi cette razzia et pourquoi Kaïs Saïed, s’interrogerait-on ?
Kaïs Saïed, d’abord parce qu’il s’agit de continuité de l’Etat. Cet Etat clochardisé durant une lourde décennie de chape de plomb et au cours de laquelle toutes les manœuvres de la ploutocratie et celles d’un semblant de régime parlementaire auront conduit à la déstructuration de l’Etat, drapée d’une illusion démocratique. Le Parlement d’avant le 25 juillet ? Une arène de combats tournant au ridicule sous l’effet encore d’une partitocratie tout induite par des gradations doctrinales où s’estompent les nuances et où s’affrontent les démagogies destinées à anesthésier le peuple, cependant que l’islam politique orchestrait un jeu morbide consistant à corrompre les âmes au nom du refuge de la religion, vieux mécanisme à la Tartuffe.
Kaïs Saïed, ensuite, parce qu’il est porteur d’un projet égalitaire où le peuple veut. Ce n’est pas un simple slogan électoral. C’est plutôt la revalorisation d’un peuple à la traîne et auquel on ne demandait pas son avis. Il s’agit aussi de combattre les disparités régionales, de jeter un rayon de soleil sur tous ceux qui sont nés de l’autre côté de la barrière.
Kaïs Saïed, enfin, c’est parce qu’il exprime un souverainisme à tous crins, réconfortant ainsi la nation dans ses plus marquantes expressions de la souveraineté simplement parce que la Tunisie n’est pas à vendre. Et elle ne le sera jamais.
Du coup, la démocratie par la base n’est plus une utopie. Elle s’exprime dans le tréfonds de la conscience populaire à mi-chemin entre la démocratie directe et la démocratie représentative. Et il ne s’agit pas, comme l’affirment certains observateurs, de démocratie gouvernée.
Aujourd’hui, il y a à tirer les enseignements de ce scrutin de la Présidentielle.
En cinq ans, particulièrement depuis le tournant du 25 juillet et surtout à la lumière de la Constitution de 2022, le peuple renoue avec son roman d’origine, c’est-à-dire un régime présidentiel avec un équilibre fluide des pouvoirs. Mais c’est aussi le raffermissement du sens de l’Etat, de sa pérennité et de sa continuité dans le temps et l’espace.
Un autre enseignement, et non des moindres, a trait aux jeunes. Il y a désaffection quelque part. Les jeunes ont besoin de credo, celui de croire en une solution à leurs questionnements existentiels.
Parce qu’à la fin des fins, les jeunes, ce ne sont pas le problème. Mais la solution.