Lors d’une séance plénière tenue mardi 19 novembre courant consacrée à l’examen de la mission éducative à l’horizon 2025, le ministre de l’Education, Noureddine Nouri, a annoncé, entre autres, le recrutement de 31 psychologues en 2025, dans le cadre d’un plan d’action en vue de lutter contre l’échec scolaire, mettant l’accent sur l’encadrement des élèves à risque et le renforcement de la prise en charge psychosociale. En voilà de bonnes nouvelles, sachant que la présence de psychologues au sein des établissements scolaires est devenue indispensable.
Le recrutement des 31 psychologues dans nos écoles est une bonne nouvelle annoncée par le ministre de l’Education, sachant que depuis toujours, le rôle du psychologue scolaire a été souvent méconnu ou sous-évalué. Pourtant, il est un maillon essentiel de l’équipe éducative, intervenant à plusieurs niveaux pour assurer la réussite et le bien-être de chaque élève.
En effet, il n’est pas dans la tradition de nos écoles de se doter d’un spécialiste en psychologie pour l’encadrement des élèves en difficulté ; cette tâche a toujours été l’apanage des assistantes sociales ou du corps enseignant. A l’heure où les cas de violence, de toxicomanie et d’abandon scolaire se sont propagés dans nos écoles, la présence de psychologues devient une nécessité absolue. Le recours à des psychologues peut être un pas important vers un mieux-être comportemental de nos élèves.
Quel rôle des psychologues dans un établissement scolaire ?
Le rôle des psychologues dans un établissement scolaire consiste principalement à accompagner les élèves face à des difficultés émotionnelles, comportementales ou d’apprentissage. Ils établissent un lien entre le développement psychologique des élèves et leur performance scolaire. Leur mission inclut l’évaluation des besoins individuels, l’intervention auprès de ceux nécessitant une attention particulière, notamment ceux en situation de handicap, ainsi que l’assistance pour aider les élèves à surmonter des obstacles dans leur parcours éducatif. Ils établissent ainsi un lien entre le développement psychologique des élèves et leur performance scolaire.
Les services de psychologie jouent un rôle crucial dans les établissements scolaires. Avec une école qui est devenue peu accueillante et de moins en moins motivante pour la plupart des élèves, avec les nouveaux comportements de ces derniers au sein de l’établissement et vu leurs rapports souvent tendus avec leurs enseignants, les psychologues sont de plus en plus sollicités dans le milieu scolaire pour leur expertise en matière de communication avec les jeunes.Ils sont là pour aider et soutenir l’élève dans son cheminement scolaire, mais aussi pour assurer un fonctionnement harmonieux sur les plans personnel, social, affectif et familial, ce qui peut favoriser son bien-être et sa réussite académique. Leur présence permet également d’identifier et de traiter les problèmes d’apprentissage et de comportement, contribuant ainsi à créer un environnement scolaire plus sain.
Les psychologues scolaires ont pour rôle de soutenir les élèves dans leur scolarité. Ils interviennent principalement pour le dépistage des besoins psychologiques des nouveaux élèves qui viennent de l’école primaire au collège ou ceux qui passent du collège au lycée pour qui ce passage d’un cycle à un autre est souvent difficile. Ces professionnels aident également à gérer le stress, à développer l’estime de soi et à améliorer le bien-être psychologique des élèves, contribuant ainsi à leur réussite scolaire.
Le psychologue tunisien fait face à plusieurs défis
Chaque année, des centaines d’étudiants en psychologie sortent de l’université avec leur master en poche et ils sont de plus en plus nombreux. La situation des psychologues en Tunisie est en pleine évolution et plusieurs entreprises ou associations y recourent ces dernières années, en raison des défis modernes et du climat postrévolutionnaire qui a énormément influé sur le comportement des gens dans la société comme au sein de la famille. En effet, les défis socio-économiques, vécus depuis la Révolution, ont exacerbé les problèmes de santé mentale dans la population, rendant le travail des psychologues encore plus nécessaire mais aussi plus difficile.
Actuellement, on estime qu’il y a plusieurs centaines de psychologues dans le pays, et le recrutement dans ce domaine reste dynamique, mais il y a encore du chômage chez ces professionnels. En Tunisie, les psychologues rencontrent encore des défis spécifiques au contexte socio-économique et culturel du pays. D’abord, il y a une certaine mentalité qui empêche le recours aux services d’un psychologue, comme par exemple ces gens souffrant de maladies mentales qui refusent ou hésitent encore à demander l’aide d’un psychologue, par crainte de jugement ou de stigmatisation de la part de l’entourage, sachant qu’une maladie mentale reste un sujet tabou dans de nombreuses régions de la Tunisie.
Ensuite, bien que la demande pour des services psychologiques soit croissante, l’accès à ces services reste limité, surtout dans les zones rurales, là où les ressources et les infrastructures pour la santé mentale ne sont pas toujours suffisantes. De même, beaucoup de psychologues pratiquent dans le secteur privé, ce qui peut limiter l’accès aux soins pour les personnes aux ressources limitées, sachant que dans le privé, les consultations peuvent être coûteuses pour une partie de la population. Malgré tous ces défis, il y a eu des progrès, surtout dans les milieux urbains. De plus en plus de gens prennent conscience de l’importance de la santé mentale. Les jeunes, en particulier, sont plus ouverts pour discuter de leurs problèmes et rechercher de l’aide chez un psychologue.
Le rôle du psychiatre dans la société contemporaine est très important. Mais, malgré leur expertise, les psychologues en Tunisie peuvent parfois être sous-estimés dans le cadre des soins de santé, au profit des médecins généralistes, des médecins spécialistes ou autres professionnels de santé mentale.Il est venu le temps où la société doit témoigner davantage de reconnaissance envers ces professionnels !
Hechmi KHALLADI