La psychiatrie tunisienne esten fête, juste après les résultats du concours national de professorat en médecine. Entre le pôle psychiatrique de Tunis, et celui de Sfax, la psychiatrie a eu sa part de lion avec trois titres de professeur en psychiatrie et deux autres titres en pédopsychiatrie, répartis équitablement entre deux écoles connues et reconnues pour leurs persévérance, pour leur bonne collaboration et pour leur engagement historique dans ‘’ la culture ‘’ de formation des jeunes médecins en milieu hospitalo-universitaire, comme dans de nombreuses sociétés savantes en Tunisie, très ouvertes sur le monde de la psychiatrie internationale.
Une autre performance, de 5/5 soit 100 %, après celle réalisée au dernier concours de résidanat en médecine, où 88% d’admis faisaient partis de ‘’Hraier Tounès ‘’, qui, sur les sillons de la Reine DIDON, continuent à féminiser le corps médical tunisien, et à confirmer l’excellente qualité de leur patrimoine génétique.
Aristote écrivait ‘’ Il n’y a point de génie sans un grain de folie ‘’. Ces femmes génies qui continuent à creuser l’écart, à faire la différence, et à confirmer leur suprématie quantitative et qualitative, ne sont pas une œuvre du hasard, bien au contraire elles sont le produit de labeur de plusieurs générations, qui depuis presque un siècle étaient bien engagées dans un militantisme médico social et scientifique.
Outre la pléiade de médecins français du début du 20ème siècle, bien de générations de médecins psychiatres tunisiens se sont succédées et se sont passées le flambeau de la lutte contre les tenants des explications mystiques, et contre la stigmatisation de la maladie mentale et de la psychiatrie. Ces maîtres qui, contre vent et marrées, se sont courageusement battus, tantôt dans une dynamique conflictuelle, tantôt dans une autre de type constructive, positive et productrice, ont fait des miracles en cultivant des intelligences humaines et des compétences médico-scientifiques en mesure d’honorer la psychiatrie pour une meilleure qualité de vie, et de mettre la patrie au dessus de la chefferie. Ces Maîtres, ces hommes, ces militants, qui étaient derrière ces exploits et ces réussites depuis plus d’un siècle, méritent-ils des félicitations, des remerciements et de la reconnaissance ?.
Si Constantin Virgil Gheorgiu, écrivain romain, dans son livre ‘’ la vingt cinquième heure’’ notait, dans un esprit très philosophique que ‘’ les hommes n’ont le droit de recevoir des félicitations et des remerciements, qu’au moment de leur mort, mais une fois morts ils ne peuvent plus les recevoir, c’est dommage, ils ratent la seule occasion de les mériter ‘’, nous par contre, étant réalistes et reconnaissants, nous disons à ces maîtres, du fond du cœur :
Respects, Respects, Respects. Toute notre reconnaissance et toute notre considération.
Sur vos traces, la génération d’aujourd’hui englobant plus de 400 psychiatres de rangs et de statuts différents, continue à œuvrer pour donner à la psychiatrie tunisienne une place stratégique au cœur des sciences médicales dans et en dehors du pays, et une dimension d’activité associative de qualité : ( à ce jour plus de 10 sociétés savantes continuellement à l’œuvre (STP, ATPEP, STPHU, ATRPN , ARESMS, APEPSS, ATTCC, Jeune Psy , ATPO , etc… continuellement dans une synergie positive).
Le parcours du combattant est encore long. Aux jeunes psychiatres d’aujourd’hui d’œuvrer pour transformer les freins en accélérateurs et pour continuer à dévoiler les secrets des non dits, des tabous et des dogmes, afin de mieux comprendre et mieux soulager des souffrances souvent incomprises de type psychosocial, comme celles de la schizophrénie, la bipolarité, la dépression, etc, sans oublier celles de nos femmes, culturellement voilées, et de nos hommes, aux visages masqués.
En l’absence d’une meilleure exploitation de ces jeunes compétences et en dehors d’une politique de création, d’autres pôles hospitalo-universitaires au service de la santé publique à travers le pays -au risque de me tromper-, cet acquis d’aujourd’hui pourrait se transformer ultérieurement en gâchis.
A nos jeunes professeurs de psychiatrie, si en politique, les slogans de type progressistes disent ‘’ La patrie, avant les partis ‘’, dans l’état actuel des différentes spécialités médicales, je dis bien ‘’ la patrie avant la chefferie ‘’.
La donne a aujourd’hui changé, et le statut du jeune professeur en médecine ( psychiatre ou autre ) est un statut de patriote militant, et non de chef dominant : seul on va vite, ensemble nous irons très loin.
Toutes mes félicitations les plus sincères à mes amies jeunes professeurs admis au concours national de professeur en médecine, dont ceux que je connais dans le domaine de la psychiatrie : Rabaa Zaibi Jomli, Rabaa Zaibi Jomli, Ines Fekih, Lobna Laaribi et Imen Haj Kacem.
Tous mes respects et mes considérations à leurs maîtres et à tous ceux qui ont contribué à leur réussite.
Hédi CHERIF (Sociologue)