Le collectif « La Voix des docteurs chercheurs » a pressé, hier, le gouvernement de fournir un « calendrier précis » pour la régularisation de la situation des titulaires du plus haut diplôme de l’enseignement supérieur au chômage ou qui exercent des fonctions en deçà de leurs qualifications académiques.
« Nous appelons les autorités de tutelle à présenter une feuille de route claire et un calendrier précis pour la situation des docteurs au chômage ou qui exercent des fonctions en deçà de leurs qualifications académiques », a indiqué le collectif dans un communiqué, tout en annonçant l’organisation d’un rassemblement de protestation devant le siège de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), demain, en marge d’une séance d’audition du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Le collectif a également réitéré son appel au recrutement direct (sans concours) des docteurs chômeurs au sein des établissements d’enseignement supérieur et des centres de recherche, ainsi qu’à la publication de l’ensemble des postes vacants dans les diverses universités.
Il a d’autre part appelé à l’abolition de l’ensemble des contrats et des heures de vacation au niveau des établissements de l’enseignement supérieur, et à l’arrêt du rattachement des enseignants du secondaire, des experts et des professionnels.
Les docteurs au chômage ou exerçant des fonctions en deçà de leurs qualifications académiques ont multiplié ces dernières années les actions de protestation pour réclamer leur droit au travail.
Le Président de la République, Kaïs Saïed, a appelé, en juillet 2024, le gouvernement à trouver des « solutions urgentes » au dossier des docteurs chômeurs. Expliquant que ces derniers sont « les victimes de certains choix erronés dont ils paient cher le prix ».
5000 postes d’emploi dans les institutions publiques
Outre le recrutement des docteurs au chômage au sein des établissements d’enseignement supérieur, le Chef de l’État avait annoncé, le 13 février dernier, la possibilité de créer au moins 5 000 postes d’emploi pour les docteurs chercheurs au sein de plusieurs centres et laboratoires de recherche rattachés aux divers ministères. Il avait également ordonné une accélération du processus de recrutement des docteurs au chômage afin de clore définitivement ce dossier, selon un communiqué officiel de la présidence.
Les docteurs chercheurs sans emploi réclament depuis plusieurs années leur intégration directe dans les établissements d’enseignement supérieur ainsi que dans les structures de recherche rattachées aux divers ministères et aux établissements publics (offices et entreprises publiques) et l’ajout de la fonction de docteur-chercheur dans l’organigramme de la fonction publique. Ils revendiquent, par ailleurs, l’élaboration d’un statut particulier du corps administratif titulaire du diplôme de doctorat.
Le nombre de docteurs chômeurs ou occupant des postes inférieurs à leurs qualifications académiques (enseignants vacataires, fonctionnaires, simples agents administratifs, etc.) est estimé à environ 7000. Mais des centaines de nouveaux diplômés viennent grossir chaque année les rangs de ces chômeurs « ultra-diplômés » alors que le nombre de postes à pourvoir dans la fonction publique ne cesse de baisser d’une année à l’autre dans un contexte marqué par de fortes pressions sur les finances publiques et que les entreprises publiques et privées ne recrutent pratiquement pas de détenteurs du plus prestigieux diplôme de l’enseignement supérieur.
Les docteurs chômeurs bénéficient du soutien de la Fédération de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS), un syndicat rattaché à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), et de l’Union générale des étudiants de Tunisie (UGET). Ces deux syndicats estiment que les docteurs sans emploi sont avant tout « des victimes de l’inadéquation entre la formation universitaire et les besoins effectifs du marché du travail, qui a produit des milliers de diplômés hautement qualifiés contraints soit au chômage, soit à des emplois mal rémunérés et dévalorisants ».
L’UGET a également appelé, dans ce même cadre, au lancement d’un dialogue national sur la réforme de l’enseignement supérieur afin d’améliorer l’employabilité des divers diplômes de l’enseignement supérieur.
Walid KHEFIFI
