Il ne se passe plus un jour sans entendre parler de délits de braquage un peu partout dans le pays, à une cadence de plus en plus galopante et inquiétante. Munis de leurs armes blanches, ces délinquants et criminels ne craignent rien ni personne, d’autant plus que la législation, avec des lois et des peines très clémentes, deviennent très peu dissuasives et incapables de mettre fin à ce fléau de plus en plus répandu.
Ce qui s’est passé dans un quartier résidentiel de la ville nouvelle de Kasserine la soirée du dimanche 6 juillet, n’en est qu’un échantillon. Un braquage à l’arme blanche a visé deux personnes accompagnées de leurs enfants. L’agression, d’une extrême violence selon les premières indications, a nécessité l’intervention des secours et le transport des victimes vers l’hôpital universitaire de Kasserine. L’une d’elles a été transférée au service de réanimation en raison de la gravité de ses blessures, tandis que l’autre est toujours hospitalisée dans un état jugé stable.
Aucune information n’a été communiquée à ce stade sur l’état psychologique des enfants présents au moment de l’agression. Il ne s’agit, là, que d’un épisode de ce feuilleton criminel qui ne donne pas l’air de se terminer bientôt.
En dépit de l’indisponibilité, à ce jour, de statistiques officielles sur l’évolution des délits de braquage en Tunisie, surtout ceux commis à l’aide d’armes blanches, le constat est on ne peut plus évident et clair : partout, dans toutes les régions du pays, cette vilaine pratique est devenue quasiment une règle et beaucoup de citoyens en ont déjà été victimes.
La mission des sécuritaires de plus en plus compliquée
Encouragés par une législation qui ne prend pas en considération les graves dangers qu’encourent les citoyens face à ces criminels, les braqueurs passent à l’attaque avec de nouvelles méthodes et des trouvailles capables de paralyser et neutraliser les victimes en quelques secondes. L’usage de plus en plus répandu des armes blanches se voit de manière flagrante dans nos rues où des jeunes et des adultes, armés d’épées ou de couteaux, à bord d’une moto, n’hésitent pas à dépouiller les passants de leurs biens (portables, argent, bijoux…), et gare à celui qui ose s’y opposer car ces braqueurs sont prêts à blesser et parfois même à tuer avant de prendre la fuite.
D’où viennent ces braqueurs ? Cette race de voyous se concentre essentiellement dans les quartiers populaires, là où le chômage, la pauvreté, les mauvaises fréquentations et l’encadrement familial défaillant sont des sources « productrices » de ce phénomène de la délinquance sous toutes ses formes. Et si l’on s’en tient aux chiffres livrés par des sources policières, deux actes de braquage sur trois sont aujourd’hui commis par de jeunes malfrats, dont l’âge varie entre 15 et 18 ans. Ceux-ci, généralement refoulés de l’école, sont prêts à tout faire pour obtenir leur argent de poche et pouvoir acheter de la drogue.
Comment réussissent-ils à acquérir ces armes blanches ? Qui les fabrique ou les cisèle pour qu’elles deviennent aussi tranchantes ? Où sont les cachettes de telles armes ? A priori, il suffit de presser quelques délinquants d’un même quartier pour tirer les réponses à ces interrogations. Or, non seulement ces braqueurs s’en sortent généralement sans trop de dégâts, mais ils reprennent très vite leur « activité » à la recherche de nouvelles victimes à dépouiller.
Et puis, il faut bien avouer que les forces de l’ordre, malgré leur professionnalisme et leur détermination, ne peuvent pas tout faire à elles seules, surtout quand on sait qu’elles souffrent de l’insuffisance de l’effectif face à ce qui se passe partout dans le pays, et celle du parc roulant.
Les lois vont-elles changer ?
La solution au problème est très probablement entre les mains des législateurs. Aujourd’hui, face à cette amère réalité, on ne perd rien à réviser les lois réglementant ces peines, en vue de les alourdir. Car, il est aberrant, voire révoltant de voir un dangereux braqueur en avoir seulement pour… trois mois de prison, en dépit des dégâts désastreux qu’il aura occasionnés à sa victime (balafre sur le visage, biens volatilisés, grosse panique frisant parfois la dépression nerveuse).
D’autres braqueurs, adossés à des avocats chevronnés, profitent souvent de certains vices de forme, ou encore de petites failles dans les procédures, ce qui entraîne leur libération rapide et leur retour dans les rues pour continuer leur « œuvre ».
C’est à ce niveau que tout doit changer. D’ailleurs, on apprend que certains députés à l’ARP ont déposé une proposition de loi visant à durcir les peines contre les vols avec violence (braquages). Le texte prévoit une peine minimale de 15 ans et une peine maximale de 20 ans de prison pour les auteurs de ce type de crimes, notamment en cas d’usage d’armes ou de blessures infligées à la victime.
Quel sort pour cette proposition qui ne peut que réjouir les citoyens ? On le saura bientôt…
Kamel ZAIEM
