« Depuis sa création, l’Agence tunisienne de coopération technique (ATCT) a mobilisé plus de 79 000 coopérants, en plus de la mise en œuvre de programmes de formation dont ont bénéficié plus de 6 500 cadres arabes et africains », a révélé le ministre de l’Économie et de la Planification, Samir Abdelhafidh. À l’occasion de la première réunion du Conseil national de la coopération technique pour l’année 2025, le ministre a souligné que la coopération technique constitue un levier essentiel du rayonnement international de la Tunisie.
Elle a permis à de nombreuses compétences nationales, issues de secteurs variés, de mettre leur savoir-faire au service de pays frères et amis, ainsi que d’organisations et d’institutions financières internationales et régionales.
Inscrite dans une dynamique de révision stratégique, cette réunion marque une étape importante dans l’élaboration d’une stratégie nationale intégrée. Celle-ci vise à valoriser les compétences tunisiennes, à renforcer leur visibilité aux niveaux régional et international, et à positionner durablement la Tunisie comme un partenaire fiable au sein de l’écosystème mondial de la coopération technique.
Mais au-delà des réussites passées, de nouveaux défis se dessinent à l’horizon.
« Le domaine de la coopération technique et la réponse à la demande croissante en compétences nationales posent aujourd’hui un ensemble de défis, notamment celui de trouver un équilibre entre les besoins extérieurs et les besoins internes de la Tunisie en matière de ressources humaines. Cela exige une réflexion approfondie et un dialogue ouvert pour mettre en place une nouvelle stratégie et des cadres innovants permettant de répondre à cette équation », a souligné le ministre de l’Économie et de la Planification, Samir Abdelhafidh.
Dans le prolongement de ces propos, le ministre a salué le succès des compétences tunisiennes opérant à l’étranger, que ce soit dans le cadre de partenariats bilatéraux, trilatéraux ou multilatéraux. Il a mis en lumière l’image exemplaire qu’elles véhiculent des ressources humaines tunisiennes à travers le monde.
Il a également tenu à rappeler l’attention constante accordée par le Président de la République aux Tunisiens de l’étranger. « Le Président de la République, Kaïs Saïed, attache une importance particulière au suivi régulier de leur situation et à la consolidation des liens avec la patrie, dans l’objectif de favoriser leur contribution active au processus de développement national », a-t-il insisté.
Évolution de la coopération technique, un tournant vers l’Europe et l’Amérique du Nord
Par ailleurs, le directeur général de l’ATCT, Mohamed Belaïdi, a précisé dans une déclaration à la Radio nationale qu’au fil des années, la géographie de la coopération technique tunisienne a connu une profonde mutation.
« À ses débuts, la Tunisie concentrait sa coopération sur les pays voisins, comme le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et la Libye, principalement à travers l’envoi d’enseignants. Par la suite, cette coopération s’est étendue aux pays du Golfe. Mais ces dernières années, un tournant s’est opéré : la demande croissante en compétences tunisiennes provient désormais de plus en plus de pays européens et d’Amérique du Nord », a-t-il expliqué.
Les secteurs concernés par cette dynamique sont clairement identifiés. « Parmi les domaines les plus demandés figurent en premier lieu la santé et l’éducation. Le secteur de la santé occupe la première place, avec un nombre important de médecins tunisiens recrutés chaque année à l’étranger. Environ 100 médecins partent ainsi chaque année dans le cadre de la coopération technique », a-t-il précisé.
Le directeur général de l’ATCT a souligné qu’une autre donnée vient illustrer la dimension de cette coopération : « Chaque année, environ 3 000 compétences tunisiennes sont recrutées à l’étranger dans ce cadre, dont près d’un tiers finit par revenir s’installer en Tunisie. Un chiffre qui souligne à la fois l’attractivité des profils tunisiens et leur attachement à leur pays d’origine. »
L’ATCT, pilier public de la coopération technique tunisienne depuis 1972
Ainsi, il a rappelé que l’agence est un établissement public placé sous la tutelle du ministère de l’Économie et de la Planification. Il a précisé que sa mission principale consiste à exécuter la politique de l’État en matière de coopération technique, tout en contribuant activement aux efforts nationaux dans ce domaine.
Rappelant les fondements de cette mission, il a souligné que la coopération technique repose sur le partage des ressources humaines et constitue un puissant vecteur de solidarité, d’échange et de partenariat. L’ATCT, créée en 1972 par la loi n°72-35, a permis, en plus de 52 années d’activité, le placement de plus de 79 000 coopérants et experts à l’étranger, poursuivant sans relâche ses efforts pour valoriser le savoir-faire tunisien à l’échelle internationale.
L’enseignement supérieur tunisien au service de la coopération technique
Outre les secteurs de la santé et de l’éducation de base, l’enseignement supérieur joue un rôle croissant dans la dynamique de coopération technique. Le système universitaire tunisien s’appuie sur une infrastructure diversifiée et en constante évolution. Il comprend, selon les données de l’ATCT, 13 universités, dont une université virtuelle offrant des programmes de formation à distance, ainsi que 206 institutions publiques et 80 établissements privés d’enseignement supérieur. Selon les dernières statistiques du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour l’année universitaire 2022-2023, 260 930 étudiants tunisiens et 4 143 étudiants étrangers y poursuivent leurs études, avec un taux de réussite global de 78,2%.
Dans ce contexte, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a insisté, lors d’une réunion tenue le 30 mai 2025, sur l’importance de renforcer les opportunités de coopération technique, en mettant en valeur la plus-value du savoir-faire académique tunisien à l’international, notamment au sein des universités étrangères. Il a souligné le rôle stratégique des universitaires tunisiens à l’étranger dans le développement de la diplomatie scientifique et académique, contribuant à l’influence et à la notoriété du système universitaire tunisien au-delà des frontières.
Lors de cette réunion de coordination consacrée à l’étude des moyens de soutien à la coopération technique dans le domaine de l’enseignement supérieur, le ministère a annoncé une série d’initiatives destinées à renforcer les liens avec les compétences scientifiques tunisiennes établies à l’étranger.
Parmi ces mesures figure l’organisation de rencontres périodiques avec les enseignants détachés, afin de favoriser l’échange d’expériences et le maintien d’un lien institutionnel actif. Une plateforme numérique sera également mise en place pour permettre une interaction directe et continue entre ces compétences et les établissements universitaires et de recherche tunisiens.
Par ailleurs, le ministère prévoit d’intégrer ces experts dans la vie universitaire nationale en leur attribuant le statut de « chercheur associé » au sein des laboratoires tunisiens, conformément aux dispositions de la circulaire n°29 de l’année 2024.
Nouha MAINSI