Après une première expérience qui n’a pas réalisé ses objectifs, l’IACE a décidé de remettre en service « SOS Ijraat », un outil clé pour débloquer les procédures administratives des entreprises. Cette relance va-t-elle avoir raison des pratiques bloquantes continues de l’administration qui a déjà neutralisé la première tentative ?
Face à la persistance des lourdeurs administratives qui freinent le développement des entreprises tunisiennes, l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) annonce la relance du service « SOS Ijraat », à partir du 15 juillet 2025. Déjà actif entre 2016 et 2019, dans une première tentative qui, malheureusement, n’a pas trop tenu face à la ténacité des pratiques administratives bloquantes, ce service a permis, dans un premier temps, de résoudre avec succès quelques dossiers complexes touchant aux autorisations, formalités douanières ou encore immatriculations, avant de s’essouffler et de jeter l’éponge face à une administration fidèle à ses habitudes et à ses « principes » de tout freiner et orienter vers les bureaux vides.
Cette première plateforme au service des entreprises en difficulté, lancée ce 1er novembre 2016, avait pourtant des allures d’aubaine. Entrepris dans le cadre de l’Agenda national pour améliorer l’environnement des affaires à travers la proposition et la concrétisation des réformes économiques, « SOS Ijraat » a été réalisé grâce à l’appui des plus importantes composantes de la sphère économique (IACE, UTICA, UTAP…). Une première expérience qui n’a tenu que trois ans sans pouvoir s’imposer et changer un état des lieux caractérisé par le blocage et la lenteur.
Et si, aujourd’hui, les ressources financières ne constituent plus un problème pour les jeunes entrepreneurs, grâce à l’effort et aux facilités mises en place par l’Etat, ces derniers vont devoir faire face à de nombreux défis qu’ils méconnaissent : trouver des clients, des bureaux, des partenariats ou des espaces pour s’y installer et surtout pour venir à bout des difficultés et des lourdeurs administratives inutiles et décourageantes qui ressemblent à un parcours du combattant pour tout entrepreneur.
Avec de sincères intentions
Six ans après, la remise en service s’inscrit dans la volonté de l’IACE de soutenir concrètement les entreprises face aux blocages bureaucratiques, devenus un frein majeur à l’investissement et à la croissance.
Dans un contexte économique tendu, où la compétitivité dépend de plus en plus de l’efficacité administrative, « SOS Ijraat » soutient une demande pressante des chefs d’entreprise pour :
- une prise en charge rapide et centralisée des réclamations liées aux lenteurs ou blocages administratifs,
- un accompagnement personnalisé assuré par des experts de l’IACE,
- Une coordination renforcée avec les administrations concernées, une méthode claire, un impact mesurable.
Le service s’appuie sur une méthodologie éprouvée, fondée sur la réactivité, la transparence et un suivi rigoureux des dossiers signalés. Chaque entreprise bénéficiera d’une visibilité sur l’état d’avancement de sa demande et du soutien nécessaire.
A compter du 15 juillet 2025, les chefs d’entreprise pourront accéder à la rubrique dédiée sur le site de l’IACE.
Un formulaire simplifié leur permettra de déposer leur dossier en ligne et d’initier la procédure d’accompagnement.
Repartir du bon pied
De l’avis de tous les experts, s’il y a un espoir de voir l’administration publique sortir de sa crise, c’est bien sûr à travers les réformes nécessaires et la libéralisation des potentiels, ce qui permettrait certainement de regagner la confiance des Tunisiens, mais aussi d’agir contre la corruption, les pots-de-vin et la contrebande. L’administration tunisienne, déjà accablée, est plus que jamais appelée à promouvoir son rendement et garantir à ses programmes l’efficience nécessaire de manière à concrétiser les principes de transparence, d’intégrité et d’équité. Une grande part de responsabilité incombe donc aux fonctionnaires qui sont dans l’obligation d’améliorer leur rendement et de briser les carcans.
C’est dire que cette nouvelle/ancienne initiative vient booster le partenariat public-privé pour améliorer l’investissement et pour encourager la création d’emplois et le développement de l’économie nationale.
Cette démarche est cruciale pour développer le climat des affaires en Tunisie. Il s’agit d’une étape qui nécessitera la mise en place d’autres initiatives visant à simplifier les procédures administratives régissant les activités économiques.
Ces lourdeurs administratives qui continuent à tout bloquer ont été, à maintes reprises, évoquées par le Chef de l’Etat qui les a fermement critiquées, et qui a déploré le fait qu’une réponse à une correspondance prenne des mois. Pour le Président, chaque minute perdue équivaut à une attente prolongée pour les citoyens, une situation qu’il qualifie d’ « inadmissible ».
C’est dire que du moment où les institutions économiques et sociales bougent et réagissent pour créer de nouvelles pratiques administratives, et du moment que l’Etat s’en soucie et déploie des efforts pour y remédier, l’espoir de voir notre administration sortir de sa torpeur est réel. Croisons les doigts pour que ça aille jusqu’au bout.
Kamel ZAIEM
