A la TRANSTU et dans les sociétés régionales de transport, les bus en bonne santé se font de plus en plus rares. Pour y remédier, l’Etat a fait appel à des pays amis pour importer des bus, notamment la France et la Chine, mais ce problème n’aurait pas existé si notre pays avait gardé sa capacité dans le domaine du montage automobile, comme ce fut le cas il y a quelques décennies.
On a eu à le constater avec le nombre croissant de bus avariés qui ont du mal à accomplir leur mission dans les meilleures conditions. De même, à travers les visites inopinées effectuées par le Président de la République au dépôt de Bab Saâdoun, on a pu mesurer l’étendue de ce manque cruel de véhicules bons pour le service avec des centaines de « cadavres » de tôle jetées et totalement endommagées.
C’est que nous sommes arrivés à un stade où le citoyen trouve à peine un bus pour rentrer en plus de la suspension de certaines lignes sans raison convaincante. Tout cela à cause du manque de véhicules au sein d’une flotte qui s’est réduite comme une peau de chagrin.
A titre de rappel, le montage automobile se faisait, il y a des décennies, à la STIA (Société tunisienne de l’industrie automobile) qui a été créée en 1961, juste cinq ans après l’indépendance, ce qui avait constitué à l’époque une première en Afrique et dans le monde arabe. Cette entreprise 100% tunisienne était spécialisée dans le montage de véhicules, notamment des autobus, autocars et véhicules industriels. Elle était également active dans le montage de voitures particulières avant de se concentrer sur les véhicules utilitaires.
L’expérience ne manque pas
Mieux encore, la STIA, de plus en plus performante, assurait le design, la fabrication et le montage des carrosseries d’autobus et d’autocars sur des châssis importés, ce qui lui valut une très bonne réputation en la matière qui lui a ouvert les portes d’une grande coopération avec des marques mondialement réputées.
Cela montre également que la Tunisie, à travers la STIA, avait tout pour devenir une plate-forme pour, dans un premier temps, le montage puis, à long terme, se lancer dans la fabrication de véhicules.
Or, depuis la cession de la STIA, passée sous bannière privée en 2008, le rêve de voir la Tunisie continuer de plus belle dans ce secteur a laissé la place à d’autres orientations et priorités et les événements de 2011 ont clos définitivement ce chapitre. Soit dit en passant, sous le régime déchu, la STIA a été bradée.
Aujourd’hui, le principal souci des autorités est de moderniser le réseau du transport public, qui booste largement l’activité économique du pays. Et c’est pour cette raison que l’Etat a décidé, dans une première étape, d’importer un grand nombre de bus pour renforcer une flotte très peu fournie. Des accords ont été signés avec la France et d’autres, encore plus importants, l’ont été avec la Chine qui est disposée à aider considérablement la Tunisie dans plusieurs secteurs dont le transport public.
Ce dernier contrat vise à renforcer la flotte des sociétés nationales et régionales de transport routier. Selon le secrétaire général du ministère des Transports, Walid Karaani, 260 bus sont destinés aux sociétés régionales du transport, 40 bus pour la Société Nationale du Transport Interurbain et 118 bus pour la TRANSTU.
Aujourd’hui, il est temps de penser à reconquérir ce domaine de montage automobile qui a bien réussi aux Tunisiens pendant de longues années. D’ailleurs, le terrain est déjà balisé pour y arriver un jour.
D’après les experts en la matière, il ne faut pas se contenter d’importer des bus et il va falloir passer la vitesse supérieure pour renouer avec le montage de ces véhicules d’autant que notre pays dispose de compétences et de la logistique nécessaire pour devenir une plateforme desservant même le continent africain.
Cela montre que la Tunisie a tout pour devenir une plate-forme pour, d’abord, le montage puis, dans la foulée, la fabrication de véhicules.
Les opportunités ne font pas défaut
Le marché du montage de véhicules en Tunisie est, en effet, un élément important pour le développement de l’industrie automobile locale et son export vers l’Afrique. La Tunisie a une position géographique stratégique pour servir d’usine de montage et de hub d’exportation vers les pays africains. Il faut savoir, également, que la Tunisie s’est dotée d’un hub africain de transport cargo destiné à l’exportation de produits vers l’Afrique, notamment les composants automobiles et les pièces de rechange.
Comme il faut rappeler que le secteur des composants automobiles est un secteur important pour la Tunisie. Il comprend plus de 200 entreprises, emploie plus de 95.000 personnes et génère un chiffre d’affaires dépassant les 2,4 milliards d’euros, soit plus de 16% des exportations du pays.
En effet, dans notre pays, 42% des éléments constitutifs d’un véhicule sont produits localement, ce qui représente un atout majeur pour les constructeurs et les fabricants de pièces automobiles. Autant, dès lors, en profiter.
Il s’agit d’atouts considérables et encourageants pour relancer cette activité qui nous assurera, au moins, d’éviter la pénurie des bus de transport public, en plus d’autres opportunités qui contribueront même à baisser le prix de vente des véhicules neufs puisque le montage se fera à moindres frais.
Verra-t-on de nouvelles usines de montage automobile s’implanter en Tunisie ? L’opportunité est réelle et le coup est largement jouable.
Kamel ZAIEM
