Les actes d’agression et de violence continuent à occuper une bonne part des préoccupations quotidiennes du citoyen et des forces de l’ordre. Face à un fléau qui ne donne pas l’impression de s’essouffler, l’application de la loi, telle qu’exercée chez nous, ne semble pas freiner les agresseurs, et il va falloir passer la vitesse supérieure pour espérer remettre la sécurité de nos biens publics sur les rails…
Il y a à peine trois semaines, des énergumènes ont attaqué le service des urgences de l’hôpital régional de Kasserine où les dégâts étaient énormes, en plus des séquelles morales et physiques du personnel médical. Il y a eu une enquête ouverte et on a entendu parler de l’arrestation de quatre suspects, mais la suite de l’affaire a été, comme c’est de coutume, quasiment tue.
Pourtant, de tels actes de vandalisme et de violence extrême peuvent servir à prendre les choses en main et à montrer à ceux qui espèrent échapper à la loi et qui n’hésitent pas à commettre d’horribles crimes que l’ère de l’impunité est révolue, ce qui, malheureusement, n’est pas le cas.
Dans ce même registre d’actes de violence, on apprend de la part de la directrice de la communication et des relations extérieures de la Société des Transports de Tunis (Transtu) que 674 actes de vandalisme ont été enregistrés depuis le début de l’année 2025, jusqu’au jeudi 17 juillet, visant les rames de métro et le train de la ligne Tunis–La Goulette–La Marsa (TGM).
Pour plus de détails, ces agressions comprennent des jets de pierres, la destruction de rétroviseurs, le vol de câbles en cuivre, ainsi que d’autres actes de dégradation ayant ciblé les véhicules et les équipements. Et il ne faut pas omettre que ces attaques visent également les usagers de ces moyens de transport public qui subissent des dommages corporels en plus de l’état de frayeur qu’ils ont eu à vivre.
Elle a rappelé qu’en 2024, 1 100 actes de vandalisme avaient été recensés sur le réseau ferroviaire, dont 41 agressions contre des passagers, 44 contre des agents, et le reste visant les infrastructures.
Et la liste est encore plus longue concernant le réseau des bus avec 320 incidents signalés en 2024, causant des dommages à 76 bus, 110 agents et 35 usagers. Durant le premier semestre 2025, 181 actes de vandalisme ont été enregistrés, affectant 73 bus, 64 agents et 19 passagers.
A quoi servent les caméras de surveillance ?
Ce qui est encore plus important dans les propos de la responsable de la TRANSTU, c’est que toutes les rames de métro sont équipées de caméras de surveillance, et que les enregistrements vidéo sont transmis aux postes de police pour permettre l’identification et la poursuite des auteurs, en coordination avec le service de sécurité de la compagnie de transport et la direction de la protection des transports publics relevant du ministère de l’Intérieur.
Ceci veut dire que, logiquement, tous les agresseurs peuvent être facilement reconnaissables, s’agissant d’images qui ne trompent pas. Car, après tout, à quoi servent ces caméras si elles ne dévoilent pas ces hors-la-loi et si ces derniers demeurent intouchables après avoir commis leurs actes ?
Mais ce qui intrigue le plus, c’est de voir le peu de criminels qui finissent dans les filets des forces de l’ordre, bénéficier de verdicts plus que cléments par rapport aux actes commis. C’est au niveau de l’application de la loi que ça grince car de tels individus ne méritent pas une telle indulgence et les lois ne méritent pas de figurer uniquement sur le papier sans en faire usage lorsque la situation l’exige, surtout dans les situations où les citoyens et les biens publics sont en net danger.
La loi est là, mais…
Pour revenir à ces actes de vandalisme rapportés par la TRANSTU, il faut rappeler que les personnes arrêtées et traduites en justice doivent être sanctionnées conformément à l’article 304 du Code pénal qui prévoit jusqu’à trois ans de prison et 1 000 dinars d’amende. La peine peut aller jusqu’à cinq ans de prison et 3 000 dinars d’amende si les dommages sont jugés graves.
Il en est de même des crimes liés au trafic de drogue. La loi est claire et elle prévoit de lourdes peines, mais son application bat de l’aile. A titre de comparaison, signalons qu’en Algérie, les dealers, surtout ceux qui rôdent autour des établissements scolaires, risquent la prison à perpétuité et même la peine capitale pour les cas de récidive.
On ne demande pas autant, mais il faut, au moins, appliquer la loi en vigueur et ne pas hésiter à frapper fort et à l’annoncer pour dissuader les autres criminels en herbe, alors que l’hémorragie continue avec des jeunes qui s’adonnent avec joie à ce « sport favori », et avec des individus et des groupes qui usent de moyens très suspects pour encourager de tels dérapages. Il est clair que les jeunes malfrats sont instrumentalisés par des forces obscures qui veulent indéfiniment entretenir un sentiment d’insécurité.
Kamel ZAIEM
