L’alcool est l’une des premières causes d’accidents et de mortalité sur la route. Il est responsable de 30% de la mortalité routière. Le risque d’être responsable d’un accident mortel est multiplié par 18 chez les conducteurs sous l’emprise de l’alcool. Les accidents causés par l’état d’ébriété sont plus graves que les autres : le nombre de personnes tuées pour 100 blessés hospitalisés est de 23 pour les accidents dus à alcool contre 10 pour les accidents sans alcool. Même à petite dose, l’alcool agit directement sur le cerveau. Raison de plus pour ne pas ignorer ses effets.
Une campagne de sensibilisation a été organisée le weekend dernier à Hammamet pour accompagner les usagers de la route et les sensibiliser aux dangers de l’alcool avec l’utilisation de l’éthylomètre sur les routes et les sorties vers les zones touristiques.
Cette campagne, du reste généralisée sur tout le territoire national, vise avant tout à réduire les conséquences néfastes de la conduite sous l’emprise de l’alcool, non seulement sur la sécurité du conducteur, mais également sur la sécurité des passagers du véhicule et des usagers de la route en général, compte tenu de la propagation de ce phénomène dangereux. Le colonel Chamseddine Adouani, responsable de la coordination au sein de l’Observatoire national de la sécurité routière, a annoncé sur les ondes d’une radio de la place, la généralisation prochaine des tests d’alcoolémie et de dépistage des drogues dans différents espaces publics du pays. Selon lui, la consommation de drogues et d’alcool provoque une perte totale de conscience. «Un conducteur sous l’effet de drogues évolue dans un univers parallèle, il est plus dangereux qu’un conducteur ayant consommé de l’alcool. Pour renforcer ce dispositif, des tests rapides seront déployés, avec des résultats disponibles en 5 à 10 minutes. Ces contrôles ne seront pas limités aux conducteurs, mais s’étendront à d’autres espaces publics, afin de prévenir les comportements liés à l’alcool et aux drogues, comportements qui restent parmi les principales causes d’accidents et d’incidents. La mise en service d’un nouvel appareil de dépistage basé sur l’analyse de la salive, une méthode déjà utilisée dans plusieurs pays, est déjà effective.
30% des jeunes usagers de la route conduisent sous l’emprise de l’alcool
30% des jeunes usagers de la route conduisent sous l’emprise de l’alcool, a fait savoir le colonel Chamseddine Adouani. Il a expliqué que la plupart des accidents nocturnes mortels en Tunisie et dans le monde sont dus à la consommation de l’alcool. «Un conducteur sous l’emprise de l’alcool a moins de chances de survivre à un accident qu’un conducteur sobre», a-t-il précisé. Il est vrai que l’alcool multiplie le risque d’accident de la route par 2 lorsque l’alcoolémie est à 0,5 gr/L de sang , par 10 lorsqu’elle atteint 0,8 gr/L et par 35 lorsqu’elle est à 1,2 gr/L. Plusieurs outils de sensibilisation existent pour aider les jeunes à mieux maîtriser leur comportement face à l’alcool. La communication aide bien souvent, si ce n’est toujours, à débloquer des situations. Il faudrait privilégier un dialogue ouvert avec les jeunes, afin de les aider à comprendre les risques des substances et à prendre des décisions éclairées. L’idée est de créer un climat propice à la discussion et de choisir un moment approprié pour aborder cette question.
Les usagers de la route doivent prendre conscience des dangers que représente la conduite en état d’ivresse, parce qu’un simple moment d’inconscience met leur vie et celle des autres en danger. Rien n’est plus précieux que la vie humaine. D’ailleurs, le ministère de l’Intérieur compte durcir les sanctions en matière de sécurité routière. Selon le directeur de la police de la circulation, Sami Rachikou, un projet d’amendement du Code de la route a été élaboré en coordination avec le ministère du Transport. Parmi les nouveautés annoncées par le responsable, figure le retour au retrait du permis de conduire pour des infractions graves, telles que le franchissement d’un feu rouge ou les excès de vitesse importants. Un nouveau barème des sanctions sera mis en place : un dépassement de la vitesse autorisée de 10 km/h entraînera un retrait du permis pendant un mois. Ce délai passera à deux mois en cas de dépassement de 20 km/h, et à trois mois si la limite est franchie de 30 km/h. Des sanctions plus lourdes sont prévues pour les délits de grande vitesse, notamment lorsque le dépassement excède 50 km/h. Par ailleurs, le projet prévoit la modification de l’article 100 du Code de la route afin de permettre la constatation des infractions à l’aide des nouvelles technologies, notamment les caméras de surveillance.
Kamel BOUAOUINA