Les chiffres concernant le contrôle économique dans nos marchés et commerces pour le premier semestre 20255 viennent de paraître. Ce sont quasiment ceux de l’année passée et les années qui ont précédé. C’est-à-dire que les spéculateurs et les hors-la-loi sont toujours là malgré les sanctions annoncées et que le modèle actuel du contrôle économique doit évoluer pour mieux combattre ce fléau et pour dissuader les fautifs de manière plus efficace…
Au cours du premier semestre de cette année, les équipes de contrôle économique de la Direction régionale du commerce de Tunis ont saisi 172 tonnes de produits, et le gouverneur de Tunis a émis neuf arrêtés de fermeture d’établissements commerciaux. C’est ce que révèle la responsable de la Direction régionale du commerce de Tunis qui a précisé que les produits saisis comprenaient 71 tonnes de ciment, 29 tonnes de farine et 16 tonnes de sucre subventionné.
Les équipes de contrôle économique de Tunis ont également saisi plus de 19 tonnes de pommes de terre, 10 tonnes de céréales, 9 tonnes de semoule alimentaire, ainsi que deux tonnes de fer et 16 tonnes de briques.
Dans le même contexte, 1 176 boîtes de thon en conserve, 50 000 paquets de cigarettes et 10 500 œufs ont été saisis.
Concernant les sanctions administratives telles que les ordres de fermeture, la responsable a expliqué que le gouverneur de Tunis avait émis neuf ordres de fermeture pour des infractions économiques liées à des hausses de prix excessives de produits essentiels et sensibles.
Au cours du premier semestre de cette année, la Direction régionale du commerce du gouvernorat de Tunis a recensé 3 238 infractions économiques suite à 6 523 visites d’inspection effectuées par 950 équipes d’inspection.
Selon la même source, les infractions enregistrées à fin juin 2025 dans le gouvernorat de Tunis comprenaient 950 infractions liées à des hausses de prix illégales, 600 à la facturation, 665 au défaut d’affichage des prix et 300 au refus de vente. Quatre-vingt-dix infractions ont également été recensées pour violation des accords de subventions, ainsi que 111 liées à la qualité des produits et à la possession de balances illégales. De plus, 26 infractions liées à la possession et à la promotion de marchandises d’origine inconnue ont été recensées.
Concernant la répartition des infractions par secteur, la responsable a indiqué que 1 149 infractions ont été constatées dans le secteur des fruits et légumes, 935 dans le secteur alimentaire et 253 dans le secteur des œufs et de la volaille. De plus, 227 infractions économiques ont été constatées dans le secteur des boulangeries et des boissons sans alcool, et 139 dans le secteur du tabac.
Des contrôleurs hyperactifs
Les infractions constatées concernent également le secteur des cafés, avec 209 procès-verbaux émis, ainsi que 128 infractions enregistrées dans le secteur de la vente de poisson et 123 infractions dans le secteur de la viande.
Or, ce sont quasiment ces mêmes chiffres qu’on a retrouvés dans le bilan du premier semestre de l’année passée avec plus de 3 mille infractions et autant de procès-verbaux et de marchandises confisquées.
Ce qui a changé, c’est que le nombre d’agents chargés du contrôle économique a augmenté suite à la décision d’enrôler annuellement 200 agents supplémentaires et ce, depuis 2024.
En parcourant la liste des interventions et des contraventions, on ne peut constater que l’hyperactivité des contrôleurs qui arrivent à toucher un grand nombre de commerçants, mais le fait de voir les mêmes chiffres défiler chaque année montre que rien n’a changé, que les dépassements continuent, que les dérives se poursuivent comme si ces fautifs ne craignaient pas ce contrôle et qu’ils étaient toujours prêts à mettre le prix, assez dérisoire, lorsqu’ils sont pris au filet des contrôleurs, pour se lancer, de nouveau, dans d’autres opérations de spéculation puisque le contrôle ne peut pas arrêter définitivement l’hémorragie et ceux qui contournent la loi finissent souvent par échapper à l’œil des contrôleurs, parfois à moitié ouvert…
Nécessité d’opter pour un meilleur système de contrôle
D’ailleurs, quelques produits alimentaires viennent de voir leurs prix plafonnés ces derniers jours (pomme de terre en particulier). Du coup, ce produit a mystérieusement disparu des étals des marchés pour réapparaître dans les circuits parallèles, et bien évidemment à des prix plus élevés que le plafond annoncé puisqu’il s’agit d’une «denrée rare» à acheter au prix fort !
C’est dire que le modèle actuel de contrôle économique ne semble pas assez efficace pour dissuader les spéculateurs et il va falloir faire beaucoup plus pour inverser la tendance et imposer un meilleur respect des prix aux marchés de la part des commerçants.
Des efforts supplémentaires doivent être fournis pour mieux sensibiliser toutes les parties prenantes à ce phénomène et ne pas se limiter à appliquer les sanctions qui sont loin de décourager ces spéculateurs et escrocs. De même, il va falloir intensifier le contrôle à d’autres niveaux, surtout du côté des grands commerçants du gros, c’est-à-dire des principaux acteurs de spéculation au lieu de les «éviter» et d’aller frapper uniquement du côté des commerçants du détail qui sont, eux aussi, des victimes de leurs fournisseurs.
Kamel ZAIEM
