Par Ezzeddine BEN HAMIDA (parent d’élèves)
L’EIT a été fondée en 1999 par une convention de coopération culturelle, scientifique et technique souscrite entre le Gouvernement de la République Tunisienne et le Gouvernement de la République Française. Elle est donc homologuée par le Ministère de l’éducation nationale de la république française et, par conséquent, elle relève du fameux et tentaculaire réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE).
Comme son statut le stipule, l’EIT est un établissement étatique sous l’autorité du Ministère de l’Éducation tunisien, mais elle dispense un enseignement conforme aux programmes scolaires français. L’Etat en créant une telle structure à destination des enfants, de diplomates et Haut cadres expatriés après le retour de leurs parents de mission, ayant été scolarisés dans le réseau français à l’étranger, avait un triple objectif :
- Permettre à ces enfants et adolescents de poursuivre leur scolarité en toute quiétude et sérénité dans un système qu’ils connaissaient ;
- Faire des économies pour l’Etat tunisien car la poursuite de leur scolarité dans le réseau français avait un coût non négligeable pour les dépenses publiques ;
- Aussi assurer, prodiguer, à ces enfants de la République l’enseignement de la langue arabe et l’histoire de leur patrie.
1- L’EIT serait-elle victime de son succès ?
Le projet a pris son chemin, même prospéré, voire donnée des idées à plein d’autres : Leila Ben Ali, entre autres, avec la création en 2007 de l’Ecole internationale de Carthage dans des conditions d’une opacité invraisemblable, digne d’une république bananière ! Aujourd’hui ce type structure est devenu un commerce très juteux, lucratif et mercantile.
Cette année, l’EIT compte près de 1700 enfants et adolescents contre à peine quelque dizaine au début de son lancement en 1999. A ce jour, près des deux-tiers de l’effectif sont composés de nationaux (enfants des enseignants et du personnel non enseignant exerçant dans l’établissement, enfants de la Haute fonction publique, …) n’ayant pas eu de scolarité à l’étranger dans le réseau français, condition sine qua none, d’après le statut de l’école, pour pouvoir y accéder. Par conséquent, le niveau de la maîtrise de langue française est très hétérogène, pour ne pas dire perfectible pour beaucoup d’élèves. Ce qui s’est traduit par le nivellement par le bas, mais aussi par de nombreux disfonctionnements gravissimes qui vont à l’encontre des principes de l’AEFE et des écoles françaises.
2- L’organisation : un non-sens pédagogique
La nouvelle directrice, Madame Sonia Bedoui, qui vient d’être nommée, a hérité d’une situation chaotique. Difficile d’y remédier en peu temps : Des classes surchargées dépassant de loin les standards français : au CP (cours préparatoire), première classe de l’école élémentaire, on dénombre -tenez-vous bien- 37 élèves contre 24 élèves selon la réglementation française. Certains s’assoient par terre ! Cette surcharge des effectifs touche tous les niveaux ; certains parlent de Terminales à 39 élèves. Les conditions d’apprentissages sont donc inappropriées, inadaptées, pour une réelle et efficace assimilation des savoirs et savoir-faire.
Pire encore, les élèves de l’EIT ont commencé les cours une semaine après les élèves français. L’année dernière, l’école a arrêté les cours dès la première semaine du mois de juin alors qu’en France l’arrêt des cours fut le samedi 5 juillet. Ainsi, nous totalisons 5 semaines pédagogiques par an en moins : 5 semaines de manque d’apprentissage, d’éducation, d’enseignement et de formation. Au total, sur les 5 années du Primaire, nos enfants perdent 25 semaines de cours, soit presque une année de formation (une année scolaire est planifiés selon l’usage sur 35 semaines pédagogiques). Devant une telle dérive le silence assourdissant de l’AEFE nous laisse pantois, sans voix !
Et pour couronner le tout, peut-on oublier les absences récurrentes du personnel enseignant qui causent de sérieux préjudices pour la progression pédagogique des écoliers et des élèves. Aussi, nous notons l’absence de vivier de professeurs remplaçants compétents pour remédier à ces nombreux congés maladies.
3- La communication : une autre carence caractéristique de cette école
Contrairement à leurs homologues français, les professeurs du primaire de l’EIT ne répondent jamais aux demandes de rendez-vous des parents. Aucune communication avec les cadres enseignants. Et pourtant, dans les écoles françaises les échanges avec les parents d’élèves relèvent des missions éducatives des institutrices. En France et dans le réseau de l’AEFE, chaque professeur a l’obligation d’accompagner ses élèves à 12h et à 16h30. Ces moments sont des occasions pour faire passer des brefs messages, en cas de nécessité (maladie, fatigue, faiblesse, …). Ainsi le contact avec l’enseignant est maintenu de manière quotidienne. Nous y tenons, car ce contact met en confiance toute la communauté éducative (professeurs, parents et élèves sans oublier le personnel non enseignant).
Pis, les professeurs ne remplissent pas le cahier de texte qui permet pourtant aux parents de suivre quotidiennement la progression ainsi que le travail à faire par leurs enfants. Le cahier de texte est en effet un bel, formidable, outil d’accompagnement pédagogique.
4- l’hygiène et la sécurité : des soucis supplémentaires
Les blocs sanitaires sont dans un état lamentable ; ils sont sales et ne sont pas nettoyés régulièrement, ce qui présente un environnement propice à la propagation des maladies et des infections.
Pendant la récréation, par manque de personnel, les élèves sont livrés à eux même, ce qui est de nature à favoriser la violence et le harcèlement.
5- L’Association des parents d’élèves devrait se ressaisir
L’Association des parents d’élèves, ce garde-fou censé nous protéger contre certains esprits despotiques et corporatistes, s’est avérée noyautée, jusqu’à la moelle, par les professeurs puisque leurs enfants sont considérés parmi les ayant droit et sont donc scolarisés dans l’institution. En clair, circulez ! Il n’y rien à voir ici !
Il convient donc de commencer par rendre à l’Association sa noblesse pour qu’elle puisse jouer son vrai rôle, à savoir représenter, dans un cadre démocratique et respectueux, les intérêts de nos enfants.
Quelques pistes pour une meilleure école :
- Tripler, voire quadrupler, les frais d’inscription pour se doter substantiellement davantage de moyens et créer ainsi un vivier de professeurs remplaçants et d’assistants, afin de mieux accueillir et encadrer les écoliers et les élèves.
- Organiser des rencontres entre parents d’élèves et professeurs au moins deux fois par ans.
- Rendre à l’institution sa vocation primaire, c’est-à-dire qu’elle soit réservée uniquement et exclusivement aux enfants tunisiens ayant été dans le réseau de l’AEFE à l’étranger, ne plus accorder donc de dérogation ou encore de faux tests à l’entrée, car le niveau de la maîtrise de la langue baisse inexorablement.
- Mieux recruter les professeurs et évitant ainsi la cooptation. Aussi prévoir des plans de formations, de stages, obligatoires pour tous les enseignants pour ainsi mieux valoriser leur carrière et leur rémunération (des primes spécifiques) sans pour autant scolariser leurs enfants.
