En l’espace d’une décennie, le taux de couverture en matière d’accès à l’eau potable en milieu rural est passé de 92,6% à 95,3% à l’échelle nationale, selon les chiffres révélés par la Banque africaine de développement.
Dans son rapport publié le 23 septembre 2025, la Banque africaine de développement a souligné que, grâce au Programme d’alimentation en eau potable en milieu rural, plus de 420 000 Tunisiens ont vu leur quotidien profondément transformé.
«Ce progrès résulte d’efforts soutenus, notamment à travers la réhabilitation des anciens systèmes d’approvisionnement, la mise en place de nouveaux réseaux, ainsi que la réalisation de nombreux forages répartis sur l’ensemble du territoire», a expliqué la Banque africaine de développement dans son document.
ùLe rapport prend pour exemple la délégation de Sejnane, où il cite les déclarations de Aïda Jridi, directrice de l’eau potable et de l’équipement rural à la Direction générale du Génie rural et de l’Exploitation des eaux.
Selon elle, «les efforts et investissements consentis ont porté leurs fruits, comme en témoigne la progression remarquable du taux d’accès à l’eau potable dans les zones rurales de la délégation de Sejnane, passé de 48% en 2015 à 93,5% en 2024.»
Au-delà de cette performance chiffrée, ce progrès s’est traduit par une amélioration tangible de la qualité de vie des habitants. Les ménages bénéficient désormais d’un meilleur cadre de vie et d’une plus grande sécurité hydrique. De plus, la dynamique locale a connu un nouvel élan, avec une économie rurale revitalisée, notamment grâce à la participation accrue des femmes dans les activités productives.
Par ailleurs, le document indique que grâce au raccordement des établissements scolaires au réseau d’eau potable, près de 1 400 écoles ont pu bénéficier de ce service essentiel. «Cette avancée a eu un impact direct sur la vie quotidienne de dizaines de milliers d’élèves, leur permettant d’apprendre dans des conditions plus saines, plus sûres et nettement améliorées, favorisant ainsi un environnement scolaire de meilleure qualité», a indiqué le rapport.
Le Programme d’alimentation en eau potable en milieu rural (AEPR)
En matière de financement, le Programme d’alimentation en eau potable en milieu rural (AEPR) bénéficie du soutien de la Banque africaine de développement, qui y consacre près de 124 millions d’euros. Sa mise en œuvre est assurée par le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, en collaboration avec les acteurs locaux.
Ce programme d’envergure couvre 20 des 24 gouvernorats que compte la Tunisie, parmi lesquels L’Ariana, Béja, Ben Arous, Bizerte, Gabès, Gafsa, Jendouba, Kairouan, Kasserine, Le Kef, Mahdia, La Manouba, Médenine, Nabeul, Sfax, Sidi Bouzid, Siliana, Sousse, Tataouine et Zaghouan.
Il cible en priorité les populations rurales les plus démunies, souvent isolées et dispersées, pour lesquelles l’accès à l’eau potable demeure difficile et coûteux.
Les quatre autres gouvernorats, Tunis, Monastir, Tozeur et Kébili, sont quant à eux déjà entièrement couverts, aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural, grâce à la SONEDE, avec un taux d’accès à l’eau potable atteignant 100%.
Selon la description du programme, celui-ci prévoit la construction de 161 nouveaux systèmes d’alimentation en eau potable (AEP), ainsi que la réhabilitation de 150 systèmes existants à exploitation simple. Parallèlement, sept systèmes complexes seront remis à niveau avant d’être transférés à la SONEDE. Le programme comprend également l’amélioration des conditions de desserte autour de trois axes stratégiques, le Sud de Kairouan, Bizerte et Jendouba.
Cependant, ce programme n’est pas le seul dispositif mis en œuvre par l’État pour améliorer l’accès à l’eau potable en milieu rural. Parallèlement et en collaboration avec ses partenaires, l’État œuvre à raccorder les zones rurales au réseau d’eau potable à travers d’autres initiatives, parmi lesquelles figure le troisième Programme d’alimentation en eau potable (AEP3). Ce projet vise à améliorer les conditions de vie des populations rurales concernées, en assurant l’approvisionnement en eau potable de 153 regroupements ruraux, représentant environ 72 000 habitants répartis dans 14 gouvernorats.
Le programme AEP3 est financé par l’Agence française de développement (AFD), avec un prêt initial de 21 millions d’euros, porté à 71 millions d’euros actualisés pour couvrir l’ensemble des besoins du projet.
Pour atteindre ces objectifs, le programme comprend plusieurs volets complémentaires, l’étude de l’ensemble des systèmes d’approvisionnement en eau potable, l’acquisition des conduites et équipements hydrauliques nécessaires, la pose des canalisations, ainsi que la réalisation des travaux de génie civil, tels que la construction de réservoirs et de stations de pompage.
Il prévoit également l’acquisition, l’installation et la mise en service des équipements électromécaniques des stations de pompage, ainsi que la modernisation des réseaux d’eau afin de garantir une économie de l’eau, une optimisation de la consommation énergétique et la mise en œuvre de systèmes d’information géographique.
Nouha MAINSI
