À l’occasion de la Journée mondiale contre la rage, célébrée chaque année le 28 septembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Tunisie a rappelé que cette maladie virale demeure une menace grave pour la santé publique.
«40% des décès enregistrés concernent des enfants de moins de 15 ans. En s’attaquant directement au système nerveux central, la rage se révèle particulièrement redoutable», a révélé l’OMS.
De son côté, le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a souligné que cette journée constitue une occasion de rappeler au grand public la gravité de la rage et les moyens de prévention. Elle représente également une opportunité pour renforcer la coopération entre les différents acteurs du Programme national de lutte contre la rage, incluant les structures ministérielles, la société civile et les organisations internationales, afin de réussir ce programme et d’atteindre l’objectif mondial partagé, le «zéro décès humain dû à la rage d’ici 2030».
Amélioration des chiffres
La responsable du laboratoire de la rage à l’Institut Pasteur, Mariem Handous, a indiqué que le taux de chiens infectés est passé de 45% l’année dernière à environ 30% en 2025.
Dans une interview accordée à la Radio nationale, elle a confirmé l’enregistrement d’un seul cas de décès lié à la rage en Tunisie jusqu’au mois de septembre 2025.
«Cette amélioration des chiffres est le fruit des efforts de plusieurs parties prenantes, en particulier les ministères de la Santé, de l’Agriculture et de l’Intérieur, ainsi que du rôle joué par les médias dans la sensibilisation aux dangers de cette maladie», a-t-elle souligné.
Une maladie évitable grâce à la vaccination
À ce sujet, l’OMS Tunisie a insisté sur le fait qu’il s’agit d’une maladie entièrement évitable grâce à la vaccination.
«La transmission à l’être humain se fait principalement par la morsure ou la griffure d’un animal infecté, le plus souvent un chien. Elle peut également survenir lorsque la salive d’un animal malade entre en contact direct avec les yeux, le nez, la bouche ou une plaie ouverte. C’est pourquoi la vigilance et la prévention sont essentielle», a expliqué l’organisation.
En cas de morsure ou de griffure, le premier réflexe consiste à laver immédiatement et soigneusement la plaie à l’eau et au savon pendant au moins 15 minutes. Il est ensuite impératif de consulter un médecin. Une prise en charge médicale urgente s’impose également si une plaie a été en contact avec la salive d’un animal.
Concernant les symptômes, l’OMS a précisé que les premiers signes se manifestent généralement par de la fièvre, des douleurs, ainsi qu’une sensation de picotement ou de brûlure autour de la plaie. Progressivement, le virus provoque une inflammation sévère et irréversible du cerveau et de la moelle épinière, entraînant une atteinte du système nerveux central. Une fois les signes cliniques apparus, l’issue est presque toujours fatale.
Par ailleurs, l’OMS Tunisie a souligné que les mesures de prévention de la rage reposent sur plusieurs volets, la vaccination des chiens afin d’interrompre la propagation du virus, la vaccination préventive des personnes particulièrement exposées, et la vaccination post-exposition pour toutes celles ayant été en contact avec un animal suspect.
Ainsi, la sensibilisation du public aux moyens d’éviter les morsures de chiens, ainsi qu’à l’importance d’une prise en charge médicale rapide, constitue un levier essentiel dans la lutte contre cette maladie mortelle.
En ce qui concerne le coût du traitement de la rage, la responsable du laboratoire de l’Institut Pasteur a précisé que, selon les estimations mondiales, le coût de la vaccination des animaux représente environ 10% des dépenses liées au traitement préventif chez l’être humain.
«En Tunisie, le coût du traitement a atteint 21 millions de dinars en 2024. Plus de 150 000 citoyens se sont rendus dans l’un des 360 centres de vaccination mis à leur disposition», a-t-elle révélé.
Une campagne nationale
Il convient de rappeler qu’en août 2025, le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a annoncé le lancement d’une campagne nationale de vaccination contre la rage dans l’ensemble des gouvernorats du pays, prévue du 1er septembre à fin octobre 2025.
«Cette campagne est gratuite et obligatoire. Elle s’inscrit dans le cadre du Programme national de lutte contre la rage (PNLAR)», a rappelé le ministère. Pour garantir une couverture optimale, des équipes ont été mobilisées dans toutes les régions, intervenant à la fois dans les centres de rassemblement des animaux et directement au sein des zones d’habitation.
Par ailleurs et afin de renforcer les efforts de prévention, le ministère de la Santé et la Direction générale des soins de santé de base, en collaboration avec le bureau de l’OMS en Tunisie, ont organisé une rencontre nationale réunissant des représentants des ministères de la Santé, de l’Agriculture et de l’Intérieur.
Cette séance de travail a été consacrée à la présentation des données les plus récentes sur la situation épidémiologique de la rage en Tunisie, tout en mettant en avant la campagne nationale de vaccination.
Nouha MAINSI
