Faute de statistiques officielles récentes, on peut se fier à celles enregistrées par l’Association des Ambassadeurs de la Sécurité Routière (ASR), révélant que «les accidents de la route ont fait 123 victimes parmi les élèves aux abords des établissements scolaires rien qu’en 2023.» Les chiffres sont en constante augmentation puisque 103 enfants ont été victimes en 2021, 115 en 2022 et 123 en 2023. Des chiffres alarmants et ce, malgré l’existence depuis l’année 2000 de la loi sur la limitation de la vitesse près des zones scolaires à 30km/h. Mais cette loi, faite en vue de garantir la sécurité des élèves lors de leurs déplacements, n’est pas strictement appliquée.
La sécurité routière aux abords des écoles est une préoccupation majeure visant à protéger les enfants. Les mesures comprennent souvent des limitations de vitesse, des passages piétons clairement signalés, et la présence d’agents de sécurité ou de bénévoles pour faciliter la traversée des élèves. L’objectif est de minimiser les risques d’accidents et de créer un environnement sûr pour les enfants se rendant à l’école. Des campagnes de sensibilisation, des contrôles de police réguliers et des aménagements urbains spécifiques contribuent également à cette sécurité.
Les écoliers, les plus vulnérables
Qu’ils se déplacent à pied ou à vélo pour se rendre à l’école, bon nombre d’élèves trouvent la mort devant ou sur le chemin de l’établissement scolaire pour diverses causes : d’abord le manque d’attention et la distraction chez ces écoliers en traversant la chaussée et ensuite, l’excès de vitesse de certains chauffeurs qui roulent devant l’école. Ce sont là les deux causes principales à l’origine des accidents parfois mortels devant les écoles. Ces accidents impliquant des élèves peuvent se produire aux alentours de l’école au moment de l’entrée ou de la sortie, tant que certains conducteurs ou motards, souvent bousculés par le temps, passent à toute allure devant l’école sans prendre les précautions nécessaires en matière de sécurité routière près ou devant les écoles.
Toutefois, plusieurs études ont montré que les automobilistes ne seraient pas les seuls responsables des accidents dans lesquels des enfants trouvent la mort. Le comportement des jeunes victimes en est également la cause. En effet, aux abords des écoles, les jeunes enfants ont souvent des comportements différents en fonction de l’âge : ils perçoivent le trafic différemment que par des adultes. Ils ne peuvent anticiper les risques au-delà des véhicules en approche et ont tendance à mésestimer la distance qui les sépare d’un véhicule. Souvent, ils ont des gestes spontanés, sautant du trottoir vers la chaussée, passant la chaussée en courant sans parfois regarder à gauche et à droite, ce qui rend parfois qu’en situation d’urgence, leur temps de réaction est plus long. De même, les élèves adolescents qui font usage d’un vélo sont souvent enclins à enfreindre le règlement au risque d’avoir des accidents graves. Des études ont montré que jusqu’à l’âge de neuf ans, ces jeunes piétons sont les plus exposés aux dangers de la circulation. Quant aux accidents des vélos, ils sont plus nombreux chez les enfants âgé de 10 à 14 ans. Les uns et les autres sont souvent victimes suite à un réflexe tardif ou à une insouciance enfantine toute naturelle. C’est donc aux adultes qu’il appartient d’adapter nos comportements dans pareilles situations.
Initiatives intéressantes
En ce début d’année scolaire, il est judicieux de rappeler les principales décisions à prendre en matière de sécurité routière aux abords de nos établissements scolaires. Certes, les autorités ont fait de leur mieux par le passé pour faire face à cette triste réalité en construisant une infinité de ralentisseurs de vitesse (dos d’âne) et en plaçant des signalisations adéquates qui permettent d’avertir les conducteurs pour qu’ils adaptent leur vitesse en traversant ensuite ces zones avec toute l’attention requise.
Parce que la sécurité routière aux abords des écoles est devenue l’une des préoccupations non seulement du gouvernement mais aussi de plusieurs associations qui mettent de plus en plus la main à la pâte. Les initiatives de l’ASR sont louables dans la mesure où elles tendent à créer des «zones 30» où la vitesse des automobilistes sera réduite à un maximum de 30 km/h pour ne pas heurter physiquement ni blesser le moindre enfant ou élève devant son école ou dans son périmètre scolaire. Cette activité vise à «soutenir la demande de l’Association depuis août 2019, concernant la révision de l’article 5 de l’arrêté n° 151-2000 du 24 janvier 2000 afin d’adopter la mesure qui vise l’obligation de limiter la vitesse maximale à 30 km/h aux abords des institutions éducatives, afin de protéger la vie de nos enfants et de nos jeunes, en particulier sur le chemin de l’école.» Cependant, la sécurité routière aux abords des écoles n’est pas l’apanage du gouvernement ou des associations, mais aussi des enseignants qui doivent sensibiliser leurs élèves aux dangers de la route. Il va sans dire que l’éducation à la sécurité routière fait partie des missions fondamentales de l’école. C’est l’occasion pour les enseignants d’évoquer avec leurs élèves les consignes de sécurité à respecter dès le jeune âge.
Hechmi KHALLADI
