Au-delà des nuisances qu’ils causent, les insectes ou les tiques présentent un risque sanitaire réel : dans certaines conditions, ils sont capables d’héberger et de transmettre des virus, parasites ou bactéries, devenant des « vecteurs » de maladies. Ces insectes vecteurs profitent des mobilités humaines, du réchauffement des températures ainsi que des modifications de nos habitats pour étendre le leur, et le risque associé aux maladies vectorielles augmente mécaniquement.
Les mouches, les moucherons, les tiques et autres insectes peuvent, comme les moustiques, transmettre de nombreuses maladies. Pour s’en prémunir, il est essentiel de connaître les risques liés à sa destination, de se protéger contre les piqûres et, le cas échéant, d’être vacciné. C’est dans ce cadre que le ministère de l’Agriculture, des Ressources en Eau et de la Pêche a appelé tous les éleveurs à faire preuve de prudence et à adopter les mesures préventives nécessaires pour protéger leurs troupeaux et la santé de leurs communautés dans les conditions climatiques actuelles (températures élevées et humidité élevée) favorables à la prolifération des insectes, en particulier les moustiques et les mouches vecteurs de maladies animales transfrontalières.
Elle a recommandé dans ce contexte d’adopter une approche « Une seule santé » qui souligne l’interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale, ainsi que le principe de bien-être animal qui garantit un traitement et des soins appropriés. Elle vise à optimiser la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes, et à trouver un équilibre entre ces dimensions. Elle utilise les liens étroits et interdépendants qui existent entre ces domaines pour créer de nouvelles méthodes de surveillance des maladies et de lutte contre celles-ci. L’approche « Une seule santé » s’applique à un large éventail de questions, notamment : la résistance aux antimicrobiens (RAM), qui se produit lorsque des germes comme les bactéries et les parasites développent la capacité de vaincre les médicaments conçus pour les éliminer et continuent de se développer et de se propager, les zoonoses, qui sont des maladies infectieuses causées par des germes qui se propagent entre les animaux et les humains, comme Ebola, la grippe aviaire, la rage, etc. et les les maladies à transmission vectorielle, qui touchent les personnes piquées par un vecteur (moustiques, tiques, poux et puces) et comprennent la dengue, le virus du Nil occidental, la maladie de Lyme et le paludisme.
Bâtiments d’élevage, c’est l’heure du grand nettoyage !
La désinfection des bâtiments d’élevage est essentielle pour contribuer à limiter la prolifération des bactéries, virus, moisissures et parasites. C’est pourquoi les services vétérinaires appellent à un nettoyage quotidien des lieux d’élevage et de leurs environs pour maintenir un environnement propre et sain pour les animaux, à assécher les eaux stagnantes à l’intérieur et autour des écuries pour éviter la prolifération des insectes, ainsi qu’à éloigner les déchets et les engrais animaux des écuries autant que possible et à les traiter avec des pesticides autorisés. Ils recommandent la nécessité de protéger les animaux des piqûres d’insectes, surtout pendant les périodes nocturnes, en les logeant dans les écuries, en plaçant des moustiquaires aux ouvertures de ventilation et en pulvérisant des insecticides autorisés à l’intérieur des écuries et sur les animaux (en particulier la tête, les oreilles, les membres et le ventre). De plus, il est conseillé de baigner les petits ruminants dans des bassins spécifiques contenant des insecticides autorisés, en répétant l’opération tous les 15 jours ou après chaque pluie, et d’éviter d’acheter des animaux d’origine inconnue qui pourraient être porteurs d’agents pathogènes, tout en contactant immédiatement le vétérinaire en cas d’observation de symptômes inhabituels.
Le ministère a confirmé que la prévention et les soins quotidiens constituent la pierre angulaire de la protection du cheptel national et garantissent son bien-être et sa santé, ce qui a un impact positif sur la santé humaine et la sécurité des produits animaux, dans un esprit de solidarité et de responsabilité partagée entre l’éleveur, le vétérinaire et l’administration. Aujourd’hui plus que jamais, il apparaît urgent et important de prendre en compte conjointement la santé et le bien-être des animaux dans la conception des futurs systèmes d’élevage . La santé et le bien-être doivent être pris en compte simultanément, parce qu’ils sont étroitement liés et interagissent, et parce qu’ils sont des points critiques de l’acceptabilité des systèmes d’élevage par les citoyens et les consommateurs. Cela pose la question des conditions d’élevage permettant de les améliorer conjointement. L’évolution des systèmes d’élevage en vue d’améliorer la santé et le bien-être des animaux doit être envisagée dans le contexte d’une vision plus large de la production animale, dans une optique de multiperformance et de durabilité. Travailler avec les citoyens et les consommateurs à la co-construction d’une vision commune d’un élevage acceptable et respectueux de l’environnement est une tâche importante et urgente où santé et bien-être deviennent des opportunités de changement.
Kamel BOUAOUINA