La Fédération générale des banques et établissements financiers a brandi la menace d’une nouvelle grève dans le secteur d’ici fin décembre, en signe de protestation contre le refus du Conseil bancaire et financier (organisation patronale) d’entamer des négociations sur la majoration des salaires des employés.
«Le Conseil bancaire et financier adopte une politique d’atermoiement et de tergiversation qui bloque le processus de négociations sociales et porte atteinte aux droits des employés d’un secteur censé constituer un modèle en matière de respect de la loi et des conventions régissant les relations professionnelles», a dénoncé la fédération rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) dans un communiqué, indiquant qu’elle prévoit de recourir à des mesures d’escale, y compris une deuxième grève générale sectorielle, pour défendre la dignité des salariés et leurs revendications légitimes.
La fédération a également estimé que les employés des banques et des autres institutions financières font l’objet d’un «acharnement et d’une exploitation de la part du capital national et étranger, sous le regard silencieux du ministère de tutelle qui s’est abstenu d’assumer son rôle en matière de contrôle et de protection, ce qui en fait un partenaire objectif des violations continues dont sont victimes les agents et les cadres».
Salaires, IRPP, inflation
Elle a d’autre part pointé du doigt la détérioration du pouvoir d’achat des salariés sous l’effet combiné de la hausse de l’Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), qui a été instauré par la loi de Finances 2025, et de la flambée des prix dans un contexte d’inflation galopante.
La fédération a aussi appelé le Conseil bancaire et financier à ouvrir des négociations sérieuses sur les diverses revendications des employés dans les plus brefs délais, et les autorités de tutelle à ne pas exclure les employés du secteur de l’application des dispositions de l’article 412 ter du Code du commerce qui prévoit un abattement de 50% des intérêts à taux fixes pour les crédits dont la durée initiale dépasse 7 ans, si les intérêts payés au cours des trois dernières années excèdent 8% du capital restant dû.
Elle a par ailleurs fait état de «pressions», d’«intimidations», de «prélèvements abusifs sur les salaires» et de «sanctions» ayant ciblé plusieurs banquiers qui avaient participé à la première grève générale observée les 3 et 4 novembre dernier.
Grève « encore plus suivie »
«La grève observée début novembre a été très suivie, et une éventuelle nouvelle grève serait marquée par un taux de participation encore plus élevé, car les employés ressentent une grande frustration à cause de la baisse de leur pouvoir d’achat», a précisé Ahmed Jaziri, secrétaire général de la Fédération générale des banques et établissements financiers. Et d’ajouter : «Les salariés des banques, des compagnies d’assurances et des établissements financiers, ainsi que les employés de certains autres secteurs représentent ce qui reste de la classe moyenne, qui constituait naguère l’épine dorsale de la société tunisienne et le principal moteur de la consommation».
Pour rappel, le gouvernement avait augmenté l’IRPP pour certaines tranches de revenus pour mobiliser les ressources nécessaires au budget de l’Etat pour l’exercice 2025. Selon cette mesure fiscale adoptée dans le cadre de la loi de Finances pour l’exercice 2025, les employés des banques appartiennent en majorité aux catégories de contribuables pour lesquels les taux d’imposition sont passés de 35% à 40%, soit de 32% à 36% à partir de l’année en cours, étant donné que leurs salaires imposables dépassent les 40 000 dinars par an. Cela s’est naturellement traduit par des baisses équivalentes à leurs salaires nets.
Walid KHEFIFI
