L’industrie du transport maritime a longtemps été ennemie de l’écologie. Par ailleurs, la transition technologique a entraîné par la même occasion une généralisation des énergies renouvelables, permettant ainsi une baisse considérable des émissions de carbone. C’est ainsi que nous pourrions imaginer (concevoir) le monde maritime en l’an 2050, un monde connecté, autonome et écologique : un monde smart.
Les ports se digitalisent et préparent leur mue pour affronter les défis logistiques et commerciaux du XXIe siècle. Les ports maritimes font face à divers défis, principalement matérialisés par l’avènement technologique et la protection de l’environnement. L’aboutissement de la transition technologique et écologique «Smart» requiert d’une part, une approche anticipative permettant de prévoir les changements susceptibles d’affecter l’environnement maritime et portuaire, et d’autre part une démarche collaborative entre les différents acteurs du secteur. Le développement portuaire durable, vert et intelligent devient une tendance incontournable. Pour atteindre cet objectif, le Fonds mondial pour la nature en Afrique du Nord s’efforce de mettre en œuvre plusieurs solutions pratiques en annonçant le lancement officiel du projet «Ports intelligents sans plastique», lors de la rencontre tenue à Tunis, avec la participation de la Direction générale de l’environnement et de la qualité de la vie, de la Direction générale de la pêche maritime et de l’aquaculture, des institutions nationales, des partenaires internationaux et des acteurs des secteurs maritime et environnemental.
Cette initiative pionnière vise à transformer les ports méditerranéens touristiques et de pêche artisanale en modèles de prévention de la pollution plastique, de circularité et de gestion durable. Rassemblant des institutions nationales, des partenaires internationaux et des acteurs locaux clés, l’événement marque le lancement officiel d’un effort collaboratif dirigé par le WWF, coordonné par l’Université de Rostock et soutenu par le ministère fédéral allemand de l’Environnement (BMUKN) et reflète un engagement international commun à réduire la pollution plastique et à traiter ses impacts sur l’environnement marin et la biodiversité. Les représentants des principales institutions du projet, dont Saba Guellouz, Directrice de la Conservation, WWF Afrique du Nord, Dr Abdallah Nassour, Coordinateur du projet de l’université de Rostock, Susanne Altvater, Représentante du ministère fédéral de l’Environnement, de la Protection de la Nature, de la Sécurité nucléaire et de la Protection des Consommateurs (BMUKN), Ali Cheikh Seboui, Directeur général de la Pêche et de l’Aquaculture au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, et Awatef Larbi Messai, Directrice générale par intérim de l’Environnement et de la Qualité de vie, représentant le ministère de l’Environnement, ont mis en lumière l’urgence de réduire les fuites de plastique provenant des ports, véritables points d’entrée des déchets dans le milieu marin. Leurs interventions ont mis en avant le rôle du projet dans le soutien aux stratégies nationales, l’amélioration de la gestion des déchets portuaires, ainsi que la promotion de l’innovation et de l’engagement communautaire.
Le Smart port de demain
Les ports tunisiens se digitalisent et préparent leur mue pour affronter les défis logistiques et commerciaux du XXIe siècle. Ils font face à la nécessité de s’adapter aux grands enjeux économiques, écologiques et citoyens contemporains : réduction des émissions de gaz à effet, amélioration de l’efficacité logistique, transport multimodal, développement d’une approche collaborative et digitalisée sont autant d’enjeux à prendre à bras le corps. Ce projet de Smart port est une initiative pionnière visant à transformer les ports de pêche et les ports de plaisance en Tunisie et dans la région méditerranéenne en modèles avancés de réduction de la pollution plastique, de promotion de l’économie circulaire et d’amélioration des systèmes de gestion des déchets marins, garantissant ainsi la durabilité des ressources naturelles et la santé des écosystèmes côtiers. Il repose sur un ensemble d’axes principaux, notamment la réduction des fuites de plastique des ports et l’expérimentation et la diffusion de solutions innovantes pour limiter le plastique à usage unique, ainsi que l’introduction de systèmes efficaces de tri et de recyclage des déchets dans les ports, et l’implication des communautés de pêcheurs et des acteurs locaux dans l’adoption de pratiques plus durables. Le projet vise également à renforcer l’échange d’expertises entre les pays méditerranéens et à développer une vision commune pour améliorer la gestion des déchets marins à l’échelle régionale. Lors de la rencontre, un certain nombre d’initiatives locales inspirantes mises en œuvre en Tunisie, telles que «Adopt a Beach», «Zigofiltre» et «Ghost Gear Recovery» ont été mises en lumière. Ces initiatives représentent de véritables histoires de succès et offrent des modèles pratiques sur lesquels on peut s’appuyer à différentes étapes de la mise en œuvre du projet.
Cet atelier a été clôturé par une discussion interactive réunissant gestionnaires de ports, partenaires institutionnels, ONGs, chercheurs et représentants des communautés locales. Cet échange a favorisé une compréhension commune des priorités et des défis, tout en consolidant un engagement collectif pour construire des ports plus propres, plus intelligents et plus résilients dans le cadre du projet Smart port. Ces ports intelligents répondent ainsi à des enjeux économiques pour adapter les infrastructures et leurs services afin d’accueillir un maximum de navires. Le transport, la manipulation, le stockage des marchandises et les activités supports peuvent être rationalisés grâce à de nouvelles solutions technologiques. Ils répondent aussi à des impératifs écologiques. Pour cela, les ingénieurs comptent sur la croissance du big data et de l’intelligence artificielle. Les données collectées permettent de réaliser des économies d’énergie où cela est possible, pour limiter les externalités négatives de l’activité portuaire sur l’environnement.
Kamel BOUAOUINA
